Montessori, Freinet, Steiner : quelles différences entre ces pédagogies alternatives ?

Parce qu’il n’y a pas une seule et unique méthode d’apprentissage, de plus en plus de parents se tournent vers des écoles à la pédagogie alternative fondées sur les principes de bienveillance et d’autonomie de l’enfant. Dans ces écoles « différentes », trois grandes méthodes se dessinent : Montessori, Freinet et Steiner. Petite mise au point sur leur philosophie et leurs principes pédagogiques afin de choisir celle qui convient le mieux à votre enfant.

 

Apprendre autrement, susciter la curiosité des enfants et développer leur autonomie : voici ce que proposent en France aujourd’hui de plus en plus d’établissement scolaires, publics ou privés. « Ces écoles à la pédagogie alternative ont à cœur de mettre l’enfant au centre du projet éducatif, de prendre en considération les besoins de chacun », nous explique Sophie Madoun, auteure du livre Les écoles alternatives (éd. Grancher).
Bienveillantes dans leur manière d’aborder l’apprentissage, les écoles Montessori, Freinet et Steiner ont pour point commun de prendre en compte le rythme de chaque enfant, de favoriser l’estime de soi, l’autonomie et le respect des autres. « Dans ces établissements à la pédagogie ‘active’, l’enfant n’écoute pas passivement le professeur. Il est invité à prendre part aux cours et à la vie de l’école. Les élèves travaillent en petits groupes.  Ils sont à l’écoute les uns des autres, ils s’entraident et mutualisent leurs compétences », poursuit Sophie Madoun.
Reposant sur un socle commun de valeurs (le respect de l’enfant, la bienveillance), les écoles Montessori, Freinet et Steiner ont aussi leurs spécificités pédagogiques pour aider l’enfant dans son apprentissage. Voici les grands principes qui distinguent ces trois pédagogies alternatives.

 

Pédagogie Montessori : éveiller sensoriellement les enfants
Première femme médecin d’Italie, Maria Montessori a développé sa pédagogie auprès d’enfants rencontrant des difficultés, avant de l’élargir à tous les enfants de 7 à 16 ans. Pour elle, l’enfant est un être à part entière et autonome. Il est donc primordial, pour qu’il prenne confiance en lui et devienne un adulte épanoui et responsable, qu’on lui permette de faire des choses seul.
C’est dans cette optique qu’elle a créé le matériel pédagogique qui est encore aujourd’hui utilisé dans les classes Montessori. Attrayant, tactile et concret, il permet à l’enfant d’explorer le monde et de se construire. Vaisselle adaptée à sa taille, lettres rugueuses, tablettes de couleur… Grâce à ce matériel, l’enfant conçoit les leçons qu’on lui enseigne à travers les sens comme la vue, l’ouïe, le toucher. Impliqué dans le processus d’apprentissage, il se développe à son rythme, sans stress ni pression.
Il existe aujourd’hui en France une soixantaine d’écoles agréées par l’Association Montessori de France (AMF). Les enfants sont répartis dans les classes en petits groupes (15 élèves maximum) selon trois tranches d’âge : 3 à 6 ans, 6 à 9 ans et 9 à 12 ans.
Lecture conseillée :L’Enfant de Maria Montessori, éditions Desclée De Brouwer
Pour en savoir plus sur la pédagogie Montessori : www.montessori-france.asso.fr ; www.montessori.fr

Pédagogie Freinet : apprendre en expérimentant
Élaborée par le Français Célestin Freinet, cette pédagogie offre à l’enfant un rôle actif dans son propre apprentissage. Il n’est plus question de lui inculquer un savoir qu’il intègre passivement et sans passion. Pour le motiver et l’aider à réussir, il doit être pleinement intégré à l’élaboration des leçons, à l’organisation de la classe et de l’école. La pédagogie Freinet repense aussi le rôle de l’enseignant : sa place n’est plus au tableau pour « faire la classe » aux élèves, mais au milieu d’eux pour les guider et les encourager.
Célestin Freinet ne croit pas aux savoirs empiriques. Pour le pédagogue, on apprend à lire, à écrire et à compter comme on a appris à marcher : en expérimentant et donc en se trompant. L’échec n’est plus vécu comme tel par l’enfant : il s’agit simplement d’une étape de plus vers sa réussite. Vraiment impliqués dans le processus d’apprentissage, les enfants participent régulièrement à des « classes ateliers » et des « classes promenades », tiennent un journal scolaire, font du théâtre ou de la danse. L’objectif : développer leur sensibilité pour les aider à apprendre.
Une vingtaine d’écoles Freinet existent en France. Elles accueillent des élèves de la maternelle et du primaire.
Lecture conseillée :Une école Freinet : Fonctionnements et effets d’une pédagogie alternative en milieu populaire d’Yves Reuter, éditions L’Harmattan
Pour en savoir plus sur la pédagogie Freinet : www.icem-pedagogie-freinet.org

Pédagogie Steiner : ouvrir les enfants au monde
Pour Rudolf Steiner, l’enfant n’est pas une page blanche. Il faut le considérer « dans sa globalité avec un corps, une âme et un esprit », explique Sophie Madoun. L’école a donc comme mission de l’aider à apprendre, mais toujours en attisant sa curiosité et en respectant son rythme.
Contrairement à l’éducation traditionnelle, qui considère la lecture, l’écriture et le calcul comme les principaux savoirs à inculquer à l’enfant, la pédagogie Steiner met l’accent sur l’enseignement artistique et corporel. En apprenant à jouer d’un instrument ou en faisant du théâtre, les enfants développent leur intelligence émotionnelle et leur créativité. Jusqu’à l’âge de 7 ans, l’apprentissage se fait surtout par le jeu. Vient ensuite l’enseignement des fondamentaux, comme la grammaire et les mathématiques pour lesquels l’enfant est invité à trouver les solutions par lui-même. « L’enfant doit apprendre à avoir confiance en lui, en ses intuitions, au monde, à ouvrir son esprit », développe Sophie Madoun. L’accent est aussi mis sur les voyages, avec de nombreux échanges scolaires à l’international. On recense en France 22 écoles appliquant la pédagogie Steiner, dont 3 sous contrat avec l’Etat.
Lecture conseillée :La méditation sur le grain de blé de Rudolf Steiner dans Ecologie spirituelle (choix de textes), éditions Triades
Pour en savoir plus sur la pédagogie Steiner : www.steiner-waldorf.org

Merci à Sophie Madoun, auteure de Les écoles alternatives. Montessori, Freinet, Steiner… Les pédagogies de la bienveillance, aux éditions Grancher.

Charlotte Arce

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