Quels médicaments sont autorisés pour les femmes enceintes ? Lesquels sont contre-indiqués voire interdits ? Existe-t-il des traitements pour soigner les maux de la grossesse ? Y a-t-il un danger pour soi ou son bébé si on a pris le mauvais médicament ? Pour comprendre les risques liés au mauvais usage des médicaments pendant la grossesse et surtout vous guider dans les bons réflexes à adopter, suivez ce petit guide du bon usage des médicaments pendant la grossesse et l’allaitement. Nous avons posé toutes nos questions à Iris Pujade, pharmacienne de formation hospitalière et Head Of Operations de Synapse Medicine, l’entreprise qui développe l’application Goodmed, l’équivalent d’un Yuka du médicament.
Pourquoi la grossesse (et l’allaitement) est une période qui demande une attention particulière lorsqu’il s’agit de l’usage de médicaments ?
La grossesse est une période à risque pour la prise de médicaments. D’une part, l’organisme de la mère est fragilisé car il est exposé à des changements morphologiques, à de nouveaux symptômes ainsi qu’à des carences en vitamines. D’une autre part, la mère porte un bébé en plein développement, qui est vulnérable aux diverses expositions (médicamenteuse, alimentaire, environnementale…). Il s’agit aussi d’une période où la femme peut être amenée à prendre des traitements spécifiques, pour pallier des symptômes liés à la grossesse qui génèrent un inconfort (comme les nausées ou le reflux gastrique).
Pourquoi certains médicaments ne sont pas recommandés pendant la grossesse ? Sont-ils à risque pour la future maman ? Pour le bébé ?
Il y a plusieurs catégories de médicaments : ceux qui sont formellement interdits pendant la grossesse et l’allaitement, et ceux qui nécessitent une surveillance particulière. Certains médicaments ont des effets sur la phase embryonnaire : ces médicaments tératogènes créent des malformations chez le fœtus et peuvent impacter la santé du futur bébé. Ces traitements sont formellement interdits pendant la grossesse. C’est le cas par exemple de certains médicaments contre l’épilepsie, en particulier l’acide valproïque ou de certains médicaments contre l’acné comme l’isotrétinoïne par voie orale.
Il y a ensuite les médicaments que l’on peut prendre en étant enceinte mais qui nécessitent une surveillance particulière : on peut avoir recours à des analyses de sang, des adaptations dans le dosage… Il existe aussi plusieurs niveaux de surveillance, puisque certains médicaments peuvent être pris à certaines phases de la grossesse mais interdits à d’autres. Par exemple, l’aspirine et l’ibuprofène sont formellement interdits à partir de 24 semaines d’aménorrhée, car ils peuvent atteindre le système pulmonaire du bébé (et ils sont fortement déconseillés durant toute la grossesse). Les recommandations peuvent donc varier en fonction des trimestres de grossesse, ce qui ne facilite pas les choses pour s’y retrouver quand on attend un bébé.
Si l’on suit un traitement de fond avant la grossesse pour traiter une maladie chronique, est-ce qu’on peut continuer à le prendre ?
Il s’agit d’une question fondamentale pour les femmes enceintes et, dans tous les cas, il faut éviter de prendre la décision toute seule, que l’on souhaite arrêter ou continuer son traitement. Il est conseillé de faire un point avec son généraliste ou son spécialiste. La décision viendra du médecin qui a prescrit le traitement : il peut décider de continuer mais de modifier la dose, il peut également recommander d’arrêter, notamment parce que certaines maladies peuvent être atténuées par la grossesse. La décision du médecin se fait en fonction de la molécule, de la patiente, de son parcours de santé. S’il s’agit de traitements chroniques que l’on prend soi-même, comme les médicaments contre les allergies saisonnières, il est recommandé de demander à son pharmacien son avis.
Est-ce qu’il est plus dangereux de pratiquer l’automédication quand on est enceinte ?
Concernant 3 Français sur 4 (1), l’automédication (le fait de prendre des médicaments que l’on possède déjà, sans solliciter un avis médical) expose au risque de se tromper de molécule et de prendre le traitement qui n’est pas le plus approprié. L’autre risque est celui de prendre un traitement sans prendre en compte les éventuelles interactions avec d’autres médicaments, ou bien les effets qu’il pourrait avoir sur une autre maladie que l’on a… Quand on est enceinte, c’est un terrain clinique particulier : on a une fragilité particulière et c’est un facteur à prendre en compte. L’automédication est donc à éviter au maximum pendant la grossesse.
Peut-on prendre des antibiotiques enceinte ?
Oui, c’est possible, mais seulement quand on a une infection bactérienne documentée (c’est-à-dire prouvée). Là aussi, on prend uniquement les antibiotiques sur avis médical, d’autant plus que certains antibiotiques sont à éviter pendant la grossesse.
Doit-on s’inquiéter d’avoir pris certains médicaments ou traitements avant d’apprendre que l’on était enceinte ?
Les patientes qui prennent des médicaments formellement contre-indiqués et interdits pour les femmes enceintes sont suivies de très près ; elles doivent avoir une double contraception et présenter un test de grossesse négatif avant chaque prescription du médicament. Sur ce type de produits, elles sont donc déjà accompagnées : quand elles décident de tomber enceinte, elles doivent donc le décider et en parler en amont avec leur médecin pour décider de l’arrêt du traitement et de l’arrêt de la contraception.
