Burn out parental : causes, symptômes et solutions

Le burn out, syndrome bien connu dans la sphère professionnelle, est en revanche encore trop souvent passé sous silence dans le monde de la parentalité. Et pourtant, selon une étude menée par l’Ifop pour l’application Malo en 2022, 34% des mères interrogées se sentent concernées par le burn out parental (1). Alors parlons-en… Qu’est-ce que le burn out parental ? Comment se manifeste-t-il ? Quelles sont les causes et les conséquences de ce syndrome ? Comment le diagnostiquer ? Quelles solutions pour le prévenir ou en sortir ? Voici quelques pistes pour mieux comprendre ce syndrome et évoquer tout haut ce que de nombreux parents vivent dans le silence.

Qu’est-ce que le burn out parental ?

Le burn out parental est nommé pour la première fois dans les années 1980. Quelques études sont réalisées entre 2007 et 2014, mais uniquement auprès de parents ayant des enfants gravement malades. Il faudra attendre 2017 pour que de nouvelles études soient menées dans la population générale par Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak, fondatrices du Parental Burnout Training Institut. Ces thérapeutes et chercheuses définissent le burn out parental comme « un syndrome qui touche les parents exposés à un stress parental chronique en l’absence de ressources suffisantes pour compenser » (2) Le burn-out parental est également appelé « épuisement parental ». Il est à noter que l’épuisement parental peut aussi toucher les pères, avec une manifestation des mêmes symptômes.

Burn out parental : les symptômes

Le burn out parental se manifeste à travers :
– un épuisement psychique, physique et cognitif intense, qui ne disparaît pas au simple repos. Le parent a le sentiment d’être vidé dès le réveil, sans énergie rien que de penser à sa journée, avec des difficultés de concentration. Tout est insurmontable ;
– une distanciation affective avec ses enfants. Le parent n’a plus d’énergie, ni de patience, ni d’envie pour écouter ou partager avec ses enfants. Il se met alors en « pilote automatique » pour seulement répondre à leurs besoins primaires ;
une perte de plaisir dans son rôle de parent et avec ses enfants. Un sentiment de culpabilité d’être une mauvaise mère ou un mauvais père s’installe ;
– un contraste important entre le parent du début et celui qu’il est devenu. Le parent ne se reconnaît plus, un symptôme qui donne aussi souvent l’alerte à l’entourage.

Quelles sont les causes du burn out parental ?

La parentalité du XXIe siècle a connu de nombreux changements : le rôle du père et de la mère, l’évolution de la psychologie, la convention des droits de l’enfant, la montée de l’individualisme, l’apparition des réseaux sociaux, l’idéalisation de la parentalité… générant de nouvelles injonctions et pressions sur les parents, le fameux « parent parfait ».
L’origine d’un burn out parental est multifactorielle et peut toucher tous les parents. Le risque d’épuisement parental augmente lorsque la balance entre les ressources et les facteurs de stress n’est plus à l’équilibre. C’est-à-dire, quand le quotidien du parent est semé de difficultés et de stress chronique, sans qu’il y ait suffisamment de ressources pour compenser, comme du soutien, un partage des tâches, des temps de pause.

Par ailleurs, les études menées par Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak montrent que le burn out parental toucherait davantage les parents perfectionnistes ou ayant accès à l’information et donc à de nouvelles injonctions. Par ailleurs, ce syndrome peut toucher les parents qui ont des difficultés à exprimer leurs besoins ou à faire face au stress, à ceux qui manquent de soutien, à ceux qui ont du mal à se faire obéir ou qui feraient toujours passer les besoins de leurs enfants avant les leurs. Enfin, l’histoire personnelle de chaque parent est aussi à prendre en compte dans les facteurs de risque.

Burn out parental : des conséquences sur les parents et les enfants

Les conséquences du burn out parental sont multiples :
– sur les enfants : un risque de négligences ou de violences affectives, physiques, verbales ou psychiques. Cela peut engendrer des troubles anxieux chez l’enfant, des risques de somatisation, des troubles alimentaires ou de sommeil, des difficultés scolaires, un repli sur soi, des comportements à risque… ;
– sur le/ la conjoint(e) : une augmentation des conflits ;
– sur le parent lui-même : de l’irritabilité ou de la colère, des troubles alimentaires et de sommeil, des problèmes de santé physique (maux de ventre, de dos…), un repli sur soi, des addictions, voire des envies de fuite ou des idées suicidaires.

Comment diagnostiquer le burn out parental ?

Le burn out parental est à différencier de la dépression, du baby blues, de la dépression du post partum ou du burn out professionnel. Un parent peut être en burn out parental, mais aller bien au travail. Il est souvent long et difficile de comprendre que le mal-être ressenti peut être un burn out. Beaucoup de honte et de culpabilité empêchent les parents de se faire aider. Pour diagnostiquer un burn out parental, Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak ont créé un outil de dépistage : le Parental Burn-Out Assessment (3). Ce test doit être complété d’une consultation avec un professionnel formé au burn out parental pour confirmer ce syndrome, et donc sa prise en charge pour en sortir.

Quelles solutions pour le prévenir ou en sortir ?

Le burn out apparaît quand la balance ressources/facteurs de stress n’est plus à l’équilibre sur une longue période. Pour le prévenir, il est important d’écouter ses limites et ce que dit votre corps, de cibler les facteurs de stress et voir ceux que l’on peut diminuer ou supprimer. Avoir du temps pour soi, faire des pauses régulièrement, garder un bon sommeil et une alimentation équilibrée, partager les tâches au domicile, demander de l’aide à son entourage sont essentiels. Par ailleurs, travailler sur son besoin de perfectionnisme, son rapport au stress et son image de la parentalité permettent aussi de prévenir ou de sortir de cet épuisement. Prendre soin de soi est souvent culpabilisant pour un parent. Pourtant, c’est une nécessité pour prendre soin de sa famille. Lorsque la souffrance s’installe, une consultation chez le médecin ou un psychologue (4) sera nécessaire. Des lieux de soutien existent aussi en France, comme la PMI ou des associations (5) Un arrêt médical, une médication, voire une hospitalisation seront parfois nécessaires. Le premier pas est d’en parler et de ne pas rester seule.

Pour en savoir plus
L’application Dr Mood Parents de Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak
Mère épuisée de Stéphanie Allénou
Le burnout parental de Liliane Holstein
Le burnout parental : l’éviter et s’en sortir d’Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak

Sources
(1) Étude Ifop sur le burn out maternel pour Malo
(2) burnoutparental.com
(3) L’outil de dépistage du burn out parental
(4) Burn out parental : trouver un médecin ou un psychologue
(5) Associations et lieux de soutien : Les pâtes au beurre ou La maison verte

Stéphanie de Boüard est consultante périnatale. Retrouvez-la sur son site ou sur Instagram.

Crédit photo : Nathan Dumlao / Unsplash