Certaines préfèrent couper totalement pour se consacrer entièrement à leur nouveau-né, d’autres ne décrochent jamais vraiment du boulot : quelle que soit la façon dont on envisage de vivre son congé maternité, le moment du retour au travail soulève questions et appréhensions. Entretien de reprise, horaires, charge de travail, missions, ambitions : quelles questions se poser et comment aborder chaque sujet avec sa hiérarchie ? Comment instaurer un dialogue avec son employeur, son manager ou son équipe, pour créer les conditions d’un retour serein au travail ? Avec la complicité de Choisir Ma Crèche, on a demandé à Judith Simon-Blanc, responsable du département social et engagement chez Garance mutuelles, actrice engagée des ressources humaines qui a mis la parentalité au cœur de sa mission, de nous aiguiller pour préparer cette transition et vivre au mieux la reprise du travail après un congé maternité.
Le congé maternité légal pour un premier ou deuxième enfant dure 16 semaines, 26 semaines pour un troisième enfant. On peut parfois décider de prolonger sous la forme d’un congé parental. Quelle que soit la durée de cette période consacrée à son bébé, à quel moment peut-on commencer à se préoccuper de son retour au travail, et comment s’y prendre ?
Cela dépend vraiment des sensibilités et souhaits de chacun mais il est toujours intéressant de garder un lien même informel avec ses collègues de travail ou son manager durant un congé parental (maternité, deuxième parent, adoption, parental d’éducation, etc.).
Il peut être aussi intéressant de s’informer régulièrement de l’actualité de l’entreprise sur les réseaux sociaux si elle y est présente. Si l’ambiance de travail s’y prête, proposer un déjeuner à son manager et éventuellement ses collègues peut être une bonne idée.
Je conseille toutefois minimum 1 mois avant la reprise du travail de se rapprocher à nouveau formellement du service RH de son entreprise et de son manager pour repréciser les conditions de la reprise dans ses tout premiers jours.
Également et s’il y a une difficulté à trouver un mode de garde adapté, ne pas hésiter à en faire part à son service RH, certaines entreprises proposent des accompagnements spécifiques. Lorsque ce n’est pas le cas, on peut poser la question d’une aide à mettre en place dans l’entreprise, ou d’une prolongation du congé maternité le cas échéant en mobilisant ses congés payés par exemple ou en prenant un congé parental d’éducation même court.
Enfin, il y a, selon certains choix maternels, la question de la poursuite de l’allaitement sur le lieu de travail à anticiper : connaître ses droits et les conditions dans l’entreprise (légalement la jeune maman a droit à une pause journalière de 2 fois 30 minutes, non rémunérée mais certaines entreprises la rémunèrent, c’est le cas chez GARANCE).
En savoir plus sur l’allaitement et la reprise du travail.
Encore une fois, poser les bonnes questions et être bien informée sur ses droits et sur les avantages proposés par l’entreprise en matière de parentalité est la clé (en sus de l’aide à la recherche d’un mode de garde, certaines entreprises comme GARANCE proposent une reprise progressive du travail sans perte de salaire – soit 15 jours à 80%-, durant les premières semaines d’un retour de congé parental). On peut aussi organiser un retour progressif au travail, en accord avec son employeur, en soldant une partie de ses congés payés en plusieurs jours répartis sur un ou deux mois, pour travailler à 80 ou 90% au moment de la reprise après le congé.
Pour en savoir plus sur la recherche d’un mode de garde et des dispositifs qui peuvent être proposés en entreprise, lire l’article Trouver un mode de garde : les démarches à faire pendant la grossesse.
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Comment se passe une procédure normale de reprise ? Légalement, un entretien de retour de congé maternité est prévu, ce rendez-vous est-il à l’initiative du manager ou du collaborateur ?
Effectivement, le Code du travail (article L. 6315-1) prévoit un entretien de reprise obligatoire dont le contenu est similaire à l’entretien professionnel qui a lieu tous les deux ans pour faire un point sur la carrière du collaborateur (envies de mobilité, formation, perspectives d’évolution, validation d’acquis, etc.). Cet entretien tenu avec l’employeur (en pratique le manager éventuellement accompagné d’un collaborateur du service RH) est « consacré à ses perspectives d’évolution professionnelle, notamment en termes de qualifications et d’emploi ». C’est donc un véritable moment de bilan professionnel, une opportunité d’échanger sur tous ces sujets.
C’est à l’employeur de proposer et d’organiser cet entretien au retour du congé maternité.
Certaines entreprises ajoutent d’autres points à aborder lors de cet entretien. C’est le cas chez GARANCE où l’entretien de reprise qui se tient avec son manager a pour objet :
– d’évoquer les conditions de la reprise ;
– d’informer le collaborateur des évènements intervenus pendant son absence concernant la vie au sein de l’entreprise et au sein de son équipe (département, direction, etc.) ;
– déterminer les éventuelles actions de formation à diligenter.
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Comment préparer cet entretien de reprise ? Quelles questions poser et se poser en amont ?
Cet entretien de reprise est l’occasion d’évoquer avec son manager/entreprise les conditions du retour au travail, le projet professionnel du collaborateur et les souhaits ou besoins en matière de formation professionnelle.
