Après des semaines collés-serrés, à se découvrir l’un l’autre dans sa bulle et à apprendre son rôle de maman, la fin du congé maternité et la reprise du travail marquent la première vraie séparation entre une mère et son bébé. Rupture souvent nécessaire mais parfois douloureuse et vécue comme une injustice, ce retour au boulot peut réveiller une angoisse de la séparation et venir chambouler celles qui ne se sentent pas prêtes. Comment aborder sereinement la reprise et le fait de quitter son bébé ? Comment préparer au mieux cette séparation ? On a posé toutes nos questions à Stéphanie de Boüard, infirmière puéricultrice, avec la complicité de Choisir Ma Crèche.
Après avoir passé nos premières semaines de jeune maman en tête-à-tête avec notre bébé, en suivant un rythme bien particulier, dans une bulle un peu coupée du reste du monde, il est loin d’être évident d’opérer un « retour à la normale » en reprenant le travail et en se séparant pour la première fois de son nouveau-né. « Ça peut être un véritable tord-boyaux, confirme Stéphanie de Boüard, infirmière puéricultrice. Et tout est encore plus compliqué si on a l’impression d’être acculée à une décision avec laquelle on n’est pas d’accord ». Peur d’être séparée de son tout-petit, ne pas se sentir prête, ne pas avoir confiance en la personne à qui on confie son enfant : les freins sont nombreux. « Pour que cette première séparation se passe au mieux, la règle numéro une est d’être en accord avec soi-même : si la maman prend une décision à contrecœur, le bébé le sentira et personne ne sera bien », souligne d’expérience Stéphanie de Boüard, qui rappelle qu’il y a une différence entre se dire « ce n’est pas ce que je préfère mais je sais que c’est la bonne décision pour mon bébé et pour moi » et avoir une peur bleue de passer le cap.
C’est normal de trouver ça dur
« Je recommande de vraiment prendre le temps de s’écouter, de décortiquer ses émotions, pour comprendre ce qui éveille cette angoisse et pour trouver des pistes de résolution ». Car il est normal de trouver ça difficile : « à une maman qui doit laisser son bébé de 2 mois et demi, on ne dit pas « ne t’inquiète pas, ça va bien se passer ». Non, on lui dit que c’est dur, que c’est normal de trouver ça dur, qu’elle a le droit d’éprouver de l’inquiétude et de la tristesse et de pleurer. On a le droit de s’avouer qu’on aurait préféré faire autrement et d’exprimer ce dont on a envie ». Et parfois, comme le souligne Stéphanie de Boüard, on peut trouver des alternatives pour reculer la séparation, ou faire en sorte qu’elle se passe plus en douceur.
- On peut se demander si c’est le bon moment de reprendre le travail.
- Envisager la possibilité de prolonger son congé maternité si on en ressent le besoin : avec un congé parental, ou en posant des jours de congé.
- Négocier un 4/5eme avec son employeur.
- Penser à des solutions relais : confier son bébé à sa mère ou sa belle-mère avant de le confier à la crèche ou à sa nounou pour une transition en douceur.
« Si c’est trop dur, que le stress de quitter son bébé est trop intense et qu’on a peur de ne pas y arriver, il est important que les deux parents discutent de ce dont ils ont vraiment envie et envisagent des solutions pour une reprise plus douce », conseille Stéphanie de Boüard.
Choisir le mode de garde qui nous convient
Chaque mode de garde a ses avantages, et il s’agit d’un choix très personnel.
« Certains préfèrent favoriser la collectivité offerte par la crèche, d’autres préfèreront une nounou à domicile, qui sera 100% dédiée à leur bébé. L’essentiel c’est d’être à l’aise avec le mode de garde choisi et surtout d’avoir confiance en la personne ou l’équipe à qui on confie son enfant », souligne Stéphanie de Boüard.
S’adapter avec un bébé qui ne fait pas ses nuits
Bien souvent, quand l’heure de la reprise du travail sonne, le bébé ne fait pas encore ses nuits, une source d’angoisse supplémentaire pour les parents. Stéphanie de Boüard se veut rassurante : « les parents et les bébés n’ont pas à s’adapter au rythme de la crèche ! C’est la crèche (ou la nounou) qui suit le rythme du bébé ». On profite de la semaine de familiarisation pour prendre ses marques, découvrir le nouvel environnement de l’enfant, et expliquer à l’équipe ou à la personne qui s’occupera de son bébé comment il mange, comment il s’endort… « C’est à l’équipe d’assurer une continuité de rythme à la crèche, pour répondre à ses besoins. Chaque enfant est particulier, c’est un vrai travail d’observation pour les équipes et de discussion avec les familles ».
Lire aussi notre article : Le sommeil du bébé à l’entrée en crèche, les conseils de Kelly Champinot
Comment s’organiser quand on allaite et que l’on reprend le travail ?
« Garde d’enfant et allaitement sont compatibles ! », soutient Stéphanie de Boüard. « On doit soutenir l’allaitement des mamans qui le souhaitent, et il y a des protocoles mis en place dans les crèches qui permettent d’assurer la continuité de l’allaitement : les mamans tirent leur lait et l’apportent à la crèche ou le confient à la nounou. J’ai même connu une maman qui venait allaiter son bébé à la crèche tous les jours, deux fois par jour ».
Les conseils de l’infirmière puéricultrice pour bien vivre sa séparation
- Se rappeler qu’il n’y a pas de situation idéale ni de formule parfaite. Ça peut être difficile de confier son bébé, mais on peut se rassurer en se rappelant que son enfant va être bien pris en charge.
- Il faut être clair avec sa décision, et prendre cette décision à deux quand on est en couple.
- Il faut prendre son temps, et être doux avec soi.
- Parfois on pleure beaucoup, et on a le droit de beaucoup pleurer. Il ne faut pas hésiter à confier ses peurs et inquiétudes à ceux qui gardent notre enfant. Et se rappeler qu’on fait équipe avec eux pour son bien-être.
- Et ne pas oublier que la personne qui garde notre bébé ne nous remplace pas. On restera toujours et quoiqu’il arrive sa maman…
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Réalisation : Les Louves X Choisir Ma Crèche
Crédit photo : Belly Balloon Photography/Les Louves
