« Quand ma fille est née, j’ai ressenti l’urgence de me réaliser moi-même »
J’ai découvert Lili à travers les papiers beauté qu’elle signe dans les pages style de M le Magazine du Monde, le journal qui accompagne mon brunch tous les samedis. Et puis j’ai découvert son blog, Ma Récréation, qui est vite devenu un passage obligé de mes pérégrinations sur le web. Elle y parle de ses (magiques) voyages de presse, de ses découvertes beauté, de ses rencontres inspirantes, mais aussi des activités qu’elle partage avec sa fille de sept ans et demie, Jeanne. Je dois avouer que ce sont ses articles sur l’alimentation et sur ses petits-déjeuners ultra créatifs et gourmands qui m’ont particulièrement séduite, avec sa rubrique « pimp my breakfast » qui a inspiré plus d’une de mes matinées. C’est donc avec un plaisir non dissimulé que j’ai accepté sa proposition de nous rencontrer – très tôt – pour un thé dans un hôtel parisien, à deux pas de chez elle. Lili est une matinale, qui aime se lever aux aurores pour mieux profiter de ses journées. « Je suis toujours la première levée, j’adore pouvoir prendre du temps pour moi le matin, travailler dans le silence, me préparer un super petit-déjeuner avec des fruits frais », confie-t-elle. C’est aussi le temps de la journée consacré à l’écriture de son blog : « je poste environ cinq articles par semaine ». C’est beaucoup, mais Lili est comme ça : généreuse, elle prend soin de ses lectrices et déborde d’idées pour les ravir jour après jour. « J’ai des lectrices vraiment géniales, on a les mêmes centres d’intérêt, le même humour, je me sens très privilégiée ». C’est une phrase qui revient souvent chez elle pendant notre entretien : tombée dans la marmite du journalisme beauté par hasard, Lili est reconnaissante des portes qui se sont ouvertes et des avantages que lui offre son métier.
« Je me suis rendue compte que ce que j’aimais, c’était raconter des histoires »
« Après mes études de littérature et de civilisation en anglais, j’ai trouvé un petit boulot comme vendeuse chez Colette. Comme j’étais bilingue, on m’a proposé rapidement de travailler au service de presse ». Lili pénètre l’univers fascinant de la beauté, se créé un précieux réseau de journalistes, repère les marques confidentielles, leurs stratégies de communication et surtout se découvre un vrai amour pour l’écriture. « Je me suis rendue compte que ce que j’aimais, c’était raconter des histoires ». Quand elle décide de changer de job, une journaliste de Vogue lui propose de faire des piges : « ça ne se refuse pas ! ». Elle passera huit ans dans cette institution de la mode en tant que rédactrice beauté, avant de décider de voler de ses propres ailes.
Nous sommes en 2008, la presse connaît une profonde révolution, Lili voit son travail évoluer et s’interroge longtemps sur l’opportunité de lancer son blog. « Il y avait surtout cette frustration de ne pas pouvoir partager toutes les expériences que je vivais grâce à mon métier, ces endroits fabuleux que je découvrais à travers le monde, les belles rencontres… », raconte-t-elle. Je fais rapidement le calcul dans ma tête : cela coïncide aussi avec la naissance de Jeanne, non ? « Oui ! La naissance de ma fille a changé les choses : j’ai ressenti l’urgence de me réaliser moi-même, comme si je ne pouvais plus me permettre de laisser passer trop de temps avant de faire les choses dont je rêvais vraiment. Je ne le devais plus seulement à moi-même mais à Jeanne ». Alors que les deux premières années après l’arrivée de sa fille, Lili est une maman très fusionnelle (« impossible de la laisser garder, c’était vraiment difficile pour moi ! »), elle commence à nouveau à avoir envie de sortir, de retrouver un espace à elle. « Cela m’a poussée à créer Ma Récréation, que j’ai finalement lancé en 2010 ». Elle quitte Vogue quelques mois plus tard et rejoint M le magazine du Monde.
« Nous sommes des dingues de voyage et nous voulions partager ça avec Jeanne »
« Aujourd’hui, je travaille en partie à la maison, comme mon mari, et au journal. C’est à la fois confortable mais pas simple pour notre fille de comprendre qu’on est là mais que nous ne sommes pas disponibles ». Et quand Jeanne lui reproche de travailler, Lili met un point d’honneur à toujours garder un discours très valorisant sur son métier. « Ce que Jeanne déteste le plus c’est que je parte en voyage. Pour lui faire comprendre, je lui dis que j’ai de la chance, que j’adore mon travail, que je fais des choses passionnantes et que c’est important pour moi ». En parallèle, Lili essaie de faire profiter Jeanne le plus possible de ce que son blog lui apporte : « je suis beaucoup sollicitée, et dès que l’on peut tester une activité pour les enfants, Jeanne est de la partie. Je lui réserve aussi tous mes mercredis : on déjeune ensemble, on va au musée pour dessiner… Elle me raconte ses journées, elle me fait des confidences, c’est un moment que j’attends avec impatience à chaque fois ».
Je ne peux pas quitter Lili sans aborder les photos qui m’ont fait le plus rêver sur son blog, celles de ses voyages à trois au bout du monde, qui me donnent envie à chaque fois de booker un vol et une chambre familiale sur le champ… Lili sourit : « nous sommes des dingues de voyage avec mon mari, et nous voulions partager ça avec Jeanne ». Les road trip en voiture et vols long courrier avec un bébé ne leur font en effet pas peur ! Japon, Italie, Sri Lanka, États-Unis… La petite Jeanne a déjà bien roulé sa bosse. « Nous avons fait notre premier grand voyage avec elle quand elle avait dix mois : nous sommes partis à Bali. L’idée me paraissait un peu folle au départ, mais on a tellement profité du séjour sur place que ça en valait vraiment la peine ! ». Moi, dont la fille ne tient pas en place plus d’une heure dans les transports, je reste pensive devant l’idée d’un voyage de plus de vingt heures. Lili me rassure : « le plus dur à mon avis c’est quand les enfants ont autour de deux ans. Après c’est super, plus ils sont grands, plus c’est chouette. Il suffit juste d’être organisée, de partir avec des cargaisons de vêtements, couches, jouets, nourriture, jeux, chansons… Et de se souvenir que la galère du trajet est vite oubliée une fois sur place ». On a évidemment envie de la croire.
M.R.
© Sylvain Homo @Nose
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