Que vous ayez vivement souhaité allaiter votre bébé ou que vous ayez hésité, vous avez souvent dû surmonter des remarques, des doutes, des douleurs. Pourtant vous vous êtes accrochée et vous y êtes arrivée. Cela fait maintenant plusieurs semaines ou plusieurs mois que vous allaitez votre bébé. Quelle belle réussite ! Aujourd’hui, une nouvelle étape s’annonce. Pour différentes raisons, vous avez décidé que cet allaitement allait prendre fin. Alors comment sevrer concrètement son bébé ? Comment savoir s’il est prêt et si vous êtes prête ? Quelles questions doit-on se poser ? Côté maman, comment gérer les montées de lait ? Voici des pistes pour vous accompagner pendant le sevrage de votre bébé.
À quel moment sevrer mon bébé ?
La première question à se poser est « quelles sont mes motivations pour arrêter l’allaitement ? ». Comme souvent, si cette décision est prise sereinement et qu’elle vous convient, ainsi qu’à votre conjoint, la transition se fera plus facilement. Si vous le faites contraints et à contrecœur, cela pourra être plus difficile. Êtes-vous donc ok avec cette décision ? Si vous l’êtes votre bébé le sera aussi, et le moment idéal pour le faire sera celui que vous aurez librement choisi.
Arrêter d’allaiter peut provoquer un sentiment ambivalent : on peut le vouloir et être pourtant triste de le faire. Ce sentiment de « perte » d’un moment privilégié et de séparation est normal. Il est donc utile de se rappeler que c’est une étape du développement de l’enfant et que ce lien entre vous va se cultiver autrement. Il est également important de parler à son bébé de cette décision : « tous les deux nous avons bien profité de ces moments ! Aujourd’hui d’autres aventures nous attendent, tu peux te nourrir autrement, et on continuera de faire plein de câlins ».
Y-a-t-il des raisons qui peuvent forcer au sevrage ?
Si vous n’avez pas le cœur à arrêter votre allaitement, sachez que la reprise du travail n’y oblige pas. Votre enfant peut boire la journée des biberons de votre lait ou de lait infantile, et garder une tétée le matin et/ou le soir le temps souhaité. Certaines crèches acceptent aussi que la maman vienne allaiter dans la journée : discutez-en avec la directrice. Par ailleurs, comme le rappelle la Leche league.
« Il existe peu de contre-indications à l’allaitement. L’allaitement devrait être suspendu si la mère souffre de tuberculose active (…) Dans les pays industrialisés, on déconseille l’allaitement chez les mères séropositives pour le VIH (…) La toxicomanie maternelle n’est pas une contre-indication formelle à l’allaitement, les mères seront conseillées au cas par cas. Le tabagisme ne contre-indique pas l’allaitement, mais on recommandera à la mère de limiter son tabagisme, et d’éviter d’exposer son enfant au tabagisme passif. » Enfin, peu de médicaments nécessitent un sevrage, consultez votre médecin pour demander confirmation.
Comment sevrer concrètement son bébé ?
Il est préférable que le sevrage se fasse petit à petit. Comptez environ 15 jours à un mois pour le faire progressivement, afin d’éviter un engorgement et de laisser au bébé le temps de s’habituer à ce changement. Vous pouvez commencer par remplacer une première tétée par un biberon (par exemple la tétée de fin de matinée) pendant 3 ou 4 jours. Puis remplacer une deuxième tétée par un autre biberon de nouveau sur 3 ou 4 jours et ainsi de suite, jusqu’à enlever toutes les tétées. Il est important d’aller à votre rythme et en fonction de ce que vous montre votre bébé. Si vos seins sont douloureux, il est aussi possible de commencer par allaiter pour les soulager, puis au milieu de la tétée proposer un biberon ou un aliment solide si votre bébé est déjà diversifié. Pour le choix du lait infantile, votre médecin vous indiquera le plus adapté aux besoins de votre bébé. Vous pouvez aussi faire le choix de conserver la tétée du matin et du soir le temps voulu, la succion du bébé régulera ainsi la quantité de lait produite.
Voici quelques astuces pour aider au sevrage :
- Les premiers biberons peuvent être faits avec votre propre lait pour faciliter la transition
- Vous pouvez privilégier les tétines de biberons longues et fines, avec une base pas trop large, pour que le bébé puisse placer sa langue sous la tétine pour téter comme au sein ;
- Si votre enfant refuse le biberon, le lait peut être proposé à la tasse ou dans un bec verseur
- Votre conjoint peut donner le biberon pendant que vous prenez un temps pour vous ! Cela permet parfois à l’enfant d’éviter la confusion avec l’odeur du sein lors de cette transition ;
- Vous pouvez proposer le biberon dans un autre fauteuil ou une autre pièce que celle utilisée habituellement pour l’allaitement, toujours pour distinguer ce temps de la tétée du biberon ;
- Privilégiez la position semi inclinée du bébé (qu’il ait le regard à l’horizontal) et mettre le biberon à l’horizontal, cela régule aussi le débit du lait. Ne pas hésiter à faire des pauses ;
- Tout changement demande du temps : il est possible que votre bébé refuse le biberon au début : ne forcez pas ! Proposez de nouveau le biberon un peu plus tard ;
- Évitez de démarrer le sevrage s’il y a d’autres changements en même temps (déménagement, voyage, changement de mode de garde, maladie…) ;
- Ne pas hésiter à proposer le biberon à un moment ou l’enfant n’a pas faim, il sera plus disponible à la découverte, il pourra même jouer avec le biberon pour l’apprivoiser
- Si c’est difficile pour lui, pour vous ou votre conjoint, dites-le à votre bébé : vous vivez ce passage tous ensemble.
Côté maman comment gérer les montées de lait ?
Moins votre bébé va téter, plus la lactation va diminuer. Toutefois si vos seins sont douloureux et/ou tendus n’hésitez pas à :
- Extraire du lait manuellement ou avec un tire-lait, seulement la quantité nécessaire pour assouplir vos seins, sans les vider complètement, ce qui relancerait la production de lait.
- Supprimer les tétées par étape comme évoqué précédemment, jamais brutalement.
- Poser des feuilles de chou vert ou compresses froides sur le sein (diminue l’inflammation).
- Favoriser les aliments qui coupent la lactation : la sauge et le persil.
Le petit mot de Stéphanie
L’allaitement n’est pas seulement un temps d’alimentation. C’est un temps de partage, de corps à corps, de lien, de réassurance, d’affection entre la mère et son bébé. Une fois l’allaitement terminé, ce lien et ce temps partagés seront vécus autrement et pourront être tout aussi intenses ! Les changements liés à cette période de sevrage peuvent entraîner beaucoup d’émotions et c’est bien normal. Avec le sevrage, la prolactine et l’ocytocine baissent ce qui peut aussi entraîner un sentiment de déprime. Chouchoutez-vous, laissez-vous du temps, parlez-en avec votre conjoint et faites-vous accompagner si besoin.
Crédit photo : BellyBalloonPhotography