Dans les 12 premiers mois de sa vie, le bébé a à sa disposition une large palette d’outils pour communiquer avec ses parents : pleurs, mimiques, expressions corporelles, babillage… Et puis, au fil des mois et en observant les adultes autour de lui, il va peu à peu dire ses premiers mots. Pour l’accompagner dans cet apprentissage du langage, on peut s’appuyer sur le « bébé signes », en associant des signes à la parole. Une pratique facile à mettre en place et qui apporte un outil complémentaire pour encourager la communication avec son tout-petit. Éclairage avec Isabelle Cottenceau, fondatrice du réseau Éveil et Signes, avec la complicité de Stokke, la marque de puériculture scandinave pensée pour favoriser la connexion avec les bébés.
Quelle est la différence entre la langue des signes et le bébé signes ?
La langue des signes bébé n’existe pas : c’est comme si on parlait d’une « langue française bébé » ! La langue des signes est une langue à part entière, avec son propre vocabulaire, sa grammaire, elle est pratiquée par les personnes sourdes ou malentendantes signantes…
En revanche, on peut en effet signer avec son bébé, en associant un signe à un mot, pour faciliter sa compréhension : dans ce cas, je parle de « signe associé à la parole ». C’est une pratique où l’on utilise quelques signes issus de la langue des signes, en les associant à un mot à l’oral. L’idée ? Faciliter la compréhension du bébé quand on lui parle, et lui permettre de s’exprimer avec les mains quand il ne maîtrise pas encore complètement le langage oral.
En pratique, y a-t-il un alphabet à apprendre, un vocabulaire à maîtriser ?
Non pas du tout ! L’idée est d’apprendre une poignée de signes qui correspondent à des mots du quotidien, très régulièrement utilisés avec son bébé : couche, biberon, câlin, dormir… On se concentre surtout sur les besoins du bébé et ses ressentis, pour lui permettre de les exprimer plus facilement quand il ne maîtrise pas encore la parole : « je veux boire, j’ai soif, j’ai faim, je veux dormir, je veux mon papa, ma maman, j’ai peur… ». Une fois qu’on connaît ces quelques signes, on les utilise pour appuyer sa parole ; par exemple, alors que je change la couche de mon bébé, je peux lui dire « je vais changer ta couche » et signer en même temps le mot « changer » : le bébé comprend vite que ce signe fait référence à une action, en l’occurrence changer une couche.
Dans quelle mesure la pratique des signes associés à la parole joue sur les interactions que l’on a avec son bébé ?
Cet outil très simple permet à l’enfant de mieux comprendre ce qu’on lui dit. Et le fait de bien comprendre ce qui va se passer est rassurant pour lui : il comprend, donc il anticipe, donc il est plus rassuré. C’est un cercle vertueux. Il sent aussi que le parent est très à son écoute, car signer demande une certaine posture : on se met à la hauteur du bébé, on le regarde, on parle doucement. C’est tout un ensemble d’éléments qui le font se sentir rassuré, mais aussi écouté et entendu. Quand il voit que son parent comprend les signes, c’est très rassurant pour lui : ça booste la confiance en soi, ça favorise évidemment le lien d’attachement et la connexion parent/bébé.
Et puis les parents aussi gagnent en confiance ! Ils se sentent moins démunis face aux pleurs de leur bébé, ils ont un outil de plus à leur disposition pour comprendre les besoins de leur tout-petit. Cela crée un lien très proximal avec le bébé tout en favorisant aussi son autonomie : le bébé qui peut dire « j’ai fait pipi, je suis fatigué, j’ai faim » c’est déjà le début de l’autonomie !
Conseillez-vous d’appliquer cette pratique dès la naissance ?
Oui, tout comme on parle au bébé dès qu’il naît, on peut déjà utiliser des signes, et l’habituer à nous voir associer un mouvement des mains à une expression du visage ou un mot. Plus tôt on le fait avec lui, plus vite il s’en saisira. En général, un bébé va commencer à signer vers 12-13 mois et ne plus s’appuyer sur les signes dès que le langage oral devient fluide. J’aime comparer l’apprentissage de la parole à celui de la marche : pour moi, le signe c’est le quatre pattes de la parole ! Une fois qu’un bébé marche sur ses deux jambes, il ne ressent plus le besoin de se mettre à quatre pattes ; pour les signes c’est pareil : une fois qu’il maîtrise la parole, le bébé abandonne naturellement les signes.
Isabelle Cottenceau est la fondatrice du réseau Éveil et Signes. Elle publie Même loin de toi je t’aime ! Mes histoires à signer, chez Hachette, à paraître le 15 mars en librairie.
Réalisation : Stokke x Les Louves
Crédit photo : Bellyballoonphotography x Les Louves