L’année scolaire est terminée, et un sujet occupe l’esprit de nombreux parents d’enfants qui feront leur rentrée scolaire en septembre : l’acquisition de la continence. La fameuse question « est-il propre ? » occasionne bien souvent quelques angoisses en cette période de l’année. Que se passe-t-il physiologiquement et psychiquement pour mon enfant ? À quel âge peut-il se passer de couches et comment savoir si c’est le bon moment ? Comment l’accompagner dans cette nouvelle acquisition de jour et de nuit ? Quelles astuces pour y parvenir sereinement ? Comment gérer les sorties durant cette période ? Voici quelques pistes pour vous guider dans cette nouvelle étape de la vie de votre enfant.
La fin des couches : que se passe-t-il physiologiquement et psychiquement ?
En premier lieu, on parlera de continence et non de propreté, qui sous-entendrait que votre enfant serait sale s’il a une couche. La continence, c’est l’acquisition du contrôle des sphincters. Pour devenir continent, l’enfant doit sentir que sa vessie et son rectum sont pleins, puis comprendre que quelque chose va sortir de son corps et enfin décider de se retenir ou d’aller vers le pot ou les toilettes. Pour cela, il doit donc être prêt dans son corps et dans sa tête. Comme pour la marche ou toute autre acquisition, ce n’est pas l’adulte qui décide quand l’enfant est prêt, mais l’enfant lui-même. Il n’est pas rare, au début, que l’enfant manifeste une crainte de perdre un morceau de lui en voyant son pipi et son caca dans le pot, ce qui peut être angoissant. Devenir continent signifie également que votre enfant est prêt à devenir plus autonome, à grandir, à accepter que papa ou maman ne change plus la couche comme avant. Pour cela aussi il faut être prêt. Cette étape peut aller vite, l’enfant décide du jour au lendemain que la couche n’est plus nécessaire. Pour d’autres, cela peut prendre plusieurs mois. Chaque enfant a son propre rythme, d’autant que cette étape arrive dans une période de développement déjà très dense pour lui avec le langage, le « non », le « je », parfois l’arrivée d’un autre enfant dans la famille, l’approche de l’école…
À quel âge mon enfant peut-il se passer de couches et comment savoir s’il est prêt ?
La continence de jour peut arriver entre 18 mois et 4 ans. Celle de nuit est un peu plus tardive, pas d’inquiétude avant 6 ans. Encore une fois, chacun son rythme. Par crainte de l’école qui approche et l’injonction à la continence, un stress s’installe, ce qui peut aussi freiner l’enfant dans son acquisition. Pour savoir s’il est prêt voici quelques éléments :
– Réclame-t-il le pot ou les toilettes ?
– Sait-il se déshabiller en partie seul ?
– Sa couche est sèche quand vous la changez ?
– Sait-il monter les marches un pied après l’autre ?
– Sait-il exprimer ses besoins, montrer que sa couche est pleine ?
– Sait-il dire des phrases simples ?
Tous ces indices peuvent vous faire penser qu’il est en bonne voie pour arrêter la couche.
Pour le sommeil, si la couche est sèche au réveil pendant plusieurs jours, alors on peut l’enlever en commençant par les siestes. Si tout va bien, on enlève la couche la nuit.
Comment l’accompagner dans cette nouvelle acquisition ?
Tout d’abord en parler avec votre enfant. Lui expliquer les parties de son corps et comment il fonctionne : « Le corps reçoit de la nourriture pour bien grandir et être en pleine forme, et tout ce qui n’est pas utile au corps est rejeté dans le pipi et le caca ». Lui montrer les toilettes, lui expliquer où partent le pipi et le caca quand on tire la chasse d’eau. L’enfant peut dire au revoir à son pipi et son caca, cela peut le rassurer.
Puis lui dire que quand il aura envie, il pourra aller sur le pot. On lui demande ce qu’il en pense. Bien lui dire que c’est lui seul qui décidera quand il voudra y aller et quand retirer sa couche. C’est son corps, son pipi et son caca, et personne ne peut décider pour lui. Pour démarrer, on peut proposer des couches culottes qu’il peut retirer seul, puis des culottes ou slips qui lui plaisent. On privilégie également les tenues faciles à mettre et à retirer tout seul (exit la salopette et les fermetures complexes.)
On évite aussi le pot en plein milieu du salon. On respecte l’intimité de son enfant qui n’a peut-être pas du tout envie que tout le monde le regarde ou qu’on le prenne en photo sur le trône. Pas besoin non plus d’une pile de livres ou de jeux pour faire diversion, on le laisse se concentrer sur ce qu’il fait.
Par ailleurs, il est aussi important de dire à votre enfant que s’il en a besoin vous êtes là pour lui, que vous avez confiance, qu’il va y arriver. On félicite, on encourage, mais on n’en fait pas des tonnes non plus. Le chantage à la récompense n’est pas indispensable. On peut lui proposer d’aller sur le pot au coucher, au réveil, avant une sortie, mais on ne lui propose pas toutes les demi-heures. Il est important que l’enfant écoute son corps par lui-même, sinon il pourrait croire qu’il ne peut aller aux toilettes que quand l’adulte le lui dit.
Les livres pour parler couches et pot à votre enfant
– Qu’y a-t-il dans ta couche ? Guido Van Genechten
– De la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête – Werner Holzwarth et Wolf Erlbruch
– Pipi, caca, prout – Jessica Cymerman
– Gros pipi – Emile Jadoul
Le pot : quelles astuces pour y passer sereinement ?
Démarrer cette nouvelle acquisition durant une période pleine de changements (déménagement, arrivée d’un autre enfant…) peut faire beaucoup pour votre enfant. Préférez aborder ce sujet quand votre enfant est disponible. Par ailleurs, vous l’aurez compris, comme pour beaucoup d’acquisitions ou d’apprentissages, rien ne sert de forcer. À coup sûr, cela aura l’effet inverse. S’il se sent forcé, il se retiendra, au risque d’être constipé.
L’observation de votre enfant, l’encouragement, le dialogue et la patience sont les maîtres mots pour vivre cette nouvelle étape en douceur pour tout le monde. Il est important de laisser à votre enfant le temps dont il a besoin pour grandir, se sentir suffisamment prêt et en sécurité pour aller sur le pot. Pas de panique si cela ne vient pas tout de suite.
Enfin, si rien ne se passe sur le pot, si votre enfant n’y reste pas, ou s’il fait dans sa culotte, on évite toutes remarques négatives et on ne parle pas « d’accident ». On continue d’être encourageant, et on dit à son enfant que ça viendra bientôt. Si votre enfant fait dans sa culotte plusieurs fois de suite, on lui propose de remettre une couche, qu’il enlèvera de nouveau dans quelques jours. Enfin, il est utile d’échanger avec le lieu de garde de votre enfant sur ce que vous avez mis en place, cela garantit de la cohérence à votre enfant.
Comment gérer les sorties pendant le passage des couches au pot ?
Si vous démarrez l’arrêt de la couche et que vous partez loin, alors, expliquez à votre enfant que pour qu’il soit plus à l’aise sur la route, il est préférable de remettre une couche. Dès son arrivée, il pourra l’enlever. Si vous faites une balade rapide, proche de chez vous, il n’est pas nécessaire de remettre de couche, sauf si votre enfant vous le demande. Prévoir un change dans un sac au cas où.
N’oubliez pas, votre enfant ne grandit pas pour faire plaisir à ses parents, mais pour lui.
Stéphanie de Boüard est consultante périnatale. Retrouvez-la sur son site ou sur Instagram.
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