Prénoms de fille : quand la poésie nous inspire

La littérature française regorge de muses et de grandes dames ayant inspiré les plus grands poètes. Ronsard, Rimbaud, Apollinaire ou Aragon ont fait passer par leur poésie quelques jolis prénoms de fille à la postérité, voici nos favoris.

 

Olive
Pour imiter le père de la poésie amoureuse, l’italien Pétrarque et sa Laure, Joachim du Bellay s’invente une maîtresse imaginaire et idéale pour son recueil de sonnets, qu’il baptise L’Olive. Il y met en scène un amour presque mystique, Olive incarnant une sorte de perfection de beauté poétique et métaphysique.

Elsa
Il advint qu’un beau soir l’univers se brisa 
Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent 
Moi je voyais briller au-dessus de la mer 
Les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa
Extrait du poème « Les Yeux d’Elsa », Louis Aragon

La compagne de Louis Aragon, Elsa Triolet, avec qui il vécut jusqu’à la mort de celle-ci en 1970, lui a inspiré plusieurs recueils comme Les Yeux d’Elsa en 1942 et Le Fou d’Elsa en 1963.

Éloa
On vit alors du sein de l’urne éblouissante
S’élever une forme et blanche et grandissante,
Une voix s’entendit qui disait : « Éloa ! »
Et l’Ange apparaissant répondit : « Me voilà. »
Extrait de Éloa, Chant 1, Alfred de Vigny

Le poète romantique Alfred de Vigny consacre trois Chants de ses Poèmes antiques et modernes, à l’histoire et au drame d’Éloa, une sœur des anges qui éprouve de la compassion pour son frère Lucifer, isolé et révolté contre Dieu.

Cassandre
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Extrait de l’Ode à Cassandre, Pierre de Ronsard

Le célèbre poème Ode à Cassandre est composé en 1545 par Pierre de Ronsard juste après sa rencontre avec l’Italienne Cassandre Salviati. Le poète, alors âgé de 20 ans, s’exprime sur la jeunesse qui passe comme la vie d’une fleur.

Hélène
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
« Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle ! »
Extrait des Sonnets pour Hélène, Pierre de Ronsard

Dans les Sonnets pour Hélène, Pierre de Ronsard s’adresse à Hélène de Surgères, une protégée de la reine Catherine de Médicis, pour la consoler de la mort de son amant. Il y fait l’éloge de sa beauté et la compare à la grande héroïne de L’Iliade d’Homère. Il l’encourage, comme Cassandre, à profiter du présent de sa jeunesse et fait référence au célèbre adage du poète latin Horace : « Carpe diem » (« Cueille le jour »).

Laure
« Laure, célèbre par sa vertu et longuement chantée par mes poèmes, apparut à mes regards pour la première fois au temps de ma jeunesse en fleurs, l’an du Seigneur 1327, le 6 avril, à l’église de Sainte-Claire d’Avignon, dans la matinée. » Pétrarque

Inspirant la poésie lyrique pour des générations de poètes, Pétrarque est passé à la postérité avec le Canzoniere, recueil consacré à son amour pour Laure de Sade. Son coup de foudre pour la jeune fille de 17 ans fit naître une esthétique du chant amoureux qui transforme la femme aimée en figure idéale, que l’on nomme toujours aujourd’hui « pétrarquisme ».

Léopoldine
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Extrait du poème Demain dès l’aube, Victor Hugo

Dans le poème Demain dès l’aube, Victor Hugo s’adresse à sa fille Léopoldine, tragiquement décédée par noyade en 1843 à Villequier (Seine-Maritime) à l’âge de 19 ans. Fortement marqué par ce deuil, le poète écrit plusieurs poèmes à la mémoire de sa fille : dans le quatrième livre des Contemplations, il tente même d’établir une sorte de dialogue avec celle-ci au-delà de la mort.

Jeanne
Moi qu’un petit enfant rend tout à fait stupide,
J’en ai deux ; Georges et Jeanne, et je prends l’un pour guide
Et l’autre pour lumière, et j’accours à leur voix, (…) “

Extrait du poème, Georges et Jeanne, Victor Hugo

Victor Hugo écrit plusieurs poèmes mentionnant les prénoms de ses petits enfants, Georges et Jeanne, qu’il recueille après la mort de leur père Charles Hugo en 1868. Dans L’art d’être grand-père (1877), recueil lyrique, l’écrivain et homme politique se dévoile en grand-père attentionné.

Suzon
Adieu, Suzon, ma rose blonde, 
Qui m’as aimé pendant huit jours ; 
Les plus courts plaisirs de ce monde 
Souvent font les meilleurs amours.
Extrait du poème Adieux à Suzon, Alfred de Musset

Publié pour la première fois en 1852 dans la Revue de Paris, le poème Adieux à Suzon a ensuite rejoint le recueil Poésies nouvelles. Suzon était la fille du préfet des Vosges, M. de la Bergerie, à qui Alfred de Musset avait rendu visite en 1845.

Elvire
La femme aimée par Lamartine s’appelle en réalité Julie Charles, mais il choisit, par romantisme ou pour préserver son anonymat de femme mariée, de la nommer Elvire dans ses poèmes. Son décès deux ans après leur rencontre lui inspire l’écriture de son célèbre recueil : Méditations poétiques.

Lou
Je pense à toi mon Lou ton cœur est ma caserne
Mes sens sont tes chevaux ton souvenir est ma luzerne
Le ciel est plein ce soir de sabres d’éperons
Les canonniers s’en vont dans l’ombre lourds et prompts
Extrait du poème Je pense à toi, Guillaume Apollinaire

L’aviatrice Louise de Coligny-Châtillon fut l’amante et la muse de Guillaume Apollinaire entre 1914 et 1915. Leur correspondance faite de lettres et de poèmes d’Apollinaire fut publiée en partie par Louise après sa mort en 1947 sous le titre Ombre de mon Amour, puis Poèmes à Lou.

Pénélope
L’héroïne de l’Odyssée d’Homère est devenue le symbole de la fidélité et de la constance amoureuse. Durant les vingt années que dure le voyage d’Ulysse, elle rejette les cent quatorze prétendants qui se pressent pour l’épouser et s’emparer du trône d’Ithaque. Comme le rusé Ulysse, elle imagine plusieurs subterfuges pour éluder les demandes en mariage dont le plus connu est celui de la toile : elle explique qu’elle ne pourra pas se marier tant qu’elle n’aura pas achevé une tapisserie qu’elle file et défait chaque soir pour la recommencer au matin…

Ophélie
Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles…
– On entend dans les bois lointains des hallalis.
Extrait du poème Ophélie, Arthur Rimbaud

Dans Ophélie, Arthur Rimbaud convoque le personnage de la tragédie d’Hamlet, de Shakespeare. Rejetée par Hamlet qui cherche à rendre crédible sa folie simulée, elle devient elle-même folle suite à la mort de son père et est retrouvée morte noyée dans un ruisseau.

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