0-3 ans : « La confiance en soi se cultive dès la naissance »

Valoriser son enfant, lui apprendre à communiquer, interagir avec lui : la confiance en soi se développe et se cultive dès la naissance et au quotidien, à travers la connexion parent/enfant. On a posé toutes nos questions sur le sujet à Josette Serres, docteure en psychologie du développement spécialisée dans le développement cognitif du nourrisson, avec la complicité de Stokke, marque scandinave de mobilier pensé pour les tout-petits.

Quand le bébé commence-t-il à avoir conscience de sa personne ?

Les études montrent que les bébés ont conscience d’être vivants dès la phase in utero, puis qu’ils ont conscience de leur corps dès la naissance. Ensuite, le bébé va petit à petit prendre conscience qu’il peut manipuler le monde, produire des effets sur son environnement : quand il tape un objet, ça fait du bruit, quand il lance un objet, il tombe, quand il émet un gémissement, sa maman réagit…

Quand l’enfant prend-il conscience des autres qui l’entourent ?

 Il prend rapidement conscience de la présence d’adultes autour de lui, mais la conscience des enfants autour de lui (en crèche par exemple) prend un peu plus de temps, cela arrive généralement vers 18 mois. En effet, avec les adultes l’interaction n’est pas au même niveau : il y a un expert et un novice, l’enfant apprend avec un adulte qui le comprend. En revanche quand il se retrouve avec un autre enfant, ils n’ont pas forcément les mêmes modes de communication, et il faut apprendre à s’adapter aux compétences de la petite personne que l’on a en face de soi. En crèche, tous les enfants sont à des niveaux de compétence différents, cela demande à chaque enfant de tester tous les autres un par un ! C’est d’ailleurs pour cela qu’on préfère les petits groupes.

Et vers 3 ans, il y a une autre étape clef : l’enfant découvre que les autres ne pensent pas comme lui…

Oui, c’est la théorie de l’esprit : un passage clef dans le développement de l’enfant où il découvre que les autres ont des pensées différentes des siennes. C’est une période très égocentrique (« si j’ai envie de jouer à la petite voiture, évidemment mon copain aussi, si je veux manger une carotte, l’autre aussi ! »). On découvre alors que le monde social est fait d’individus qui pensent différemment.

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Comment accompagner nos enfants ? Comment leur donner confiance en eux ?

Il faut intégrer l’enfant à notre système de communication et lui envoyer des signaux qui le rassurent sur le fait qu’il fait partie du groupe et qu’on comprend ce qu’il nous signifie. Si depuis la naissance son environnement a bien répondu à ses sollicitations, cela le rassure sur le fait qu’il a un certain pouvoir, qu’il est capable d’exprimer quelque chose et de se faire comprendre : c’est ça qui permet de développer sa confiance en soi. La confiance en soi est déduite, ça se cultive dès la naissance.

En pratique, comment cultiver cette confiance en eux au quotidien ? 

Il faut jouer avec son enfant, en prenant la position de l’éducateur : il faut mettre l’enfant dans une situation où il ne sera pas perturbé par des facteurs dérangeants (comme le bruit), lui montrer qu’on s’intéresse à ce qu’il fait, le laisser faire des erreurs et lui montrer qu’on est là pour l’accompagner.

3 consignes importantes :

  • Donner les bonnes conditions pour que l’enfant découvre quelque chose (installez-vous au calme, avec peu de sollicitations extérieures)
  • Ne pas faire à sa place
  • Ne pas lui expliquer qu’on sait faire et pas lui !

Il ne faut surtout pas hésiter à être dans l’encouragement, la valorisation de l’effort. Par exemple quand votre enfant a fait un dessin, peu importe le résultat, ce qui est important et ce qu’il faut valoriser c’est qu’il a réussi à faire quelque chose par lui-même.

Avec ce que les neurosciences nous disent sur les apprentissages, on sait désormais que le rôle de l’adulte est de valoriser l’enfant, de le gratifier et surtout de ne pas le punir. La punition est la pire des choses pour un apprentissage : si on punit, on inhibe un comportement et l’enfant n’aura pas appris quelque chose. Or souvent quand l’enfant fait quelque chose de travers, c’est une erreur, et non une bêtise : si la tour de cubes tombe, c’est une erreur drôle, mais si l’enfant renverse un verre d’eau, on lui dit que c’est une bêtise, alors que c’est aussi une erreur ! Le mieux c’est d’expliquer à son enfant en recommençant. Tout est apprentissage, et cela se fait par répétition. La confiance en soi viendra avec l’idée que l’on a cru en moi, et que l’on m’a donné des occasions de rectifierce que j’ai mal fait.

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Retrouvez l’interview d’Audrey Fitzjohn, photographe et blogueuse, dont les photos illustrent cet article, par ici. Elle nous y parle de ses astuces pour nourrir la connexion parent-enfant et de ses petits rituels en famille depuis qu’elle a quitté la Nouvelle-Zélande pour la France il y a quelques mois…

Réalisation Stokke x Les Louves 
Crédit photo Audrey Fitzjohn

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