Ce sont des questions que nos parents se sont à peine posés. Nos premiers téléphones portables n’envoyaient que quelques SMS chaque mois et notre temps de forfait était limité… Désormais connectés et tout-puissants, très utiles aussi pour joindre nos enfants et les rendre plus autonomes, les smartphones représentent un nouveau défi éducatif pour nous, parents. À quel âge peut-on leur mettre cet écran dans les mains, sans craindre l’hyper connexion et les dérives sur les réseaux sociaux ? Quelles règles instaurer pour encadrer et limiter l’utilisation du smartphone chez nos collégiens ? On a demandé aux expertes fondatrices de la plateforme IAMSTRONG, psychologues et coachs pour les ados et leurs parents, de nous éclairer.
Le sujet du smartphone est-il une préoccupation fréquente des parents que vous accompagnez ?
Oui cela concerne une très grande majorité d’entre eux pour ne pas dire la totalité… Chez IAMSTRONG, nous sommes régulièrement contactés pour aider les parents et les jeunes sur cette question de l’utilisation du smartphone ou des écrans plus largement.
Que répondre aux parents qui se demandent quand c’est le bon moment, ou le bon âge, pour équiper leur enfant ou ado d’un smartphone ?
Grande question ! L’âge auquel on peut offrir un téléphone portable à son enfant dépend bien sûr de divers facteurs, mais un bon point de départ est généralement à l’entrée de la 5ème vers l’âge de 12 ans. À cet âge, les enfants commencent souvent à se déplacer de manière plus indépendante.
En revanche, qui dit téléphone, ne dit pas forcément réseaux sociaux. On peut lâcher sur le smartphone mais en limiter l’utilisation. Pour les réseaux sociaux, l’idéal, même si ce n’est pas facile, est d’attendre 15 ans, l’âge légal de la majorité numérique requis par la loi en France pour créer un compte seul.
En tant que parents, on est tiraillés entre notre envie de retarder un maximum le moment de leur mettre un écran dans les mains, et la peur de les isoler de leurs copains du collège déjà équipés…
Oui c’est pour ça que nous estimons que l’année de 5ème, vers 12 ans, est un moment juste pour éviter ce risque de marginalisation qui est bien réel. Or c’est une période où il est primordial que l’enfant se sente bien avec ses pairs et se détache de ses parents pour construire son identité propre. Toutefois, si ça n’est pas le cas et qu’un certain nombre d’amis ne sont pas encore équipés, on peut en profiter pour retarder ce moment.
Comment encadrer l’utilisation du smartphone avec des règles et des limites réalistes ?
Pour ce qui est des règles, le mieux est d’en discuter et de les fixer ensemble quant à l’utilisation des écrans à la maison et en dehors. Effectivement, pour qu’un ado s’engage et respecte ces règles, rien de tel que de l’impliquer dans ces réflexions. Et ces règles devront d’ailleurs être respectées par toute la famille pour que cela fonctionne, y compris les parents.
Des exemples, des conseils pour instaurer ces règles ?
- Instaurez des moments et des lieux sans connexion avec la méthode des 4 « Pas » de la psychologue Sabine Duflo : pas d’écran le matin ; pas d’écran pendant les repas ; pas d’écran dans la chambre ; pas d’écran avant de s’endormir. N’hésitez pas à puiser dans un ou deux de ces « pas » pour l’adapter à vos ados.
- Proposez à votre ado un challenge quotidien pour améliorer (réduire) son temps de connexion. Programmez une alarme et dès qu’elle sonne, changez d’activité.
- Imposez des rituels de déconnexion en famille : par exemple, un soir par semaine sans écrans.
- Montrez l’exemple : limitez vous-même votre temps d‘écran. Coupez vos notifications afin de diminuer les sollicitations et passez en mode avion pour ne pas être dérangés quand vous êtes avec vos ados.
- Encouragez les activités alternatives, telles que le sport, la lecture, la musique ou toutes sortes d’autres interactions qui détournent naturellement les jeunes de leurs écrans et contribuent à leur sain développement.
Une loi vient d’être votée qui rend l’accord parental obligatoire pour l’inscription des mineurs de moins de 15 ans sur les réseaux sociaux ; est-ce que cela peut suffire ? Comment responsabiliser nos enfants sur l’utilisation de ces réseaux ?
Effectivement, plus que les interdits, c’est l’éducation qui est primordiale avant d’introduire les réseaux sociaux. Éduquer son enfant sur les bonnes pratiques en ligne, la gestion de la vie privée et la sécurisation des données est indispensable. Parlez-en ensemble et restez impliqué dans son utilisation pour une expérience positive. Beaucoup de cas de harcèlement en ligne démarrent par une capture d’écran sans que son propriétaire ne le sache, donc abordez ce sujet régulièrement, demandez-leur leur avis et informez-les.
Des lectures, podcasts, BD à conseiller sur ce sujet pour les ados et leurs parents ?
Oui, je pense notamment à la super BD Docteur feel gooddu psychiatre David Gourion qui est absolument géniale pour les jeunes et les parents. Elle met en scène une consultation avec un psychologue et aborde tous les grands sujets de l’adolescence, notamment la question des écrans.
Il y a aussi les ouvrages de Béatrice Copper Royer, psychologue clinicienne spécialiste des adolescents et présidente de l’association E-enfance. Nous avons d’ailleurs la chance de l’avoir comme présidente d’honneur du comité scientifique IAMSTRONG. Elle a écrit de nombreux ouvrages, très pratiques et aidants à destination des parents.
Comprendre et protéger son adolescente, Béatrice Copper Royer et Marie Guyot, Poche Marabout.
Enfin j’invite évidemment aussi à s’inscrire à notre newsletter et à nous suivre sur Instagram pour recevoir nos conseils, nos articles et nos lives, à destination des parents et des jeunes.
Merci à Erika Seydoux et Anne-Claire de Pracomtal pour leurs conseils, fondatrices de la plateforme « IAMSTRONG », programmes d’accompagnement et de coaching en ligne pour les ados. Confiance en soi, motivation à l’école, méthodes de travail, orientation professionnelle, conflits familiaux ou amicaux : des psychologues et des coachs spécialisés sont mobilisés pour répondre à tous les sujets de préoccupation de nos enfants qui n’en sont presque plus. On aime et on vous recommande !
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Crédit photo : bruce mars sur Unsplash
