Devenir mère pour la première, la seconde ou la quatrième fois est un bouleversement total de l’équilibre psychique, physique et logistique. Longtemps sous-estimé voire négligé, l’impact de la maternité sur la santé mentale des femmes est enfin mieux considéré et mieux pris en charge. On fait le point, dans cet article, sur les signes révélateurs d’une dépression post-partum et l’attitude à adopter pour l’éviter ou la soulager.
Chaque année en France, 100 000 femmes (soit 15% des jeunes mamans) souffrent de dépression post-partum selon une enquête Opinion Way réalisée en 2021. En réalité, révèle ce même sondage, 30% des mères (et 18% des pères) disent avoir rencontré « des difficultés concernant leur moral dans la période du post-partum ». Pourtant, concrètement, 7% des jeunes mères seulement se sont effectivement vu diagnostiquer une dépression post-natale. Et, toujours en 2021, 78% des couples n’avaient pas entendu parler du risque de développer des troubles dépressifs dans les mois suivant la naissance d’un enfant, lors d’une consultation médicale prénatale. Ces différents chiffres sont révélateurs : la dépression post-partum est encore mal connue et, jusqu’à récemment en tout cas, très largement sous-diagnostiquée.
Pourtant, son impact sur la santé mentale à court, moyen et long termes est loin d’être négligeable. Pour la femme bien sûr, pour le couple également. Mais aussi pour l’enfant : une étude britannique montre que si un état dépressif sévère s’installe durablement chez sa mère, le risque que l’enfant souffre de troubles du comportement à l’âge de 3 ans et demi est augmenté, tout comme celui que l’enfant souffre à son tour de problèmes dépressifs à l’adolescence.
Alertées par ce constat, les autorités françaises ont mis en place, en 2022, un système de détection de la dépression post-partum grâce à une consultation dédiée cinq semaines après l’accouchement (renouvelée douze semaines après la naissance pour les patientes considérées comme « à risque »). Un premier pas mais loin d’être suffisant si l’on se réfère aux recommandations de l’Académie de pédiatrie américaine selon laquelle la survenue des symptômes dépressifs devrait être surveillée pendant au moins 24 mois après la naissance.
Quels sont les symptômes d’une dépression post-partum ?
On l’a souvent assimilée à tort au baby blues, cette phase transitoire (effrayante si l’on n’est pas prévenue) qui survient généralement 2 à 3 jours après l’accouchement et prend la forme de pleurs incontrôlables, d’une fatigue intense, d’anxiété… Couramment justifié par la chute hormonale post-accouchement, le baby blues s’apparenterait davantage, selon certaines études à une réaction post-traumatique. Il touche 50 à 80% des femmes et doit s’estomper dans les deux semaines. Si les symptômes persistent… consultez votre médecin ! Un baby blues qui s’éternise peut en effet conduire à un état dépressif plus intense et, surtout, durable.
Concrètement, la dépression post-partum est, comme une dépression « classique », caractérisée par une perte d’intérêt ou de plaisir, une perte ou une prise de poids importante, des insomnies ou une hypersomnie, un sentiment d’inutilité, de culpabilité, une baisse de la capacité de concentration, des pensées suicidaires… Parmi les symptômes typiques (et particulièrement terrifiants à vivre) : les phobies d’impulsion, traduisez la peur, en l’occurrence, de faire du mal à son bébé.
Une dépression post-partum est généralement diagnostiquée lorsque plusieurs de ces symptômes s’installent pendant au moins deux semaines et qu’ils sont d’une intensité suffisante pour altérer la vie quotidienne de la patiente.
Une vigilance particulière s’impose pour de nombreuses femmes et notamment celles qui ont connu un épisode de baby blues intense, des antécédents de dépression (post-partum ou non) personnels ou familiaux, celles qui manquent de soutien (financier, émotionnel, logistique) de leur partenaire ou de leur famille, ont des antécédents de changements d’humeur associés aux cycles menstruels (SPM). Celles qui rencontrent des problèmes d’allaitement, ont vécu leur grossesse dans une certaine ambivalence (si elle n’était pas prévue par exemple), si elles ont vécu un épisode traumatisant lié à la maternité (fausse couche, accouchement prématuré, admission du nouveau-né en soins intensifs, enfant porteur de malformations congénitales) sont plus à risque de souffrir de dépression post-partum. Notons que si les primo-parturientes (qui ont un seul enfant) sont plus souvent touchées, il est tout à fait possible de l’être pour la première fois après la naissance du second ou du troisième enfant.
Comment éviter qu’un état dépressif post-natal ne survienne ou s’installe ?
Le secret pour éviter de sombrer ou pour s’en sortir ? En parler. Facile à dire, moins à faire pour 20% des jeunes mères ayant traversé un épisode dépressif, qui n’ont pas osé s’exprimer par honte. Les autres, globalement, en parlent en priorité à leurs proches, un premier pas essentiel : le rôle du conjoint, souvent le premier concerné par un ajustement de l’organisation familiale qui contribue à soulager la mère d’une trop grande charge mentale ou physique, est fondamental. Celui des parents ou des ami(e)s qui peuvent apporter un soutien si ce n’est logistique, au moins psychologique, compte également.
Anticiper le risque de dépression post-partum en organisant la période post-natale est un rempart. Conjoint, famille, amis, aides si possible… Toute jeune maman doit pouvoir compter sur une ou des personnes de son entourage pour prendre le relais quelques heures, gérer des tâches domestiques voire le bébé. Et ceci, si possible, durablement. La période « critique » s’étend bien au-delà des trois mois généralement considérés comme ceux du post-partum.
Au-delà de celui de l’entourage, le soutien de professionnels de santé ou de la périnatalité doit absolument être sollicité dès qu’un début de dépression post-postnatale est soupçonné. Médecin traitant, sage-femme, infirmière, puéricultrice, interlocuteurs rencontrés en PMI, doula… sont formés pour entendre la souffrance des jeunes mères et les aider à la prendre en charge. La verbalisation des émotions, l’expression du mal-être, l’identification de l’origine des difficultés et la mise en place de stratégies pour les contourner sont souvent suffisants pour soulager la jeune maman.
Dans de nombreux cas, une psychothérapie (éventuellement couplée à un traitement médicamenteux, qui peut être tout à fait compatible avec l’allaitement le cas échéant) est nécessaire. Thérapie cognitivo-comportementale, psychothérapie de soutien, psychothérapie psychodynamique, thérapie mère-bébé… Différentes techniques ont montré leur efficacité.
Si, pour des raisons d’organisation (fréquentes lorsqu’on est jeune maman) ou de disponibilité à proximité du domicile, un rendez-vous physique rapide est impossible, pensez aux consultations à distance (avec un médecin ou un psychologue). Elles sont désormais accessibles facilement via des plateformes telles que Qare, Livi ou encore Doctolib.
Quel que soit l’âge de votre bébé, si vous vous sentez dépassée, surmenée, triste, anxieuse, prenez quelques minutes pour répondre au questionnaire de dépistage de la dépression post-partum sur le site 1000 premiers jours. Et quel que soit le résultat : parlez-en autour de vous et gardez à l’esprit que vous n’êtes vraiment pas seule dans cette situation.
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Crédit photo : Nathan Dumlao / Unsplash