Laurène Sindicic est naturopathe, spécialiste en fertilité naturelle. Sur son site Émancipées, elle creuse, depuis plusieurs années, le sujet des cycles féminins. Objectif : donner confiance aux femmes dans leur cycle menstruel pour qu’elles reprennent le pouvoir sur leur contraception, leur fécondité, leurs règles, leur énergie, leur humeur, leur santé… Avec Jean-Pierre Andine, docteur en médecine, elle signe « Manuel pour une fertilité émancipée – Quand gynécologie et naturopathie se complètent pour optimiser votre projet de bébé »*. Vous voulez mettre toutes les chances de votre côté pour tomber enceinte ? Cette grossesse tant espérée tarde à venir ? Vous devez entamer un parcours de PMA ? Voici quelques-uns des enseignements que nous avons tiré de cet ouvrage, assurément le plus complet (et le plus agréable sur la forme) que nous ayons lu sur le sujet.
L’ouvrage de Laurène Sindicic et Jean-Pierre Andine débute par un cours de SVT en bonne et due forme. Ce qui nous permet de réaliser que, finalement, on ne sait pas tout à fait comment on fait les bébés. Cycle, menstruations, phase folliculaire, phase lutéale, taux de FSH ou de LH, fertilité vs stérilité… Les auteurs remettent les pendules à l’heure et nous passent ce message : la première clé pour concevoir un bébé, c’est de se mettre à l’écoute de son corps, d’observer son cycle, de savoir reconnaître sa glaire cervicale (le « sherpa des spermatozoïdes ») pour identifier l’approche de l’ovulation… plutôt que de procéder à des tests d’ovulation plus onéreux qu’efficaces.
On apprend par exemple que la probabilité pour qu’un spermatozoïde féconde un ovule varie d’un jour à l’autre : elle est de 9% 5 jours avant l’ovulation, 18% 4 jours avant, 27% 3 jours avant, 33% 2 jours avant, 42% la veille, 20% le jour J et 8% le lendemain. Et encore, quand tout se passe bien.
On découvre également qu’en dehors d’un problème mécanique (trompes bouchées par exemple) qui pourra être assez facilement identifié par la médecine, c’est le cerveau qui est le chef d’orchestre : il doit s’activer pour faire en sorte que les bonnes informations soient transmises, via les hormones, aux organes de la reproduction.
Quand faire l’amour quand on veut concevoir un bébé ?
C’est une grande question sur laquelle médecins et naturopathes ont tendance à s’opposer, nous explique Laurène Sindicic : si les premiers recommandent d’avoir un rapport sexuel tous les deux jours pour optimiser les chances qu’un spermatozoïde rencontre un ovule, l’approche naturopathique est différente. Car cette cadence est généralement peu tenable sur le long terme. D’ailleurs, l’auteure cite un sondage réalisé pour Émancipées, en 2021 : il montre que 38% des couples seulement ont des rapports plus de deux fois par semaine, que 62% des femmes ne sont pas satisfaites de leur libido qu’elles jugent insuffisante, et que 63% d’entre elles affirment avoir des rapports sans envie pendant leur période fertile. « D’où l’intérêt de savoir repérer sa période fertile, grâce aux indices fournis notamment par la glaire cervicale pour ne pas louper les rendez-vous en cette période prolifique, sans pression excessive (…) Le reste du temps, on laisse sa vie sexuelle suivre son cours naturel, sans penser à une grossesse et en n’écoutant que son envie », expliquent les auteurs.
Quelle alimentation pour optimiser ses chances de concevoir ?
