La grossesse après un parcours de PMA est souvent une période remplie d’ambivalence, où la joie et la peur coexistent. Mais il est possible de se libérer des ancrages de difficultés et d’échecs. Pour ensuite accueillir pleinement une nouvelle réalité : une grossesse qui est présente et qui se passe bien. Voici des clefs pour trouver une forme de sérénité livrées par Emilie Berthet, sophrologue à Paris et passionnée par l’accompagnement des jeunes mères.
De la PMA à la grossesse : un chemin parfois complexe
Je le remarque régulièrement lors de mes consultations, pour les femmes qui ont traversé un long parcours pour concevoir, l’arrivée d’une grossesse, même tant attendue, peut être vécu douloureusement.
La grossesse s’associe alors, dès le départ, à un défi émotionnel complexe. En effet, après des mois, voire des années de lutte, de peur et d’échecs, il n’est pas toujours évident de croire et d’accepter que « tout aille bien ». Il devient même parfois inconcevable que la grossesse puisse se dérouler de manière sereine après une PMA. Il n’est pas rare que j’entende de la part d’une future maman : « Il va certainement se passer quelques chose », sous-entendant que la grossesse ne peut se passer sans embuches.
Je conseille alors un accompagnement en deux temps. D’abord il faut travailler sur deux notions distinctes : l’acceptation de ce qui a été, puis la compréhension de ce qui est maintenant. Cela revient à travailler sur un différentiel entre le vécu et l’instant présent.
Puis peut commencer ensuite un travail de libération de « l’ancrage » des expériences passées. Les difficultés passées créent un ancrage émotionnel fort, une sorte de « mémoire corporelle » où le corps et l’esprit restent en alerte, prêts à anticiper le prochain obstacle ou la prochaine perte.
Un état de vigilance constant
Ce conditionnement peut engendrer un état de vigilance constant, où chaque petit signe de la grossesse est interprété avec anxiété, et où le bonheur est teinté d’appréhension. L’une de mes clientes me confie : « à chaque fois que je vais aux toilettes, mon premier réflexe est de vérifier si je n’ai pas de perte de sang, c’est systématique et c’est pesant ». Ces pensées, omniprésentes, empêchent les futures mères de se projeter sereinement et de profiter pleinement de cette période.
Très souvent, alors que la femme est dans une période de réussite avec une grossesse en cours, elle ne se permet pas de croire au bonheur. Il devient même, pour elle, risqué de penser aux mois à venir. Anxieuse, elle imagine des scénarios catastrophe où, si un problème survenait, la chute serait d’autant plus douloureuse. S’instaure alors un état de forte incertitude constant ou la femme enceinte ne préfère même pas se projeter dans la suite de sa grossesse.
Le « syndrome de l’imposteur »
Autre perception que je remarque régulièrement et qui est aussi forte que très présente en consultation. C’est une sorte de « syndrome de l’imposteur » associé à l’état de grossesse. Comme si les années de luttes et de souffrances en PMA avaient été tellement présentes qu’elles s’étaient imposées comme une nouvelle norme.
Il est essentiel de comprendre que ces sentiments sont normaux et légitimes. Pour pouvoir profiter pleinement de la grossesse, un travail d’acceptation et de libération des émotions passées est souvent nécessaire.
Avec la sophrologie nous parvenons à travailler sur l’instant présent. Vous permettant ainsi de constater sans jugements ni appréhension qu’à cet instant « tout va bien ».
Pour cela, la respiration est un excellent moyen de se connecter au moment présent. Un outil simple et incroyablement efficace. En effet, elle permet aussi d’apaiser le système nerveux et réduire l’anxiété.
Je vous propose deux exercices qui vous permettront de travailler à la fois la notion d’ancrage dans le moment présent et à la fois de vous libérer de vos croyances limitantes.
La sophrologie pour se libérer de l’anxiété
Avec de la régularité, cet exercice pourra vous aider à observer, en minimisant la peur, votre état actuel. Je vous conseille de le faire tous les jours.
· Installez-vous confortablement. Asseyez-vous sur une chaise, le buste reste droit. Vous détendez l’ensemble de votre corps. Vous pouvez poser vos mains sur vos cuisses.
· Inspirez profondément et lentement en vous répétant mentalement « Je suis ici et maintenant ».
· Puis à l’expiration, répétez intérieurement « Tout va bien à cet instant ».
· Laissez-vous porter pleinement par les mots, sans chercher à analyser. Laissez-les se mêler à votre respiration.
· Instaurez un état de calme et de sérénité. Prenez un temps pour apprécier cet état avant d’ouvrir les yeux.
Le deuxième exercice que je vous propose et celui de « la bulle de protection ». Il permet à la fois de se libérer de notre anxiété et de laisser partir des croyances ancrées.
· Prenez un temps pour vous.
· Installez-vous dans le calme.
· Imaginez une bulle, une bulle protectrice autour de vous.
· Une bulle qui ne vous coupe pas de la réalité mais une bulle qui réconforte, qui sécurise. Imaginez-là de la taille, de la couleur que vous souhaitez.
· Puis imaginez que cette bulle vous préserve des influences extérieures et des pensées négatives.
· Vous ne les percevez plus du tout de la même manière quand vous êtes dans cette bulle : elles deviennent moins effrayantes, elles s’éloignent.
Je conseille aussi souvent de prendre « ce qui est », d’être dans le concret. Par exemple, si l’échographie vous indique que tout va bien, si votre gynécologue vous parle d’une grossesse qui se passe bien, alors il faut apprendre à l’entendre. Plus vous vous concentrerez sur ces phrases, factuelles et concrètes, plus vous éloignerez les doutes et les peurs.
Ces outils permettent d’ancrer la notion que « tout va bien », importante à réintégrer après un parcours vers la maternité semé d’embuches. Comme tout, il est important de rester indulgente avec soi, ce chemin vers la sérénité demande souvent du temps et de la patience.
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