Bébé bilingue, mode d’emploi

Nous n’avons pas toutes la chance d’avoir épousé un bel Américain pour éduquer dès ses premiers pas notre enfant à la langue la plus parlée dans le monde. Pour apprendre l’anglais à nos éponges de moins de 4 ans, plusieurs solutions s’offrent à nous : nounou bilingue, cours à domicile, jeune fille au pair… Les Louves vous aident à choisir.

 

La course à l’enfant parfait a tendance à nous donner des boutons, et plus que le rêve de voir notre enfant sur le tableau d’honneur de la petite section, c’est la crainte de lui insuffler un stress de performance dès le bac à sable qui nous retient de l’inscrire dans toutes les baby-activités de la ville. Si notre génération s’est contentée de Martine et des marionnettes qui “font-font-font”, pourquoi mon enfant s’en sortirait moins bien avec les mêmes armes ?

D’un autre côté, si j’avais 13 ans en 2018, je pense que j’apprécierais de lire Twilight dans le texte, de regarder Game of Thrones sans télécharger de sous-titres, et d’écrire dans un américain presque parfait mes lettres d’amour à Justin Bieber. Le bilinguisme dans le monde des réseaux n’est plus une distinction, c’est une norme.

Pourquoi un apprentissage précoce de l’anglais ?
Et pourtant, « nous sommes en France un pays particulièrement monolingue » rappelle la psycholinguiste Maria Kihlstedt, tandis que d’autres pays moins chauvins ne se formalisent pas à traduire le moindre film de cinéma ou de publicité. Dommage, car si nos petits entendaient plus d’anglais à l’âge des couches, ils prendraient une sacrée avance sur le programme… « Avant 7 ans, l’enfant est dans la période du langage, explique M. Kihlstedt. Il apprend à parler comme il apprend à marcher, non pas pour faire plaisir à ses parents, mais pour pouvoir interagir avec la personne qui est devant lui. Intégrer une deuxième langue précocement lui permet d’acquérir naturellement des réflexes et développe en prime sa mobilité conceptuelle, sa créativité et sa sociabilité. »

Et s’il en perdait son français ?
Il n’est en effet pas impossible que votre enfant, s’il est gardé par une anglophone la majeure partie du temps, débarque un jour à l’école en commençant une phrase en anglais pour la finir en français (fierté des parents…), ou s’emmêle un peu les pinceaux pour construire ses premières phrases en français. C’est grave docteur ? Apparemment non. Des recherches ont montré qu’il n’était pas nécessaire d’avoir la première langue fixée et établie dans le cerveau pour en commencer une deuxième, voire une troisième… « Le retard qu’on croit déceler en français chez les très jeunes bilingues est rattrapé autour de leurs quatre ans. L’important est de savoir que les deux langues ne se disputent pas le même espace dans le cerveau, elles se complètent plutôt et rendent l’apprentissage d’autres langues plus aisé par la suite ». En d’autres termes, l’enfant, créature savante s’il en est, range d’instinct les bons matériaux dans les bons tiroirs.

Comment en arriver là ?
Sur les 9000 heures durant lesquelles un enfant est exposé à sa langue maternelle avant ses 5 ans, il faudrait dégager 1000 heures pour l’anglais, soit environ quatre heures par semaine. En outre les ingrédients pour ouvrir un enfant à une deuxième langue ont leur importance. Il faut un environnement affectif favorable -c’est pourquoi l’intervention à la maison est idéale-, des parents prêts à motiver l’enfant sans le forcer, et surtout une exposition prolongée à la langue sur plusieurs années. Deux solutions s’offrent à vous :
– La nounou bilingue après l’école (lien article)
– La jeune fille au pair anglophone (lien article)

DIY : pour initier soi-même ses bambins à l’anglais
Si vous parlez correctement et souhaitez insuffler un peu d’anglais dans le foyer, instaurez des situations du quotidien où l’anglais est de rigueur : bain, repas, voyages, visites chez des amis anglophones… Choisissez des livres, des chansons et des films faciles en anglais sans sous-titres, et proposez à votre enfant d’échanger sur l’histoire en anglais. N’hésitez pas à répéter ses phrases en anglais pour qu’il les mémorise, même si elles comportent des fautes. Evitez de le corriger, c’est la communication qui doit primer, et non la leçon.

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