Les facteurs environnementaux ont, on le sait désormais avec certitude, un impact considérable sur notre santé globale et sur le fonctionnement de nos cellules et de notre système hormonal. Nos gamètes (les cellules qui se développeront pour aboutir à un ovule ou à un spermatozoïde) sont influencés par l’environnement dans lequel ils évoluent, et se nourrissent des nutriments que nous leur apportons, expliquent encore les auteurs. Les hormones sexuelles (œstrogènes, progestérone ou testostérone) sont créées à partir du cholestérol. Pour bien se développer, ces deux éléments indispensables à la création de la vie ont besoin de carburant et tout particulièrement du gras. Mais, bien sûr, du bon gras : tout au long de notre vie et plus encore en période de conception et de grossesse, les apports en oméga-3 sont fondamentaux. Parmi les aliments à privilégier, citons donc les huiles, notamment de lin, de colza ou encore de cameline, les petits poissons gras, les oléagineux ou encore les avocats. Mais aussi les protéines de qualité, les fruits et les légumes, les céréales complètes et les légumineuses. « De nombreuses études ont établi un lien étroit entre alimentation méditerranéenne et fertilité. L’une d’elle ayant démontré que les personnes adoptant une telle alimentation avaient 40% de chances en plus de procréer. » Dans Manuel pour une fertilité émancipée, on retrouve bien sûr la liste des aliments et des nutriments à privilégier et ceux à limiter au maximum. Et on apprend également que l’auto-supplémentation est à éviter : faites-vous conseiller par un professionnel qui vous orientera vers les compléments alimentaires ou les plantes les mieux adaptés à vos besoins.
Comment le stress agit sur la fertilité ?
« Concept fourre-tout », le stress est bien l’un des principaux perturbateurs endocriniens, « c’est-à-dire fauteurs de trouble dans l’équilibre hormonal. » Et il ne résulte pas seulement de facteurs extérieurs (surcharge de travail passagère, transports en commun, problèmes familiaux). Le stress intérieur latent, tel que l’anxiété et les émotions négatives liées à une insatisfaction enfouie, à la crainte de vieillir (ou de faire vieillir ses parents en les transformant en grands-parents), à un blocage non-résolu avec sa mère ou à une croyance limitante, est particulièrement insidieux. Et génère une production de cortisol (l’hormone du stress) qui devient problématique lorsqu’elle est chronique : le corps et plus particulièrement l’hypophyse (qui commande les glandes surrénales) étant occupé à produire du cortisol, il délaisse les fonctions moins essentielles, tel que la gestion de la glycémie, la digestion et, en passant, la fertilité.
La gestion du stress par la méditation, la sophrologie ou encore la cohérence cardiaque et le yoga ne sont que quelques-unes des techniques à votre disposition. La pratique d’une activité physique est bien entendu complémentaire d’une alimentation de qualité pour optimiser le bon fonctionnement de votre organisme et évacuer les tensions inutiles voire délétères.
S’entourer, échanger, discuter pour se libérer et trouver des solutions
Le désir d’enfant mobilise l’esprit et le corps, se partage avec un partenaire dans le meilleur des cas, se vit seul dans le pire… mais ne doit pas devenir un sujet tabou. En cas de doutes, d’impatience (légitime), discutez-en avec votre médecin et votre gynécologue, qui peut vous proposer de passer des examens (test de Hühner, hystérosalpingographie, hystéroscopie, spermogramme) afin d’identifier un éventuel problème mécanique ou une pathologie particulière.
Parallèlement, passez votre hygiène de vie au crible, révisez éventuellement votre alimentation avec l’aide d’un naturopathe, et… croyez en toutes vos chances de tomber enceinte.
En somme, n’hésitez pas à vous entourer : « Il faut un village pour élever un enfant », dit le proverbe africain. Il faut parfois s’entourer pour en concevoir un. Vous trouverez des oreilles attentives auprès de professionnels (du gynéco au naturopathe, en passant par des sages-femmes, ostéopathes, psychologues ou hypnothérapeutes), ou auprès de femmes ou de couples qui vivent (ou ont vécu) la même aventure. Ces soutiens, on les trouve parfois dans la vraie vie, mais si besoin, vous pouvez les trouver en ligne, notamment à travers le Fertility club d’Émancipées, un programme en trois mois pour favoriser sa fertilité, créé par Laurène Sinticic. Rendez-vous sur son site pour en savoir davantage.
Manuel pour une fertilité émancipée, de Laurène Sindicic et Jean-Pierre Andine, éditions La maison Hachette.
Crédit photo : Jannes Jacobs / Unsplash