Il convient donc de réfléchir à l’ensemble de ces points en amont de celui-ci en demandant par exemple à en connaître le contenu et les questions exactes auprès de son service RH ou via les outils digitaux RH de tenue de ces entretiens qui sont mis à disposition des collaborateurs par certaines entreprises.
Il peut être aussi l’occasion d’évoquer ses nouveaux besoins en termes d’organisation du travail ou de flexibilité, d’évoquer par exemple les contraintes horaires liées au mode de garde ou des dispositions à prendre pour la poursuite de l’allaitement.
Également, il est important de savoir qu’une visite médicale de reprise et organisée à la suite du congé maternité.C’est à l’employeur de l’organiser, elle est obligatoire. Désormais, elle est souvent faite en visioconférence. Il faut savoir que le médecin du travail est soumis au secret médical, il informe le service RH à propos de la visite effectuée, et s’il identifie un besoin particulier d’aménagement ou d’organisation du travail, il fera remonter sa demande pour améliorer par exemple les conditions de travail de la salariée.
Avant la reprise on n’a pas toujours conscience de ce qu’implique notre nouvelle casquette de parent, l’organisation du quotidien est nouvelle, elle est en rodage avec le conjoint et les autres enfants s’il y en a, comment anticiper ce que l’on ne peut pas vraiment anticiper ?
Pas simple en effet de se rendre compte de la réalité quotidienne de la conciliation du travail et de la vie familiale, surtout quand il s’agit de son premier enfant. On tombe vite dans le travers de penser que cela va être comme avant, voire, après une absence, on a l’impression d’avoir à refaire ses preuves.
Là encore, ma recommandation est d’être informée au maximum des éventuels avantages collaborateurs qu’offrent l’entreprise à ses salariés parents (télétravail, congés enfant malade, aide à la recherche d’un mode de garde etc.) pour anticiper.
Il peut être intéressant, à l’issue de la reprise et de l’entretien de reprise, si tout n’a pas été calé ou qu’il y a une nécessité de réajuster certaines choses, de demander à son manager un nouvel échange. Je prône vraiment l’échange et la transparence avec la ligne managériale et le service RH.
Un podcast à écouter pour s’organiser au moment de la reprise du travail :
Conversations : réorganiser son quotidien quand on reprend le travail, avec Fabienne Broucaret, journaliste et auteure
Comment oser aborder certains sujets, se sentir légitime après ces semaines d’absence : là encore, la culpabilité s’invite souvent. On a l’impression que c’est le moment de montrer sa motivation, de refaire ses preuves, voire de faire profil bas…
Certes il y a une perte de flexibilité fréquente avec l’arrivée d’enfants mais il peut aussi y avoir une réorganisation de sa manière de travailler pour être encore plus efficace. Et puis, en tant que parent, on développe ou on renforce des softs skills très utiles dans le monde du travail : adaptabilité, créativité, gestion de crise et résolution de conflit, gestion des émotions, écoute active, etc. Il faut à mon sens en prendre conscience et ne pas hésiter à les mobiliser et à en faire une force.
Là encore, échanger franchement et en toute transparence avec son manager peut être intéressant afin de questionner ses attentes, les sujets importants du moment et l’organisation projetée pour atteindre les objectifs fixés. Cela peut parfois permettre de constater que la pression que l’on se met au retour d’un congé parental n’a pas lieu d’être finalement. Mais encore une fois tout dépend de l’environnement de travail et de l’entreprise et cela n’est pas toujours simple. En cas de difficultés il ne faut pas hésiter à se rapprocher de son service RH pour chercher des solutions et ne pas laisser perdurer la situation.
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Comment témoigner de sa motivation et de son implication auprès de son manager dans cette période, sans nier nos besoins d’ajustements ou d’organisation ?
Se montrer engagée, enthousiaste, valoriser les compétences comportementales développées en tant que parent et en faire une force au travail et, encore une fois, être dans une relation de transparence avec son manager (même si là encore ce n’est pas toujours aisé partout).
Mais en cas de besoin de partir plus tôt par exemple, il peut être ponctuellement intéressant de montrer que cela n’est pas un problème de retravailler plus tard, après un temps consacré à sa vie familiale, si le sujet devait être rapidement traité par exemple. Avec la crise sanitaire, le besoin de flexibilité s’est accru et les habitudes et pratiques des entreprises évoluent également avec des gains de flexibilité à la clé dans certaines organisations, qui peuvent bénéficier aux collaborateurs parents.
Attention, il ne faut pas tomber non plus dans le sur-engagement au risque de déséquilibrer ses temps de vie personnelle et familiale. L’équilibre n’est pas simple à trouver pour les collaborateurs mais il faut aussi qu’ils se sentent suffisamment à l’aise dans l’entreprise pour pouvoir s’organiser au mieux tout en restant engagés et productifs. Et je reste intimement persuadée que pour une entreprise, « Accompagner la parentalité c’est aussi favoriser l’égalité de genres et faire progresser la société ».
Cet article a été initié et rendu possible grâce au soutien de Choisir Ma Crèche, un service gratuit qui vous accompagne pour trouver une place en crèche grâce au système des berceaux d’entreprise. Pour en savoir plus, lisez notre article et inscrivez-vous sur le site de Choisir Ma Crèche, vous serez rappelée dans les 48h et n’aurez plus qu’à vous laisser guider.
Réalisation : Les Louves X Choisir Ma Crèche
Crédit photo (couverture) : iStock