Les vacances sans les enfants, on ose ?

Les doigts de pieds en éventail, un livre à la main, un Perrier frais (ou un verre de rosé, on ne fait pas les difficiles) dans l’autre, au bord de la piscine ou les pieds dans le sable : jolie image d’Epinal des vacances. Mais la réalité nous rattrape vite : entre deux étalages de crème solaire mouvementés, une recherche désespérée d’un arrosoir perdu dans le sable, une bataille sans fin pour faire tenir un chapeau sur une petite tête, les grasses matinées avortées, les apéros limités dans le temps pour cause de baby-sitter hors de prix, le douzième tour de manège et la virée au marché local qui devient aussi agréable qu’un plein de courses au supermarché à 18h, on se surprend parfois à rêver : et si la prochaine fois on partait en vacances sans les enfants ?
Ce qui m’a mis la puce à l’oreille ? Un reportage récent sur le développement des clubs de vacances qui assument clairement leur positionnement « no kids allowed » ou « kids free ». Eldorado des célibataires, des couples sans enfants, des retraités, mais aussi, plus surprenant, des parents eux-mêmes… Ainsi, ils seraient nombreux à se débarrasser de leur encombrante progéniture pour filer sous les Tropiques, profiter de leur lit king size, des cocktails les pieds dans l’eau et rattraper leur retard en librairie. Mon premier réflexe ? M’offusquer, bien sûr : on ne fait quand même pas des enfants pour ne pas profiter d’eux lors de nos trop rares vacances et ne pas partager ces moments précieux tous ensemble. Si ? Et puis très rapidement je me suis surprise à visualiser la chose un peu plus en détails, et autant le dire d’emblée, des détails qui se sont avérés plutôt séduisants… J’ai vu des dîners en amoureux comme nous n’en avons plus ou rarement, des siestes au soleil sans fin, des lézardages sans se soucier de l’heure qu’il est, des nuits vraiment reposantes, un décrochage réel de tous les petits soucis et sources de stress du quotidien… À deux doigts d’être convaincue, j’ai exposé ces débuts de rêves de maman sans enfants à ma propre mère, pensant trouver en elle une alliée. Au contraire, elle me répond outrée : « Et puis quoi encore ? Avec nos vies de femmes actives on voit déjà assez peu nos enfants toute l’année, si c’est pour ne plus passer de temps avec eux pendant les vacances, pourquoi fonder une famille ? Et puis j’imagine que c’est moi qui les garde dans ces cas-là ? », m’assène-t-elle. Certes, tout un aspect logistique m’avait échappé…

Des vacances sans les enfants, une fausse bonne idée ?
Quelques jours plus tard, je fais quand même glisser une conversation entre jeunes mamans sur ce sujet, évoquant la tentation de vacances « child free ». Nous sommes d’une autre génération que celle de nos mères, nous vivons notre maternité différemment, notre approche de la famille et du couple évolue… Je surprends chez chacune des femmes autour de la table la même réaction : outrées d’abord, rêveuses ensuite. Et puis Marie, mère de trois enfants, nous confie : « on en a souvent rêvé avec mon mari, et finalement cette année, on a enfin passé le cap à Pâques. Nous avons dispatché nos enfants chez les grand-mères et les marraines et nous sommes partis deux semaines. Les premiers jours ont été fantastiques, on était sur un nuage ! Mais autant te dire qu’au bout de 3 jours, c’était l’angoisse, ils nous manquaient tellement, j’ai passé le reste du séjour à me retenir de les appeler plusieurs fois par jour et à être frustrée de vivre toutes ces supers expériences sans eux. On est rentrés en se disant : plus jamais ». Des vacances sans les enfants, une fausse bonne idée alors ? Et si on commençait pas des week-end sans eux, histoire de tâter un peu le terrain ? Deux ou trois jours de liberté pour commencer, c’est déjà pas mal, non ?

M. R.

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