Dans une carrière, quelle qu’elle soit, le moment où l’on devient mère impose nécessairement, à un moment ou à un autre, un retour sur soi et sur ses envies ou ses ambitions. Certaines réenvisagent leur métier de A à Z, prennent leur indépendance, se reconvertissent ; d’autres font évoluer leur poste, décident d’entreprendre au sein de leur boîte ; d’autres encore décident d’investir autrement leur temps libre, pour elles ou pour les autres. Quoi que l’on décide, prendre ce temps pour soi, se l’accorder pour mieux s’accorder avec soi-même n’est pas un luxe, c’est une nécessité pour être une femme épanouie et une maman heureuse. C’est ce que propose la coach Bérangère Touchemann* dans le livre : « Working Mum, 10 séances d’autocoaching pour réinventer sa vie », publié dans la collection My Happy Job (éd. Vuibert) et dont nous avons eu le plaisir de signer la préface. Si l’envie de changement vous titille, voici quelques mots de l’auteur pour vous éclairer dans votre démarche.
Tu es coach de carrière, quelles sont les problématiques les plus fréquentes pour une femme après la naissance d’un enfant ?
Quand une femme devient mère, j’observe qu’elle va connaître deux types de changements majeurs, qui pourront avoir des effets à court ou plus long terme sur sa vie professionnelle.
D’abord des changements qui se passent en elle, ou dans son champ privé : en devenant mère, elle va avoir de nouvelles obligations horaires pour s’adapter à son bébé ou à son mode de garde. De nouvelles responsabilités, de nouvelles contraintes de temps et d’espace. Une vie sociale différente, une énergie physique qui va, elle aussi, fluctuer en fonction de son sommeil par exemple. En fait, une chaîne de nouveaux paramètres qui vont réorganiser son quotidien. Ainsi, elle pourra avoir de nouveaux besoins professionnels d’ordre « matériel » : par exemple une amplitude horaire à revoir, ne plus pouvoir travailler le soir ou le week-end, un passage à temps partiel, besoin d’un complément de salaire, etc.
Sur le champ personnel, la jeune mère pourra aussi voir la hiérarchie de ses valeurs et priorités bouleversée. Par exemple, la notion de « carrière » aura moins de sens pour elle, et elle préfèrera désormais la notion d’épanouissement global. De manière générale, la maternité sera une occasion de se questionner sur le sens qu’elle a envie de donner à sa vie, y compris sur la partie boulot.
Puis il y a les changements qui ne dépendront pas d’elle, mais de son environnement professionnel. Quand une femme devient mère, souvent l’œil qu’on porte sur elle change au travail. Les études le montrent : la maternité ralentit la carrière des femmes. C’est le fameux concept de « plafond de mère », que l’on doit initialement à Marlène Schiappa. La rémunération stagne et c’est là que commencent à se creuser les inégalités femmes-hommes au travail. Les opportunités d’évolution se font plus rares pour les jeunes mères, et les promotions à des postes de direction deviennent exceptionnels pour elles.
As-tu vécu personnellement ce genre de remise en question ?
Oui, bien sûr.
Lorsque j’ai créé mon cabinet en 2014, j’accompagnais les transitions de carrière des cadres, hommes et femmes. Je tenais un rythme de travail de folie. Je coachais du matin au soir, et je créais du contenu pour mon site tard le soir, ou tôt le matin. J’étais passionnée par mon travail et j’y investissais beaucoup de temps. Je me vois même encore envoyer des mails sur la table d’accouchement (vive la péridurale…)
Quand ma fille aînée Valentine est arrivée, j’ai ressenti le besoin de réduire cet investissement en temps. Et j’ai été obligée de le faire, car c’était un BABI (“bébé aux besoins intenses”) qui refusait d’être posée, et que j’allaitais à la demande. Avec la maternité, j’ai dû trouver un moyen de redistribuer mon temps et d’en économiser : j’ai donc digitalisé toute l’activité du cabinet, et délégué à mon équipe toute une partie de mes accompagnements. Ce qui m’a permis d’économiser du temps de transport et de revenir sur des horaires classiques de bureau.
