Apprendre à gérer la douleur, contrôler son stress et maîtriser sa respiration : l’hypnose est une méthode de préparation à l’accouchement particulièrement recommandée pour les futures mamans qui ne peuvent ou ne souhaitent pas avoir recours à une péridurale. Elle apporte également des clefs précieuses pour toutes les femmes enceintes qui souhaitent aborder sereinement le jour J.
Qu’est-ce que l’hypnose ?
L’hypnose peut être définie comme un état de conscience modifié, qui repose sur la dissociation entre le corps et l’esprit. « C’est un état naturel, que l’on vit régulièrement, par exemple quand on conduit sur une autoroute, et que l’on pense au dîner que l’on va préparer le soir-même », explique le Dr. Henri Bensoussan, médecin anesthésiste réanimateur et hypnothérapeute à la Polyclinique de Riaumont à Liévin. L’hypnose permet de créer cette dissociation de façon volontaire. On peut arriver à un état d’hypnose seul (on parle alors d’auto-hypnose) ou accompagné par un thérapeute (hétéro-hypnose).
L’hypnose comme méthode de préparation à l’accouchement
Anesthésiste réanimateur depuis 33 ans, le Dr. Bensoussan a développé son activité d’hypnothérapeute spécifiquement en maternité, en prenant conscience des besoins en obstétrique. Face à des femmes ne pouvant ou ne souhaitant pas bénéficier d’une péridurale, l’hypnose est en effet un puissant allié pour gérer les contractions et supporter la douleur d’un accouchement. Et pour les autres futures mamans, elle peut également être une méthode de préparation qui s’insère dans la lignée du yoga, de la sophrologie ou de l’acupuncture. « Même si la maman accouche sous péridurale, les exercices d’hypnose sont utiles, ils apportent un vrai confort, un peu moins de stress, et des outils pour l’aider pendant les premières heures de travail le jour J».
Comment se déroulent les séances de préparation ?
Le Dr. Bensoussan conseille de démarrer les séances d’hypnose au sixième mois de grossesse, à raison d’un rendez-vous d’une heure tous les quinze jours. « On apprend essentiellement à gérer la douleur ». La gestion de la douleur prend du temps et requiert de se familiariser avec plusieurs techniques. Parmi les techniques les plus utilisées : le transfert de la douleur. « Cela peut être le fait de transférer sa douleur sur une autre partie de son corps, un exercice aisé quand on est en état de transe hypnotique : chaque fois qu’une contraction arrive, la future maman peut ainsi déplacer sa douleur au pied par exemple ; en créant une seconde douleur artificielle, elle distrait son cerveau et ne ressent plus la contraction ». Une autre technique consiste à faire réaliser à la patiente des tâches inutiles : pendant que toute sa concentration est focalisée sur cette tâche, elle va oublier sa contraction douloureuse. « On peut aussi demander à la future maman de s’imaginer dans un endroit agréable prédéterminé, où elle peut se réfugier quand la douleur se fait sentir », confie le Dr Bensoussan.
La préparation avec hypnose met également l’accent sur la sensorialité, avec des exercices permettant de travailler sur les muscles du périnée et la dilatation du col utérin. «Je demande par exemple à ma patiente de visualiser son bébé, et le chemin qu’il reste à parcourir par son nouveau-né ».
Récupération et respiration
Les séances peuvent également donner des clefs pour récupérer entre deux contractions au moment du travail précédant l’accouchement. « J’apprends à mes patientes à alterner entre une contraction et une phase de relaxation profonde immédiate, un peu sur le modèle des micro-siestes des navigateurs », raconte le Dr. Bensoussan.
Le travail sur la respiration est également primordial. « J’apprends à mes patientes deux techniques : la technique hypnotique avec visualisation, où l’on invite à ressentir la respiration à travers des éléments métaphoriques, comme en imaginant des bulles d’air par exemple ; et la technique du ressenti, qui veut que l’on ressente simplement sa respiration, que l’on accompagne son souffle, comme on peut le faire pendant un cours de yoga ou de Pilates ».
Le jour de l’accouchement
Si les patientes sont formées à l’auto-hypnose, il est courant que le jour de l’accouchement une sage-femme ou un médecin anesthésiste réanimateur formés à l’hypnose assistent la future maman. « Il est par exemple possible d’avoir une séance d’hypnose au moment de la pose de la péridurale, de l’utilisation de ventouse ou de forceps, ou encore en cas d’une césarienne non prévue. Notre rôle est d’accompagner la femme, pour la sortir des gestes techniques et gérer son stress. Une dissociation est la bienvenue pour s’extraire d’un contexte stressant et ce savoir-faire peut s’utiliser à n’importe quel moment de l’accouchement, notamment dans le bloc obstétrical », souligne le médecin.