Pourquoi faut-il arrêter de demander aux futures et jeunes mamans combien de kilos elles ont pris pendant leur grossesse ? Et pourquoi ça vaut le coup de balancer votre balance et de mentir lorsqu’on vous pose la question… Ça reste entre vous et votre gynéco !
« T’as pris combien ? » Étrange comme cette question ne semble plus du tout gênante lorsqu’elle est posée à une femme enceinte. Comme si la grossesse annulait tout réflexe de pudeur et de réserve vis-à-vis de notre corps et du discours que l’on peut tenir sur lui.
En temps normal, ça ne se fait pas de demander à quelqu’un de nous révéler à combien s’élève sa prise de poids suite aux excès de Noël… Excepté peut-être de la part d’une meilleure pote à sa meilleure pote, ou, à la limite, d’une mère à sa fille, on ne demande pas « combien de kilos t’as pris ? » (autrement dit « comment t’as pris cher ou pas ? ) », et encore moins à une future ou toute jeune maman…
Ça ne vous regarde pas !
Parce que ceux et celles qui ne l’ont pas vécu ne le savent pas, mais une femme enceinte pense à peu près 15 fois par jour à sa prise de poids potentielle jusqu’à la naissance. On n’imagine pas le stress et la prise de tête qu’elle s’impose pour réussir la douloureuse épreuve de la pesée mensuelle chez le gynéco. « Juste un kilo de plus, ouf ! ».
On n’imagine pas la jalousie d’une future maman face à une autre qui perd 500g par mois « parce qu’elle ne digère plus rien » et qui vomit au lieu d’avoir juste la nausée qui donne envie de se goinfrer d’aliments gras, salés et sucrés…
On ne mesure pas la frustration de ces futures mamans face à la silhouette des mannequins grossesse : « pourquoi les robes pour femmes enceintes ne sont jolies que sur les femmes pas enceintes ? » ; « C’est bizarre, elle, de dos, ça se voit pas qu’elle est enceinte… »
Et ce n’est que le début…
Astreinte et soumise à la fatidique règle des 1kg par mois, la future maman a tellement peur qu’elle se venge sur la purée d’amandes au petit-déj (bah oui c’est quand même mieux que le Nutella !) et qu’elle se met à consommer 3 bananes par jour au lieu d’un seul yaourt au chocolat…
Paradoxalement, la peur de prendre du poids est peut-être responsable d’un petit paquet de cas de surpoids gestationnel, sans compter la prévalence du diabète gestationnel qui semble augmenter chaque année…
Et après l’accouchement ?
C’est presque pire… « Combien tu avais perdu après l’accouchement ? » ; « il te reste combien à perdre ? » Et là, ta maman te balance l’air de rien qu’elle rentrait dans son petit jean taille 38 « en sortant de la maternité », et t’inquiète pas ma chérie, l’allaitement « te fera tout perdre en quelques semaines »… Vraiment ? Et si le fait de ne pas dormir la nuit et de tenir à peine debout le jour nous donne envie de manger deux fois plus, comment fait-on ?
Je demandais l’autre fois à ma sage-femme de quoi elle parlait le plus avec ses patientes en rééducation du périnée (parce qu’une demi- heure à faire des herses et des pont-levis ça crée des liens et on papote, évidemment…) : sans hésitation, elle m’a répondu « de leurs kilos de grossesse » et de leur « corps d’avant » qu’elles veulent retrouver ASAP.
Pourquoi tant de stress ?
Et si toute cette prise de tête rejaillissait sur notre bébé, in utero et in externo ? Et si on balançait nos balances pour souffler un peu ? Et si on répondait n’importe quoi pour clouer le bec aux questions trop indiscrètes ? « Moi ? 35 kilos environ, pourquoi ? » Le seul à savoir c’est votre gynéco, et il a prêté serment.
Crédit photo : Belly Balloon Photography / Les Louves