Puis quand Valentine a eu 2 ans, Suzanne ma cadette est arrivée. Et là, j’ai vécu la maternité d’une autre manière. Je me suis tout à coup définie en tant que mère, avant de m’identifier en tant que coach ou cheffe d’entreprise, ou même femme. Je me suis sentie investie d’une nouvelle mission en direction de laquelle diriger mes compétences : je voulais aider les mères dans leurs problématiques professionnelles. Parce qu’il m’a paru alors évident que c’est là que je devais être. C’est là que me menait cette quête de sens. Être une maman qui aide les mamans, car ce sont elles qui d’après moi, en ont le plus besoin dans le monde du travail.
Quel est le rôle d’une coach dans ce contexte ?
La place des femmes au travail est compliquée à prendre, car il y a cette construction culturelle de notre société qui valorise d’abord la place des hommes dans l’espace du travail marchand, et ensuite la place des femmes dans l’espace du travail domestique.
Sur cette base-là, les femmes ont intégré qu’elles seraient toujours « numéro 2 » dans l’espace « travail », et cela crée donc chez elles des résistances et des auto-censures. Notamment quand il s’agit de négociation, de rémunération, d’évolution, de réseautage, de prise de parole, d’affirmer une opinion, d’émettre un refus, de vendre leurs produits et services à leur juste prix quand elles sont mumpreneures, etc.
Le coaching aide les femmes à prendre conscience de leur fonctionnement, de leur potentiel d’action, et à élaborer concrètement un pont entre les deux.
Par exemple, prenons le cas d’une mère qui ne souhaite pas reprendre son poste à son retour de congé maternité, car son métier et son environnement de travail ne lui conviennent plus. Elle dit qu’elle n’a pas d’idée pour sa reconversion. Avec le coaching, on découvre en fait qu’elle aimerait créer un business en ligne, mais n’ose pas se lancer. Car elle a peur de se tromper de voie, de prendre la mauvaise décision, de prendre un risque financier, de ne pas réussir, de ne pas être capable, etc. Alors elle va censurer cette idée, et ne s’autorisera pas à la faire passer au stade de projet.
Le coaching accompagne donc les prises de conscience qui facilitent de nouveaux fonctionnements, pour aider les femmes à opérer les choix justes pour elles.
Pourquoi ce livre ? Comment est-il né ?
J’avais plusieurs fois contribué au webzine My Happy Job, dédia au bien-être au travail, en écrivant des articles sur la quête de sens et les questions de carrière de manière générale.
Un jour, Fabienne Broucaret, la fondatrice du webzine, m’a sollicitée pour l’écriture d’un nouvel article, exactement au moment où j’étais en réflexion sur cette envie de contribuer à aider les mères de famille dans leur problématique de conciliation, ou leurs choix professionnels.
Je lui ai donc proposé un angle « working mum » pour ce nouvel article. Elle m’a tout de suite proposé d’en faire un livre. Elle aussi avait compris toute l’importance et l’urgence à parler directement aux working mums, dont les besoins professionnels sont si spécifiques, mais si rarement traités sous un angle pratique, dans l’espace des médias.
Qu’est-ce que l’autocoaching ? Peut-il remplacer l’accompagnement d’une coach ?
L’autocoaching, c’est l’art de se poser les bonnes questions sur la base d’un guide. La plupart du temps un livre.
Cela peut être une très bonne première étape pour commencer à réfléchir et à agir concrètement sur sa vie, ou prendre des décisions structurées. C’est un bon moyen de défrichage, quand une situation est trop nébuleuse.
Mais à mon sens, un autocoaching doit être complété par un coaching individuel pour que les idées puissent passer « dans la matière ». Car seule, la personne ne sera pas en mesure de prendre du recul sur ses fonctionnements, ses croyances, et ne sera pas engagée vis-à-vis d’un tiers à passer à l’action.
L’œil porté par une tierce personne à la démarche de changement de la personne coachée sera également très important, pourra apporter du feedback, confronter sa vision des choses, lui révéler ses angles morts.
Dans une démarche de reconversion ou d’entrepreneuriat qui peut prendre quelques mois voire quelques années, la notion d’endurance sera importante. Ainsi, je conseillerais à toutes les candidates à la réinvention professionnelle, à s’entourer d’un groupe de pairs. S’inscrire dans une démarche collective avec des gens qui nous ressemblent est soutenant, et propose souvent un effet miroir qui nous permet de nourrir notre démarche.
