Changer de vie, changer de corps, gommer les rides et tout ré-envisager : une déroutante et excitante frénésie de changement nous prend lorsque l’on passe le cap des trente ans. Nouveau pont entre la jeunesse insouciante et l’âge adulte, la trentaine renferme son lot de questions et de petites crises, comme un besoin de prouver que tout est possible. Seriez-vous, vous aussi, en pleine crise de la trentaine ?
C’est une associée qui se plaint de sa mine et des ses mini-rides le matin. La même qui peste de ne pas s’être fait draguer depuis au moins 24 mois (à peu près l’âge de sa fille, soit dit en passant). C’est une amie qui négocie depuis deux mois, avec acharnement et détermination, pour passer d’un petit bonnet B fatigué à un C bien galbé. C’est l’amie d’une amie qui envisage de tout plaquer pour partir vivre au Maroc avec son mari. C’est une sœur qui décide que le travail n’est plus fait pour elle et ses trois enfants. C’est moi qui cherche à donner absolument un sens à ma vie alors qu’il est tellement plus simple de la vivre… Mais qu’est-ce qui nous prend, à nous, femmes de trente ans ?
Mûres mais pas tout-à-fait, adultes mais pas trop, mamans mais pas tout le temps, belles mais moins qu’avant ? On en viendrait presque à espérer nos 40 ans pour en finir avec cette période bizarre où tout est censé se mettre en place dans des cases alors que les cases volent en éclat et que nos vies s’y insèrent comme des cubes ronds dans des trous carrés… Une expression pour résumer ce syndrome de la femme de trente ans sous pression ? Sans doute la « crise de la trentaine ». Puisqu’il y en a une tous les dix ans, celle-ci doit bien exister quelque part.
Vous savez que vous êtes en plein dedans lorsque vous jalousez les amies de votre petit-frère qui n’ont encore « que 28 ans » : « la chance ! ». Elles ne perdent rien pour attendre… Étrangement, cette vilaine crise ne se déclenche pas dans votre trente et unième année, mais plutôt dans la trente deuxième ou trente troisième, celle qui vous éloigne définitivement des jeunettes. Autre indice qui ne trompe pas : la croissance exponentielle de votre budget cosmétiques. Vous lisez désormais les pages beauté des magazines -celles-là mêmes dont vous ne compreniez pas l’utilité il y a quelques années- et ne reculez plus devant l’achat d’une crème de jour hors de prix. Enfin, vous hésitez à peu près un jour sur deux entre une régression nostalgique vers vos années folles d’étudiante et une vie réglée où les enfants, les légumes et le sport ont remplacé les frites, l’alcool et les sorties…
Oui, vous avez trente et quelques années et vous découvrez que c’est loin d’être un âge d’équilibre mais plutôt une période de recherche d’équilibre. Un cycle d’adieu à quelques privilèges de la jeunesse mais l’entrée dans une vie dont vous êtes la seule héroïne. La bonne nouvelle, c’est que vous avez le cran de remettre votre vie sur le métier pour la réinventer, et que vous n’avez plus peur de dire à qui vous voulez ressembler : seulement à vous-même. Si ces jolies phrases ne suffisaient pas à vous donner envie d’aller vers les 40, projetez-vous en 1832. Balzac, convaincu que « chaque âge crée une nouvelle femme », pensait alors qu’une femme atteignait son plus haut potentiel de féminité à trente ans et écrivait* : « à ce bel âge de trente ans, sommité poétique de la vie des femmes, elles peuvent en embrasser tout le cours et voir aussi bien dans le passé que dans l’avenir. Les femmes connaissent alors tout le prix de l’amour et en jouissent avec la crainte de le perdre : alors leur âme est encore belle de la jeunesse qui les abandonne, et leur passion va se renforçant toujours d’un avenir qui les effraie. »
*Honoré de Balzac, La femme de trente ans, chapitre 3.
M. D.
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