Ceux qui l’écoutent ou le lisent savent que David Abiker a le don de faire rire tout en faisant réfléchir. Journaliste touche-à-tout et un brin décalé, animateur sur Europe 1, auteur et chroniqueur pour GQ et Marie Claire, ce grand bavard parle en général de tout sauf de lui-même… Il a acceptéd’évoquer pour nous sa vie de père comblémais un peu larguéau pays des ados.
Aucun risque de sombrer dans l’ennui lors d’un déjeuner avec David Abiker. Vif et spontané, partageant avec plaisir et volubilité sa vision des choses et de l’air du temps, il est capable de gloser sur tous les sujets. L’actualité, la politique, le numérique, le menu du jour (il choisira le fish & chips et sera très déçu), les femmes… Ces dernières semblent susciter chez lui autant d’admiration que d’interrogations, qu’il partage dans une chronique mensuelle dans Marie Claire depuis plus de neuf ans, ce qui me pousse à lui demander s’il est féministe. « Oui mais non », me dit-il, avant de compléter : « Je suis évidemment pour l’égalité des sexes, mais je suis un macho inconscient comme beaucoup d’hommes ». Difficile à croire.
Le syndrome de la mère parfaite
Un fish & chips plus tard, je comprends que ce « macho inconscient » est plutôt un mari et un père sensible à la « cause » des femmes, qui analyse très bien le syndrome de la culpabilité maternelle : « je suis stupéfait par le niveau de perfectionnisme que s’imposent les femmes et les standards de qualité qu’elles attendent pour l’éducation de leurs enfants », un phénomène qu’il dit avoir « vécu et observé ». « Elles ont du mal à abandonner leur territoire aux pères et à laisser un peu de place à l’imperfection », plaide-t-il en donnant pour exemple l’épisode de la tétine qui tombe par terre et qu’il faut décontaminer « une centaine de fois » (sans exagérer). « Entre le concept d’enfant-roi, l’obsession hygiéniste et l’exigence sociétale de la mère parfaite, elles finissent par se créer elles-mêmes leur prison ». À bonne entendeuse : face à notre désir de perfection, les pères ne demanderaient qu’à faire de leur mieux mais avec moins de manières. Un nouvel argument en faveur du fameux « lâcher-prise »…
Planquez les écrans
Ce papa poule qui avoue avoir adoré pouponner à la naissance de ses filles, se sent un peu perplexe aujourd’hui, dans le rôle du « vieux père » (d’à peine 47 ans) face à ses deux ados de 12 et 16 ans… « Je passe ma vie à les engueuler et à planquer les téléphones et les ordinateurs ! ». Paradoxe ultime pour ce journaliste apôtre de la société numérique, omniprésent sur Instagram et Twitter : la confrontation des enfants aux écrans partout et tout le temps lui inspire la plus grande crainte. « À mon avis, la connaissance et le génie ne naissent pas des ordinateurs, il en faut plus pour structurer une pensée. On s’extasie sur un bébé d’un an qui sait manier un iPhone, moi je pense qu’on va droit à la catastrophe ! ». Un vrai livre en papier, un musée ou un bon film, il est bien décidé à tendre toutes les perches possibles à ses filles, comme un legs culturel indispensable pour qu’elles ne soient pas élevées dans un environnement entièrement Googlisé.
Un chien, une cuisine et un grand voyage
Pour faire face à cet âge moins tendre, et « parce que les câlins lui manquaient », il a adopté un chien. Un chien providentiel apparemment, « qui a remis de la fête dans la maison et détendu tout le monde, confie-t-il, y compris les parents ». Pour témoin, son compte Instagram surinvesti depuis peu par des portraits posés de son adorable Cavalier King Charles (alternant avec ses selfies costumés devenus l’une de ses spécialités… ). Et pour remettre toute la famille dans le droit chemin, il s’est surtout offert une belle et grande cuisine, une autre arme de choc pour faire décrocher tout le monde de son iPhone. Leur sujet préféré autour des repas en famille ? Les vacances, à savoir le prochain road-trip familial de trois semaines aux États-Unis, « rien de tel pour ressouder toute la famille ». Le « vieux » a plus d’un tour dans son sac…
M. D.
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