Peux-tu nous décrire les grandes étapes des séances d’autocoaching décrites dans ce livre ?
Dans ce livre, chaque chapitre est structuré en 10 séances thématiques d’autocoaching qui suivent toujours le même processus :
1 – Une introduction du sujet
Le sujet de chaque séance est introduit par des données factuelles sur le thème abordé (quête de sens, confiance en soi, communication et réseautage, mise en œuvre du changement, mobilité professionnelle, recherche d’emploi, reconversion, mumpreneuriat, « slashing » et équilibre pro-perso).
2 – Un carnet de bord
La lectrice est invitée à remplir son carnet de bord pour faire le point sur sa situation en lien avec le sujet.
3 – Une étude de cas concrète
Puis l’étude d’un cas réel ouvre la séance. Ce qui permet à la lectrice de s’identifier et souvent, de découvrir qu’elle n’est pas seule à éprouver une difficulté sur un point.
4 – Un décryptage
Ensuite, je propose une analyse de cette étude de cas, pour aider la personne autocoachée à comprendre les enjeux et mécanismes qui opèrent dans cette situation. Ainsi, elle peut en prendre conscience et l’appliquer à son propre fonctionnement.
5 – Les 5 clés pour résoudre la question
À ce stade, je propose de livrer 5 clés de résolution du problème abordé. Ces 5 clés sont constituées d’apports théoriques, mais surtout illustrées concrètement par des exercices, des témoignages inspirants, des points de vigilance qui sont révélés, et des propositions concrètes de passage à l’action.
6 – Le carnet de bord pour conclure
La séance est enfin fermée par une nouvelle page carnet de bord, où l’autocoachée est invitée à faire la synthèse de ce qu’elle a appris et conclu dans ce chapitre.
À qui s’adresse-t-il ?
À toutes les mères qui ont l’ambition de se sentir épanouies sur tous les plans, et qui sont bien décidées à ne pas subir leur vie professionnelle. Pour moi, la working mum est une femme active, même si elle n’est pas en poste (congé parental, période sans emploi…)
Parce que vous et moi, nous savons très bien que la vie de maman c’est du travail.
Un conseil pour les jeunes mamans qui se sentent perdues entre leur vie professionnelle et leur rôle de mère ?
Avant d’entamer la moindre réflexion sur un potentiel nouveau projet professionnel, mon conseil serait de vous autoriser à prendre du temps pour « rien ».
Je m’explique.
Quand on est working mum, on optimise toutes nos actions parce que le temps nous manque.
Quand on est working mum, on a tendance à se dédier davantage aux besoins des autres qu’à nos propres besoins.
Et par conséquent, quand on est working mum on est souvent déconnectée de soi-même, parce qu’on vit branchée sur le mode pilote automatique.
Alors vraiment, si vous voulez vous réinventer professionnellement. Si vous voulez savoir quelle voie professionnelle trouver, ou quelle solution professionnelle adopter pour vous garantir épanouissement et équilibre, apprenez à vous (re)connecter à vos propres besoins.
Maman est importante, vous êtes importante. Et si vous n’en aviez pas conscience, demandez à vos enfants si ce n’est pas vrai !
Working Mum, 10 séances d’autocoaching pour réinventer sa vie, éd. Vuibert.
*Bérangère Touchemann est la maman de Valentine et Suzanne. Elle a quitté sa vie de cadre dans l’agro-alimentaire pour se reconvertir dans l’entrepreneuriat et l’accompagnement des transitions professionnelles des mamans actives. Elle intervient auprès des particuliers et des entreprises, pour aider les femmes à choisir et prendre leur juste place au travail, tout en équilibre.
RDV le 3 novembre pour un Webinar spécial Working Mum
Pourquoi cette envie de changement dans nos vies professionnelles après la naissance d’un enfant ? Comment se lancer dans une démarche de reconversion ?
Pourquoi se faire coacher ? Et si on commençait par l’autocoaching ?
Rejoignez-nous le 3 novembre à 13h30 pour un Webinar sur Zoom avec Bérengère Touchemann, coach de carrière et auteur du livre Working Mum : 10 séances d’autocoaching pour réinventer sa vie, et Fabienne Broucaret, fondatrice du webzine My Happy Job.
Crédit photo : Andrew Neel – Unsplash