Confidences de maman : Margaux Motin dans sa bulle

Face à ses dessins de nanas délurées et nature, je m’attendais à trouver une Margaux Motin un brin cynique et difficile à canaliser. Cette star de la BD affiche en fait une douceur et une sérénité que je lui envie. Exilée dans un village du Pays basque, elle coule des jours heureux avec son amoureux et ses enfants, en préparant le prochain tome de ses aventures. Le thème ? La vie à la campagne, le couple et la famille. Elle nous en donne un aperçu sincère et spontané.

 

Marine : J’ai parcouru ta revue de presse pour préparer cette discussion, et j’ai autant ri en lisant tes réponses qu’en regardant tes dessins…
Margaux : Le dessin a toujours été le média que je savais utiliser pour m’exprimer. J’aime dessiner et écrire, le ton s’est construit au fil des années car il correspond à ma personnalité : aller chercher les petites choses imparfaites qui donnent à la vie son côté tendre, rire de nos travers, de nos difficultés…

Il y a donc beaucoup de toi dans les filles de tes dessins ?
Oui, même si quand je parle dans la vie je suis beaucoup plus discrète et délicate que dans mes BD ! Naturellement, je ne suis pas aussi grande gueule, sinon je serais montée sur scène… J’adore faire ça dans le dessin, je me défoule, j’exorcise pour rester calme et tranquille dans la vie de tous les jours.

Et tu y arrives ? On a du mal à t’imaginer calme et tranquille…
Question d’envie je pense. J’étais une maman débordée, speed, qui pouvait péter un plomb à force d’entendre cinquante fois le mot « maman » dans la même minute. Aujourd’hui je fais en sorte de limiter les situations énervantes, je m’entraîne à être pleinement dans ce que je fais, à prendre le temps pour chaque chose. La « maman à douze bras », c’est fini, pour moi c’est l’anti maman parfaite… Ça ne m’empêche pas de faire la folle avec les filles et leurs pères (sa fille Lou, 10 ans, et sa belle-fille Maé, 11 ans), c’est une façon de voir la vie, on rit tout le temps, on se bagarre, et elles ont droit à leurs trois minutes de gros mots par jour !

Une maman parfaite finalement…
La femme ou la maman parfaite n’existent pas évidemment. On se fait toujours une idée du genre de mère qu’on voudrait être, celle qui fait plein d’ateliers et qui a plein d’idées pour les éveiller, et puis en réalité tu réalises quelle maman tu peux/veux vraiment être… Les enfants sont très doués pour vous placer face à vos propres limites, ils vous aident à vous construire. Moi j’ai appris à ne plus pleurer et me rouler par terre quand j’étais en colère, puisque c’est ce que j’essaie d’apprendre à ma fille…

Il y a des qualités que tu volerais bien aux « femmes parfaites » ?
J’ai beaucoup d’admiration pour les filles qui tiennent une journée entière sur talons aiguilles… Je suis aussi un peu jalouse de mes copines qui racontent des blagues en soirée, moi je ne sais pas être drôle en société, je le fais dans mes dessins ! Et parfois je voudrais que ma fille me trouve super bien habillée, parce que le plus souvent elle me regarde plutôt d’un air pas possible… On n’a pas du tout les mêmes goûts en fait.

À 32 ans, tu disais être tout à fait « celle que tu voulais être ». À 37 ans, tu en es où ?
Je croyais ça à 32 ans, mais en fait pas du tout ! Je m’en rapproche maintenant, et j’espère redire ça dans dix ans. C’est génial d’avoir toujours la sensation d’être plus proche de ce que j’aspire à être. J’ai progressé sur plein de trucs, comme ma capacité à vivre les choses plus sereinement, alors que je me débattais dans les angoisses. Je suis très contente de la vie que j’ai, j’ai appris à vivre une vie de couple épanouie et épanouissante, j’habite au calme à la campagne en famille, dans un village à 15 km de Biarritz, avec des biches et des oiseaux dans le jardin, c’est Blanche Neige sans la belle-mère…

Lou a grandi, est-ce que c’est plus simple à gérer ?
Je suis freelance donc j’ai toujours gardé un bon équilibre entre ma famille et le boulot. Les filles sont grandes, elles n’ont pas les mêmes besoins. J’étais une maman pour répondre à ses besoins vitaux, maintenant je suis une mère, je dois être plus à distance. Tu es le centre de leur univers et un jour il faut accepter de te repositionner, qu’elles deviennent le centre de leur propre univers, avec leurs propres questions et analyses, sans imposer ton point de vue.

Est-ce que vieillir te fait peur à les voir grandir toutes les deux ?
Globalement la maternité a réglé pas mal de choses chez moi de ce côté-là. Aujourd’hui elles vont vers la pulpe de la jeunesse, mon rapport au corps change en les regardant grandir, je commence à vieillir mais j’adore les voir devenir ces belles plantes. J’attaque une autre période de ma vie, et j’ai un super amoureux, c’est ça qui me rend belle !

Tu as trouvé l’homme parfait ?
Oh Oui ! L’homme parfait pour moi ! C’est quelqu’un qui a toujours à cœur d’évoluer, hyper ouvert au changement et qui me permet à moi d’évoluer, il est mon moteur. Il me protège, me cadre et me prend dans ses bras quand je « pars en sucette ». Il a toujours envie qu’on avance, il me met dans une vraie dynamique de vie, c’est quelqu’un de passionnant.

À quoi ressemblent vos week-ends ?
Aux championnats de la glande. On a passé des années à faire un week-end chez l’un, un week-end chez l’autre, toujours anticiper les courses, les activités, la petite valise à trimballer. Depuis qu’on est tous les quatre sous le même toit, dans une maison, avec un jardin et une piscine, on profite. On mange des sandwichs en slip, on fait des championnats de Mario Kart, on matte des films, on se baigne, les filles jouent, on bouquine dans le jardin, on peint des cailloux, on regarde les fleurs pousser…


Les bonnes adresses de Margaux prè
s de Biarritz

Un restaurant
Mon restaurant préféré est le C à Cenitz, pour son cadre absolument incroyable et sa cuisine délicieuse.
Le C, 257 chemin de Cenitz, 64210, Guéthary.

Un brunch
Quand on vivait en appartement, avant que le vortex de la maison de campagne ne nous aspire dans une dimension parallèle, on allait bruncher à la Beach House à Anglet, surtout aux beaux jours, pour profiter de leur piscine et du baby foot.
The Beach House, 26 avenue des Dauphins, 64600 Anglet.

Un bar
La cabane Etxola Bibi en haut de la plage des 100 marches, une buvette tapas ouverte du petit-déjeuner à l’apéritif avec une vue imprenable sur les montagnes, l’Espagne au loin, et la mer, la mer, la mer…
Etxola Bibi, Square Jean-Baptiste Lassalle, 64200 Biarritz.


Le blog de Margaux Motin
Dernier ouvrage paru : Margaux Motin rencontre la femme parfaite, Fluide Glacial-J’ai Lu, mai 2015, 16€.

M. D.

 

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