À l’origine et pour chacune d’entre nous, il y a ce désir inconscient d’être une mère parfaite, même si l’on sait qu’elle n’existe pas… Entre peur de passer pour une mauvaise maman et volonté de montrer que l’on maîtrise sa vie, il n’est pas toujours facile de reconnaître le burn-out maternel lorsqu’on y est confrontée. Prises dans une course folle pour tout gérer de front, comment faire la part des choses entre grosse fatigue et épuisement pathologique ? Comment éviter le burn-out maternel et comment s’en remettre ? On a recueilli quelques témoignages et avis d’experts pour éclairer le sujet sans tabous.
Comment définir le burn-out maternel ?
Delphine Loez, praticienne formée en thérapies individuelles brèves et spécialisée dans les troubles anxieux, les problèmes de stress et le burn-out répond : « C’est une résultante de plusieurs choses. Il y a au départ le désir d’être une mère parfaite, de répondre à tous les besoins de son enfant, qui s’accompagne du fait de ne pas supporter que tout ne soit pas parfait. Et comme c’est impossible, la conséquence est l’épuisement.
Le burn-out maternel est à distinguer de la dépression, qui se caractérise par un manque de goût pour tout et fait plutôt ressentir de la déception et une grande tristesse.
Dans le cas d’un burn-out maternel, au fur et à mesure, l’horizon se rétrécit. Les mères pensent ne plus avoir le choix, tout commence à leur peser et elles finissent par ressentir un mal-être permanent. La notion de plaisir disparaît et laisse place à des sentiments de culpabilité et de colère vis-à-vis de soi et des autres. »
Les signes précurseurs du burn-out maternel
Hélène Bonhomme, auteure du livre Il y a une fabuleuse dans chaque foyer (Les éditions Première Partie) est passée par là. Elle nous raconte comment les choses se sont installées et quels ont été les signes avant-coureurs.
« Plusieurs facteurs peuvent être précurseurs d’un burn-out maternel si l’on n’y prête pas suffisamment attention.
La fatigue : se lever le matin devient plus difficile. Les journées paraissent longues et dès le réveil, parfois, on pense au soir quand on ira se coucher.
La démotivation : on a moins envie de concrétiser ses projets. On reporte ce qu’on doit faire à plus tard. Quand on en est là, on continue souvent sur sa lancée, persuadée de pouvoir tout gérer. Et pourtant, le corps envoie des signaux d’alarme pour rééquilibrer les choses avant de sombrer dans une dépression parentale, plus longue et difficile à soigner. »
Qui peut être touché par un burn-out maternel ?
« Il n’y a pas de profil type justement, cela peut toucher tout le monde. Il s’agit d’une combinaison de certaines conditions de vie et d’exigences personnelles qui font qu’on arrive à cet état. Souvent les femmes ont des exigences plus importantes que les hommes vis-à-vis de leur rôle de parent.
À noter également que c’est une question d’état d’esprit et non pas d’âge de l’enfant. Un burn-out maternel est possible tant que la mère est en charge de son enfant », précise la thérapeute.
Comment se manifeste le burn-out maternel ? Vos témoignages
Tensions et pressions : au sein du foyer, les disputes avec son partenaire peuvent devenir permanentes. Le rapport à ses enfants change également, les mères ont tendance à crier sur leurs enfants.
Et dans toutes les sphères de la vie, une pression peut être ressentie, une forme de stress intense pour toutes les tâches à réaliser.
Chez Elodie, 29 ans, directrice commerciale et maman d’une petite fille de 3 ans et demi, cela a commencé quand elle a repris le travail. Sa fille avait alors 5 mois. Elle a ressenti des crises d’angoisse. « D’une part, j’ai eu un manque d’appétit, les déjeuners me stressaient. D’autre part, me retrouver seule avec ma fille me paniquait. J’ai perdu 7 kilos et je n’avais plus d’énergie. Je ressentais aussi un sentiment d’insécurité, j’avais peur qu’il arrive quelque chose à ma fille et que je ne puisse pas réagir, alors je la confiais. »
Épuisement physique et émotionnel : Ève, 34 ans est mère d’un petit garçon de 3 ans, elle va aujourd’hui beaucoup mieux, mais il y a quelques temps, après des mois sans dormir et une vie sociale réduite à néant, elle a, elle aussi, ressenti ce grand épuisement. « Au premier enfant, on ne savait pas où mettre le curseur, au moindre grain de sable, au moindre imprévu, c’était la panique. Il a vite été très compliqué de sortir et on a vécu des mois en vase clos. J’ai finalement consulté un psychologue qui a perçu chez moi cet épuisement latent. »
Culpabilité : elle se joue à plusieurs niveaux. Il y a la crainte de ne pas être parfaite, de ne pas donner le meilleur à son enfant, mais aussi le fait de s’énerver facilement ou, plus troublant, de ne pas ressentir de sentiment assez fort à l’égard de son enfant, comme le confie Ève qui se répétait ces questions en boucle : « Pourquoi je ne m’en sors pas ? Pourquoi tout le monde s’en sort et pas moi ? ».
Distance : on prend de la distance avec ses enfants, on a moins envie de passer du temps avec eux. Elodie confie : « Je ne lui criais pas dessus, mais je ne lui faisais pas de câlins. Et quand elle n’était pas là, elle ne me manquait pas. » Ève quant à elle avoue : « Au début, j’ai eu beaucoup de mal à être « amoureuse » de mon fils. »
Les clefs pour aller mieux :
Delphine Loez nous donne quelques outils à mettre en place dans sa vie quotidienne pour rompre cette spirale.
Demandez de l’aide : « Pas de pression, l’aide peut être une thérapie, mais cela peut aussi être plus simplement de demander à des amis, des parents ou même des voisins de vous rendre des services pour vous soulager au quotidien », explique l’experte.
Acceptez de lâcher : « En contrôlant moins, on contrôle mieux. Libérez-vous de certaines contraintes pour retrouver du choix, du confort et de la légèreté. En triant les choses de la vie, on voit ce qui est vraiment essentiel », conseille-t-elle.
Avec l’aide d’un psychiatre spécialisé, Ève a appris à mettre de la distance et à dédramatiser : « Quand on prend du recul, on trouve des solutions, on se dit que si on ne fait pas telle ou telle chose dans la journée, ce n’est pas si grave. On doit s’autoriser à ne pas être la grande logisticienne de la maison. »
Dites non : « Dire non à son enfant permet de poser des limites, il est impossible de tout mener de front tout le temps. Cependant, quand on dit non à son enfant, il faut que cela ait de la valeur, il faut pouvoir tenir la distance sur ce « non » là, suggère enfin Delphine Loez.
À lire sur le sujet pour aller plus loin
La fatigue physique et émotionnelle des mères, Violaine Guéritault
Un ouvrage qui aide à comprendre le burn-out maternel et donne des clés pour se protéger.
Mère épuisée,Stéphanie Allenou
Le témoignage d’une mère qui a vécu le burn-out maternel. Poignant.
Il y a une fabuleuse dans chaque foyer, Hélène Bonhomme
50 pensées qui permettent à toutes les mamans de s’offrir une pause dans leur journée à 1000%.
Crédit photo : Belly Balloon Photography/Les Louves
