Alors que l’épidémie s’accroît et que l’anxiété et les masques se voient de plus en plus sur les visages, que dire à nos enfants, y compris nos tout-petits sur ce virus et sur le fait que le quotidien va changer ? On a abordé ce sujet avec Maelys Le Levreur, éducatrice de jeunes enfants, éducatrice Montessori, et directrice de crèche.
Comment expliquer pourquoi crèches et écoles sont fermées aux petits et tout petits ?
Dès lundi, notre quotidien va changer, plus de crèches, d’écoles et universités… Là où les plus grands vont être contents de rater l’école, les plus petits eux, ne vont pas comprendre pourquoi ils ne peuvent pas aller à la crèche.
Avant 5 ans, l’enfant est assez autocentré, ce qui se passe en dehors de sa famille, sa crèche et sa maison lui passe un peu au-dessus de la tête. Pas besoin donc de l’inquiéter, ni de lui sortir un schéma du corps humain, mais, hors de question de lui cacher les choses pour autant. Pourquoi alors ne pas leur expliquer les choses simplement ? Il y a un virus qui se balade et pour ne pas se le donner, on va rester un peu à la maison et quand il sera parti, on retournera à la crèche.
Comment leur parler du coronavirus sans leur faire peur ?
La transmission de notre peur peut en effet être rapide et, pour l’enfant, la peur représente un élément dans son environnement qui lui est inconnu et qu’il ne sait affronter. C’est un message envoyé à son cerveau pour lui dire que la situation n’est pas normale. Sans nos mots, il ne pourra donc pas décharger cette émotion et restera en tension.
Il faut donc lui raconter ce qui se passe en adaptant les mots : un virus peut donner une maladie. Un virus, c’est comme une petite bête qui peut être méchante et qui peut donner une maladie et ce n’est pas drôle d’être malade, on se sent faible, on a mal à la tête, au ventre… Ne rentrez pas dans des explications sur les micro-organismes tout de suite.
Ce virus peut entraîner la mort, c’est vrai, mais chez les personnes déjà fragiles. La peur du tout-petit sera que la mort soit contagieuse, ainsi si « grand-père est mort parce qu’il était malade », il va avoir peur à son prochain coup de froid ou au vôtre qu’il lui arrive la même chose. Non, grand père est mort parce qu’il avait une grave maladie et que le virus est venu en plus et que, même avec des médicaments, cela n’a pas suffi à le guérir. Encouragez-le à s’exprimer et à poser ses questions qui seront souvent très concrètes.
Comment ne pas leur transmettre notre anxiété ?
La vérité reste la meilleure solution. Il est primordial de parler ouvertement de cela avec l’enfant pour ne pas qu’il s’en fasse une fausse idée et qu’il soit seul face à son imaginaire déjà débordant. Ne lui cachez pas votre anxiété, par contre, permettez-lui de ne pas avoir la même ! Optez pour une explication franche : « j’ai peur du virus mais toi, tu as le droit de ne pas en avoir peur. »
À partir de quel âge doit-on mettre des mots sur ce sujet ?
Vos enfants vous connaissent par cœur et ont déjà remarqué vos changements d’habitudes, vos sourcils parfois froncés, le gel hydro-alcoolique qui est apparu dans la maison, les masques sur les visages alors, je suis pour leur expliquer quel que soit leur âge. Mettre des mots sur les maux devrait être fait dès le plus jeune âge.
Comment les encourager à adopter les bons gestes et la bonne attitude ?
Un bon lavage de mains permet d’enlever environ 80% des microbes. Votre enfant apprend avant tout par mimétisme, donc à vous de montrer l’exemple. Prenez le temps de le faire lentement afin qu’il puisse s’imprégner de vos gestes. Pourquoi ne pas chanter une petite chanson pendant ce moment, ou mettre des images rigolotes au-dessus du lavabo ?
N’oubliez pas qu’avant 4 ans, ce lavage restera assez approximatif, donc n’hésitez pas à l’aider.
Et si vous profitiez du virus pour apprendre à votre enfant à prendre soin de lui ? Apprendre à se moucher et à jeter le mouchoir, apprendre à tousser dans son coude… Faites-en des jeux et dites-vous que prendre soin de soi aide à prendre confiance en soi, et apprend aussi le respect de l’autre et ce qu’est la vie en société.
Ce virus va aussi forcer les adultes à arrêter de « bisouiller » les enfants et ça ce n’est pas mal non ? En effet, pourquoi nos enfants sont-ils toujours obligés de faire des bisous ? Nos enfants aussi ont le droit d’être timides et de dire bonjour avec la main ou un sourire, c’est déjà bien non ?
Des lectures ou des activités recommandées pour cette période à la maison ?
Il existe des petites encyclopédies pour enfants, type Kididoc, qui expliquent ce qui se passe dans le corps humain, ces livres peuvent donc vous servir de support pour en parler.
Pour les petits, un classique qui pourrait être détourné : Va-t’en Grand Monstre Vert, c’est l’histoire d’un monstre (vert donc) que l’on fait disparaître petit à petit en tournant les pages.
Pour les plus petits, pourquoi ne pas faire des jeux avec les poupées que l’on soigne, qui prennent le bain, des jeux de mimes aussi où on appelle les copains de la crèche pour savoir comment ils vont ?
Mais surtout faites ce qui vous fait plaisir et ce qui vous parle, et prenez soin de vous aussi, pourquoi ne pas faire du yoga avec votre enfant par exemple ? Le livre Le yoga des Petitspourra vous y aider par exemple.
Ne vous obligez pas à faire ce que vous n’aimez pas, par exemple la peinture, vous ne passerez pas un moment agréable et votre enfant non plus.
Ton conseil aux parents pour les prochaines semaines ?
Encouragez votre enfant à s’exprimer et à poser toutes les questions qu’il veut, elles seront souvent très concrètes et lui sera avide de vérité.
Ne lui mentez pas, ce ne sont pas des vacances, c’est d’ailleurs pourquoi vous devez parfois travailler à la maison. Pendant les vacances, on se réunit, on voit les cousins et les grands-parents. Les vacances riment avec détente et convivialité. Là, bon, c’est presque ça….
Et surtout rassurez-le : « Si tu es malade, je serai là et je prendrai soin de toi mais en attendant, faisons une barrière à ce virus en restant à la maison! »
Maelys Le Levreur accompagne les jeunes et futurs parents personnellement et lors de conférences ou de permanences parentalité au sein des entreprises. Plus d’infos sur son site My Little Coaching et sur son compte Instagram @mylittlecoaching
Crédit photo : Belly Balloon Photography / Les Louves