Pour les autres médicaments, on peut faire la liste exhaustive de ceux que l’on a pris au début de notre grossesse et en parler avec son médecin si on a le moindre doute ou inquiétude.
Les recommandations peuvent-elles changer selon les différentes phases de la grossesse ?
Oui. C’est l’exemple des anti-inflammatoires non stéroïdiens, il est possible d’en prendre sur avis médical jusqu’à 24 semaines d’aménorrhée puis ils deviennent formellement contre-indiqués.
Certains médicaments auront des effets sur les phases embryonnaires en début de grossesse (lithium, médicaments contre l’épilepsie), certains sur les phases de développement fœtal (anti-inflammatoires non stéroïdiens, médicaments contre l’hypertension artérielle) et d’autres sur la période néonatale autour de la naissance du bébé (somnifères et antidépresseurs).
Rhume, maux de tête, gastro-entérite : pour des maladies courantes (pour lesquelles on a souvent recours à l’automédication), comment peut se soigner une femme enceinte ?
Je recommande de prendre conseil auprès de sa sage-femme ou de son médecin pour traiter les maux de grossesse comme les maladies que l’on peut contracter alors qu’on est enceinte. Dans le doute, on peut privilégier des solutions non-médicamenteuses dans un premier temps. Attention néanmoins aux compléments alimentaires et à la phytothérapie : il faut demander conseil en amont pour être sûre que la posologie soit adaptée.
Et après la grossesse, les mamans allaitantes doivent-elles toujours être attentives aux médicaments qu’elles prennent ?
Quand on allaite, on applique les mêmes règles de précaution (éviter l’automédication, demander conseil à un professionnel de santé) même s’il existe plus de médicaments qui peuvent être pris pendant la période d’allaitement. Si on a un doute lors d’une prise de médicament, il est recommandé de suspendre momentanément son allaitement, et de remplacer la tétée qui suit par un biberon. Enfin, une fois que l’on a accouché et/ou fini l’allaitement de son bébé, il est conseillé de refaire un point avec son médecin traitant sur l’éventuelle reprise d’un traitement ou son arrêt. C’est le bon moment !
Quels sont les bons réflexes médicamenteux à avoir quand on apprend que l’on est enceinte ? Auprès de qui s’informer ?
On se tourne vers les professionnels les plus accessibles à ce moment-là : il s’agit souvent de son médecin traitant ou de sa sage-femme. Si on a une maladie chronique, on se rapproche du spécialiste qui nous suit et nous connaît. On peut également s’adresser aux centres de pharmacovigilance, à qui l’on peut poser ses questions en ligne ou par téléphone. Attention aux informations trouvées sur Internet : il faut être sûr de chercher l’information sur les bons sites, à savoir les sites officiels qui offrent une information destinée aux patients.
L’application Goodmed a justement été imaginée pour permettre à tous d’accéder facilement à des informations fiables sur les médicaments. Une application particulièrement utile pour les femmes enceintes et pour toute la famille. Comment cela fonctionne-t-il ?
Les notices des boîtes de médicaments sont peu lisibles et parfois anxiogènes ; alors qu’Internet est pratique mais pas toujours fiable. Plusieurs chiffres montrent aujourd’hui que les Français sont en demande d’informations fiables et compréhensibles sur les médicaments (1). Nous avons développé Goodmed pour répondre à ce besoin.
Goodmed a été imaginée comme le « Yuka » du médicament : il suffit de scanner son médicament pour accéder aux bonnes informations, adaptées à son profil. En pratique : on crée son profil sur l’application, en précisant sa situation de santé ainsi que ses éventuels traitements. Ensuite, on scanne le QR code de sa boîte de médicament, puis l’application indique si l’on peut ou non prendre ce traitement et sous quelles conditions. Elle indique aussi les effets indésirables, les contre-indications, les potentielles interactions entre médicaments, et donne également des conseils sur la prise du traitement*. Par exemple, si l’on est enceinte et qu’on scanne un médicament, l’application le prend en compte et vous indique si ce dernier représente des risques pour votre santé ou celle du bébé. C’est donc un outil rassurant pour les femmes enceintes ou allaitantes.
Dotée d’une fonctionnalité dédiée à la famille, l’application peut aussi être utilisée pour s’informer sur les médicaments de son enfant : on peut en effet y renseigner des informations sur son enfant ou son nourrisson (dont l’âge et le poids), afin de vérifier les contre-indications de leurs médicaments. Un indispensable pour prendre soin de soi et de ses proches.
Réalisation : Goodmed x Les Louves
L’application Goodmed est développée par Synapse Medicine, une entreprise technologique privée dans la santé fondée en 2017 par des médecins et des pharmaciens français. 100% indépendante de l’industrie pharmaceutique, sa mission est de permettre à tous l’accès au meilleur de la médecine et de favoriser le bon usage du médicament. Collaborant avec certains des plus grands CHU français, ses solutions sont aujourd’hui utilisées par des dizaines de milliers de professionnels de santé et de patients.
Goodmed est disponible en accès gratuit sur Google Play et App store.
(1) Etude Opinion Way pour Synapse Medicine – “Les Français et les informations sur les médicaments” – 2021
*Les modules d’analyse du médicament de Goodmed sont des dispositifs médicaux, marqués CE. Consultez la notice pour plus d’informations.
Crédit photo : Pelayo Arbues / Unsplash