On ne sait jamais combien de semaines ou de mois vont s’écouler entre le moment où l’on décide que l’on est prête à concevoir un enfant et celui où le projet deviendra réel, le test de grossesse affichant les deux barres tant espérées. Pour certaines cette attente est insupportable, on compte les jours, on use à volonté des tests d’ovulation, on planifie… Pour d’autres le chemin est plus doux, mais la peur de ne pas y arriver reste ancrée en nous toutes. Comment gérer cette période où notre désir d’enfant a tendance à prendre toute la place ? Quel est le rôle de notre mental dans cette période de préconception ? Au bout de combien d’essais faut-il consulter pour envisager un diagnostic ? On a posé nos questions à Déborah Schouhmann Antonio, thérapeute en périnatalité et infertilité, auteure du livre Infertilité, mon guide vers l’espoir (Jouvence éd.).
Comment gérer cette période où notre désir d’enfant a tendance à prendre toute la place ?
Le désir d’enfant qui n’est pas encore abouti est un mécanisme psychologique qui va de manière insidieuse et progressive prendre toute la place dans notre vie. Il va mettre à l’index ou réduire ainsi l’intérêt que nous portons sur les autres projets personnels ou professionnels. Ce mécanisme va également créer une forme d’isolement social.
Il ne suffit pas d’essayer d’enterrer ce désir en essayant de ne pas ou peu y penser. Cela est quasiment impossible et inutile. Plus nous cherchons à ne pas penser à quelque chose plus il prend de place dans notre psychisme.
En revanche,
- Être entourés de la bonne équipe médicale qui nous rassure et nous accompagne au mieux,
- Savoir nourrir les autres pans de sa vie et continuer à avoir des projets, même petits,
- Savoir être bienveillante et à l’écoute de soi, de ses envies, de ses désirs, et savoir s’occuper de soi,
Voilà des éléments qui permettent de se rassurer, de remplir sa confiance et son estime de soi mais aussi de garder un regard aimant sur soi !
Quel est le rôle de notre mental dans cette période de préconception ?
Je ne crois pas au fait que plus nous positivons et plus nous allons mettre les chances de notre côté dans la réussite de ce projet. Je pense que savoir s’écouter et accueillir nos émotions est essentiel. Mettre nos émotions en sourdine ou les faire taire nous coupe de notre véritable ressenti. En revanche, essayer de comprendre ce que nous ressentons et pourquoi ce désir est si présent et puissant est important.
Les parcours peuvent être longs et la manière d’appréhender le temps différent pendant cette période. L’attente de l’enfant et les parcours médicalisés qui les accompagnent demandent de maîtriser son effort pour ne pas s’épuiser. Accepter les moments de tristesse ou de douleur, prendre du recul, en acceptant de faire à son rythme et en prenant des pauses pour garder la tête froide, permet de prendre les décisions en toute clairvoyance et avec plus de sérénité.
On nous conseille souvent quand on cherche à tomber enceinte de « lâcher prise » qu’est-ce que ça veut dire et comment est-ce possible ?
Ce célèbre « lâcher prise », il faut le définir de la bonne manière c’est à dire être actif quand nous pouvons agir sur certains paramètres (prise de rendez-vous, examens). En revanche, apprendre que tout n’est pas contrôlable et qu’à certains autres moments nous devons avoir une prise de recul et savoir savourer le moment présent, savoir se chouchouter et se reconnecter au plaisir du quotidien.
Au bout de combien d’essais faut-il consulter pour envisager un diagnostic ?
Les préconisations sont vraiment à retenir pour jauger du moment idéal pour consulter.
Si vous avez moins de 35 ans, et pas d’antécédents gynécologiques (règles douloureuses, fibromes, cycles irréguliers…), vous pouvez consulter au bout d’un an d’essai et demander un bilan complet de fertilité pour le couple. Le bilan doit en effet être réalisé pour les deux membres du couple afin d’avoir une vision totale des paramètres.
Si vous avez plus de 35 ans, et/ou des antécédents gynécologiques (règles douloureuses, fibromes, cycles irréguliers…) : vous pouvez consulter au bout de six mois d’essai et demander un bilan complet de fertilité pour le couple.
Faire un bilan de fertilité permet, si rien de négatif n’en ressort, de vous rassurer, ou dans le cas contraire de pouvoir sans perdre de temps être aidée médicalement dans vos essais.
Vous pouvez demander ce bilan à votre gynécologue de ville.
Déborah Schouhmann Antonio est thérapeute en périnatalité et infertilité, thérapeute du couple et de la famille, coach et sexo-thérapeute. En plus de ses consultations, Déborah anime des groupes de parole au sein de l’Hôpital Américain (Neuilly). Elle est l’autrice du livre Infertilité, mon guide vers l’espoir (Jouvence éd.).
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