Ces questions ont sans doute effleuré l’esprit de toutes les mamans de garçon : mon fils sera-t-il respectueux des femmes ? Aura-t-il les armes nécessaires pour échapper aux terribles stéréotypes de genre qui formatent nos enfants dès le plus jeune âge ? Ou est-il condamné à devenir macho malgré-lui ? L’un de ces enfants qui trouvent que « le rose est une couleur de filles », que le copain qui fait de la danse est un peu bizarre et que ranger la maison est une activité féminine…
Véritable source d’angoisse pour les plus ardentes féministes d’entre nous, préoccupation secondaire mais bien réelle pour une majorité de mamans, cette question mérite quoi qu’il en soit d’être considérée. Quelques éléments de réponse se trouvent dans un essai bien documenté et récemment publié aux éditions Marabout : Tu seras un homme féministe mon fils, d’Aurélia Blanc. Voici ce que nous avons retenu de ce livre qui se présente comme le premier manuel d’éducation non-sexiste à l’usage des parents de garçons.
1. Nous avons tous des biais sexistes et il est important de commencer par s’interroger
Formatés par la société et les stéréotypes qu’elle véhicule en permanence, tous les jeunes parents, à de très rares exceptions près, traitent de manière sensiblement différente leurs enfants en fonction de leur sexe. Sans le vouloir, nous avons des automatismes et sommes tentés, par exemple, de moins consoler un petit garçon qui pleure (parce qu’il doit se montrer fort) tandis que nous encourageons davantage les petites filles à exprimer leurs émotions, explique en substance l’auteure : « Nous avons tendance à parler aux garçons avec un langage dit « instrumental » (qui renvoie à des actions, des faits, des explications), alors que nous allons mobiliser un registre plus affectif et plus émotionnel avec les filles. »
Pour avancer sur le chemin d’une éducation non-sexiste, Aurélia Blanc suggère de questionner nos manières d’agir et d’interroger nos faits et gestes les plus banals. « Un exercice sans fin », admet-elle.
2. Lui proposer des activités variées, même si elles nous semblent plutôt réservées « aux filles »
Il est aujourd’hui admis que les garçons sont généralement meilleurs en mathématiques et que les filles ont un langage plus développé. La science tend même à le démontrer à travers d’innombrables études… Qui, l’auteure l’explique dans son livre, sont largement biaisées par la manière même dont elles sont menées : le plus souvent sur des enfants, des ados ou des adultes conditionnés par leur éducation.
On le sait en effet désormais, les enfants développent des compétences en fonction des activités qui leur sont proposées dès le plus jeune âge. Un enfant qui joue au foot ou, d’une manière générale, beaucoup à l’extérieur, acquerra plus facilement (ou plus tôt) des repères spatio-temporels, l’esprit d’équipe et de compétition. D’où une plus grande maîtrise du sens de l’orientation et de l’occupation de l’espace (et une lecture facilitée d’une carte routière !), mais aussi, a priori, une plus grande combativité. Ceux à qui l’on propose des activités symboliques (jouer à la marchande, à la poupée ou à la cuisine) développeront de leur côté leur langage et donc leur intelligence sociale.
Pour élever un garçon loin des stéréotypes, évitons donc de lui proposer exclusivement des activités « masculines ». Certes, les « jeux dits « de garçon » confrontent plus au réel et permettent de développer l’estime de soi ». Pourtant, l’auteure le rappelle, « permettre à nos garçons de jouer loin des clichés, c’est leur donner l’opportunité de développer le meilleur d’eux-mêmes. Ils ont plus de centres d’intérêt, ils se sentent légitimes dans plus de domaines, ils sont moins sujets à la menace du stéréotype. En un mot, ils sont plus épanouis. » En somme, leur permettre d’accéder à tous types de jeux et d’activités les aide à devenir des êtres entiers qui n’auront plus besoin, pour se sentir valorisés, de dénigrer l’autre sexe.
3. Passer le mot et donner l’exemple
De la crèche à l’école, des grands-parents aux meilleures copines, il suffit d’observer pour le constater : l’immense majorité des personnes de notre entourage, aussi bienveillantes et éduquées soient-elles, sont bercées par ces automatismes qui contribuent à perpétuer des réflexes, des clichés et des générations de garçons (et de filles !) dotés d’une vision sexiste du monde. Pour faire notre part, commençons par montrer l’exemple. Et cela débute à la maison. Si les tâches domestiques sont réparties selon le schéma classique, il y a fort à parier que maman soit « en charge » de plus de 7 tâches ménagères sur 10. Revoyons dans ce cas sans tarder l’organisation familiale et impliquons nos garçons dans la vie domestique, dès leur plus jeune âge. À la clef : la démonstration que les femmes ne sont pas les seules à savoir ranger le salon ou à coudre un bouton. Et, en prime, une responsabilisation de l’enfant qui gagnera en estime de lui-même.
À l’école aussi les clichés sexistes ont la peau dure. Les parents d’élèves auront raison, comme le suggère Aurélia Blanc, de rappeler aux enseignants « que l’Education nationale fixe un certain nombre d’objectifs par rapport à l’égalité filles-garçons et demander ce que fait l’établissement sur le sujet. » À défaut d’engendrer une réaction concrète, l’idée ainsi semée fera forcément son chemin…
Pour aller plus loin :Tu seras un homme féministe mon fils, Aurélia Blanc, éditions Marabout