Quitter la capitale pour partir vivre en Bretagne. Un Parisien sur deux en rêve, mais peu osent vraiment sauter le pas. Démissionner, quitter ses amis, changer les enfants d’école, trouver un nouveau rythme… Marjolaine, son mari et leurs trois enfants ont fait le grand saut. Ex-journaliste et présentatrice de télévision, elle vit aujourd’hui au milieu de ses poules et a réinventé son métier. Une drôle de success story qui nous a inspirées…
Il est 9h30 à Paris. Avec mon premier café crème de la matinée, je m’installe en essayant d’éviter le brouhaha d’un café parisien, et compose le numéro d’une « maman blogueuse », ex-Parisienne partie vivre en Bretagne avec mari et enfants…
Il est 9h30 à Lorient, Bretagne. Il fait beau, l’air est frais et exceptionnellement doux pour une matinée d’avril. Marjolaine vient de s’installer à son bureau, après avoir déposé ses enfants à l’école et chez la nounou, « en passant par le petit sentier derrière la maison ». Non, Paris ne lui manque pas, ni ce matin, ni tous les précédents depuis trois ans… Parce qu’elle « remonte » régulièrement avec ou sans sa tribu pour revoir famille et amis. Et parce que cette décision de couple a été mûrement réfléchie, et le départ minutieusement préparé.
« Le jour où mon mari m’a fait visiter « son pays », la Bretagne, j’ai eu un coup de cœur pour la région et pour les attaches qu’il avait ici. Je n’étais absolument pas prête à partir, mais nous savions que nous viendrions vivre ici un jour. » Poser les jalons d’une nouvelle vie a pris dix ans : mettre de côté, penser à une reconversion, et faire des enfants…
La naissance du premier en 2008 joue le rôle de catalyseur pour la journaliste sous pression : « après mon congé maternité, j’ai eu l’impression d’être mise au placard, et en parallèle je découvrais le monde des jeunes mamans qu’on stresse avec des « il faut » à tous bouts de champs ». Le blog MarjolieMaman naît comme elle le dit si bien « à l’époque des dinosaures de la blogosphère parentale », et débouche sur l’écriture d’un premier guide bienveillant à l’usage des jeunes parents. (Le dico des petits et gros bobos, éditions First) Une nouvelle carrière se dessine et le départ en Bretagne se concrétise.
« Un bonheur total ». L’effet des grands espaces a été immédiat sur toute la famille, selon la maman, qui a vu ses enfants de 3 ans et 18 mois se remplumer et « prendre deux pointures en moins de deux mois ». Pour les impliquer dans le déménagement, elle les laisse mettre leur nez dans les cartons, leur explique qu’ils auront chacun leur chambre… L’aîné rentre à l’école la même année, et découvre les joies de partir à pied en passant par la mer avec une maman flexible sur ses horaires. Cette maman poule et volontiers superstitieuse a gardé quelques rituels sacrés avec ses petits : lorsqu’elle laisse son fils à l’école ou pour une soirée au théâtre avec sa grand-mère, elle lui dessine un cœur au creux du poignet pour qu’il se rappelle qu’elle pense à lui.
Passer de 60 à 140m2 sans voisins a également eu un effet salvateur sur le couple, qui s’est reconstruit en séparant le temps de travail du temps familial. « Quand il est à Paris, deux à trois jours par semaine, mon mari est à 100% pour son entreprise, le reste du temps, on profite vraiment. »
Inutile de dire que le retour en arrière n’est pas envisageable « Je me souviens des retours de vacances quand nous arrivions à Paris : j’avais l’impression de remettre les enfants dans leur boîte en attendant les prochaines. Je pense qu’on a tous un endroit où on trouve son équilibre, pour nous c’est ici ».
M.D.
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