Slow parenting : et si on ralentissait un peu ?

Il m’est arrivé plus d’une fois de me retrouver effarée devant la lecture de certaines interviews de mamans, qui détaillent sans ciller l’emploi du temps de leurs enfants, plus chargés bien souvent que mon propre agenda de jeune maman chef d’entreprise. Leçons de piano le samedi matin, cours d’anglais le lundi soir, gym le mercredi après-midi, auxquels s’ajoutent visites culturelles, voyages, sorties au théâtre… 

Si une partie de moi a un pincement au cœur en pensant à l’agenda de ma propre fille qui en comparaison semble désespérément vide (j’ai tout de même la fierté d’avoir décroché un cours de baby gym le mercredi après-midi…) une autre ne peut s’empêcher de se réjouir de ce temps libre que je lui offre, de ce droit à l’insouciance et à l’ennui pour lequel nous avons opté avec son père.

Pour une enfance plus simple
Apprendre à s’ennuyer, tout un art que l’on n’est jamais trop jeune pour développer… Tracy Gillett, maman et auteure du blog Raised good, dans un récent article publié sur le Huffington Post intitulé « Une enfance plus simple pourrait protéger nos petits contre les troubles psychiques » l’explique bien : « Tout naturellement, en tant que parents, nous voulons offrir à nos enfants le meilleur pour bien démarrer dans la vie. Nous considérons que si un peu, c’est bien, alors plus, c’est forcément mieux. Ce qui n’est pas nécessairement le cas. Nous les inscrivons donc à une multitude d’activités, remplissons leurs chambres de livres, d’appareils et de jouets éducatifs, du sol au plafond (un enfant occidental possède en moyenne plus de 150 jouets!). Devant une telle quantité de choses, les enfants sont aveuglés et submergés par la variété des choix », relate l’auteure. Résultat ? « Quand ils se sentent submergés, ils perdent les précieux moments de loisir dont ils ont besoin pour explorer, réfléchir et évacuer la tension. Un excès de choix compromet le bonheur, car il réduit les moments d’ennui qui stimulent la créativité et l’apprentissage autonome. »

On se rassure comme on peut
Comment expliquer ces journées de ministres que l’on impose à nos enfants ? Que se sent-on obligées de compenser avec ces activités et sollicitations permanentes ? Nous, jeunes mamans, répondons au quotidien à toutes sortes d’injonctions, pour être la mère parfaite et savoir tout concilier sans culpabilité. Lâcher prise ? Vous n’y pensez pas, ce serait accepter de perdre le contrôle et une preuve de manque d’implication. En tant que jeune maman, on a peur (du regard des autres, de mal faire, de ne pas assez faire…) et on se rassure comme on peut, en se disant que l’on donne les meilleures armes à ses enfants pour affronter la vraie vie. Que cela nous réconforte est une chose. Mais si finalement ces armes que l’on croit donner à nos enfants ne les servaient pas autant qu’on l’imagine ?

Basculer du côté slow…
Les psychologues du développement et pédopsychiatres sont de plus en plus nombreux à s’inquiéter de voir de nouvelles générations sur-couvées, avec des enfants à qui l’on refuse le droit d’aller acheter du pain seul au bout de la rue, qui ne trouvent pas le temps de s’ennuyer, qui sont toujours sollicités, à qui l’on met entre les mains un écran ou un jeu éducatif dès les premiers signes d’ennui…
Rêver, rêvasser, imaginer, penser, faire une pause… Ce serait finalement le vrai et seul luxe à offrir à nos enfants, ainsi que le meilleur moyen de cesser de s’imposer une pression inutile en tant que parent. Repensons le timing de notre quotidien, basculons du côté « slow » de la force : c’est la meilleure façon de déconnecter soi-même et de permettre à ses enfants de se construire et de les laisser devenir qui ils sont.

M. R.

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