Parmi les femmes enceintes de leur premier enfant, il y a celles qui lisent énormément et cherchent à s’informer sur tout, histoire de se préparer ou de se rassurer. Et il y a celles au contraire qui préfèrent ne pas en savoir trop, pour éviter d’anticiper et de stresser. Mais en toute fin de grossesse, toutes les futures mamans commencent à se demander ce qui les attend vraiment après la naissance, au moment de cohabiter et d’apprendre à vivre avec son bébé. Pour vous aider à vous projeter en toute sérénité, on a lu, apprécié et gardé les meilleurs conseils du livre du Dr Philippe Grandsenne, pédiatre auteur de « Bébé, dis-moi qui tu es » (éd. Marabout).
N’écoutez que vous
C’est la bonne surprise de ce petit livre acheté au hasard à 7 mois de grossesse, au moment où les questions sur l’accouchement commencent à laisser place à de gros points d’interrogation sur « l’après grossesse » et le fonctionnement d’un tout petit bébé : il invite à déculpabiliser et à s’écouter. Vous avez donc le droit de faire ce que vous voulez, puisque c’est VOTRE bébé, et que, vous vous en apercevrez bien assez tôt, personne n’a jamais le dernier mot sur tous les micro-sujets de débats qui entourent ce nouveau-né. Votre mère, votre meilleure amie, votre sage-femme préférée, votre pédiatre ou votre sœur : tout le monde se contredira un peu, tout le monde aura tort de vous dire que vous faites mal puisque vous êtes la seule (avec le papa) à avoir le droit de décider et de vous tromper, ce que vous ferez sans aucun doute… On sort donc de cette lecture assez rassérénée et confiante dans ses capacités à improviser dans le rôle de maman.
Extrait choisi :
« Vous êtes dans une période où, toutes amarres larguées, vous êtes prête à écouter tout ce qu’on vous dit. Comment vous aider à vous y retrouver ? Le plus simple serait de vous dire d’écouter votre « instinct ». Mais où est-il donc passé, votre instinct, après vingt ou trente années de vie sociale tellement désinstinctivée ? Qui donc est capable de vivre instinctivement, si ce n’est un être encore complètement instinctif, complètement « bête », pas le moins du monde civilisé, ce nouveau-né, justement, qu’on vous conseille de « ne pas trop écouter ». Y a-t-il quelqu’un qui, mieux que lui, puisse vous dire ce dont il a besoin ? Je ne le pense pas, moi qui vis au milieu des bébés. C’est pour cela que je pense « bête ». Car s’il y a bien un moment de l’existence où l’on plonge au plus profond de notre animalité, c’est celui de l’accouchement et de la naissance. »
Prenez-le dans vos bras, à volonté
On peut être surpris par ce conseil lorsque l’on a beaucoup entendu autour de soi la recommandation inverse : à savoir de ne pas céder systématiquement aux pleurs d’un bébé, de ne pas trop l’habituer à être dans les bras… La vérité est que vous vous inquiéterez quoiqu’il arrive, s’il pleure trop ou s’il ne pleure pas assez. En particulier durant les premiers jours, lors du séjour à la maternité, l’inquiétude, la fatigue et le baby blues vous encourageront à « materner » et câliner ce bébé pour mieux l’apprivoiser, et vous auriez tort de vous en priver.
Extrait choisi :
« Et vous dans l’histoire ? Ventre vide, bébé parti, vous êtes vidée, au sens strict comme au sens symbolique. C’est pour cela qu’il vous est indispensable de prendre dans vos bras celui qui n’est plus dans votre ventre. Et c’est pour cela qu’il ne faut rien entendre des conseils de celles et de ceux (grand-mères, voisines, veilleuses de nuit à l’hôpital, médecins) qui vous prédisent le pire quand vous le faites. Vous avez autant besoin qu’il soit dans vos bras qu’il a besoin, lui, d’y être. Ne vous forcez jamais à le remettre dans son berceau pour « bien faire ». Ni vous ni lui n’en avez envie. »
Restez zen face à « l’adolescence » de votre nouveau-né
Selon le Dr Grandsenne, il n’existerait pas qu’une seule adolescence, mais trois. Trois périodes d’instabilité, d’entre-deux, où l’individu quitte un territoire stable pour en rejoindre un autre. Ces trois passages se situeraient à peu près à 3 semaines, à 3 ans et vers 12 ou 13 ans… Que l’on adhère ou pas à cette théorie, elle a le mérite d’expliquer ces phénomènes et difficultés qui peuvent apparaître chez un nouveau-né pendant quelques semaines, sans raison médicale : acné du nourrisson, troubles digestifs, pleurs à la tombée du jour et au moment de s’endormir… Et si tout cela n’était que la manifestation d’un état de transition d’un âge vers un autre ? « De l’état de nouveau-né à celui de bébé, du statut de « fœtus dehors » à celui de nourrisson », pour reprendre les termes de l’auteur. Il considère ainsi que l’enfant bascule « d’un mode d’être à un autre », d’une vie psychique où il se croit encore dans le ventre de sa mère à un état fusionnel avec elle à l’extérieur, entraînant ainsi son lot de petits maux que la médecine ne sait pas résoudre, et qui disparaîtront spontanément.
Extrait choisi :
« Certains bébés hurlent chaque soir, pendant des heures, sans que rien ne réussisse à les calmer. Ces cris surviennent toujours à cette heure « entre chien et loup », entre sécurité du jour et crainte du danger nocturne (…). Cela peut durer une heure ou deux vers dix-neuf ou vingt heures – il faut alors s’estimer plutôt heureux- ou bien se prolonger jusqu’à trois heures du matin. (…)
Alors, que faire ? D’abord, ne pas s’imaginer que c’est pour vous faire marcher que votre bébé crie, qu’il vous joue la comédie. Il y est totalement inapte. Ne le replacez pas dans son berceau parce que vous auriez décidé de « ne pas vous laisser faire ». Ensuite, ne concluez pas, sous prétexte qu’il continue à crier dans vos bras, que ça ne sert à rien qu’il y soit.(…) Lorsque vous êtes malheureuse, vous préférez que l’homme de votre vie vous prenne dans ses bras pour vous consoler – même si ça ne vous console pas- plutôt que de vous envoyer sur les roses… Alors prenez-le, consolez-le, consolez-vous, marchez ! (…) Et puis sachez-le : « Cris du soir, espoir. » S’il crie ainsi, c’est que votre bébé a entamé son processus de maturation qui va l’amener bientôt, dans les semaines à venir, à se régler jour-nuit comme vous en rêvez depuis le début. »
La phrase à retenir :
« Il suffit de vouloir bien faire pour devenir sa bonne mère et son bon père ».
Pour lire la suite et quelques chapitres éclairants sur l’alimentation, l’allaitement, le sevrage, la place du père ou les langages du nouveau-né : « Bébé dis-moi qui tu es », Dr Philippe Grandsenne, éditions Marabout.
M. D.
Crédit photo : BellyBalloonPhotography
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