Il est le compagnon indispensable des tout-petits, celui qui les suit partout dès leur plus jeune âge. Pourquoi les bébés ont-ils besoin d’un doudou ? À partir de quel âge peuvent-ils en avoir un ? Quel est son rôle ? Comment choisir le bon doudou ? Maëlys Lelevreur* décrypte les besoins de nos bébés et la place à part du doudou.
À partir de quel âge mon bébé a-t-il besoin d’un doudou ?
Dès sa venue au monde, la fusion se crée entre le bébé et ses parents. Grâce aux soins prodigués, les parents l’aident à prendre conscience de son existence et du monde qui l’entoure. Petit à petit, l’enfant va devenir un être à part entière, autonome et il va prendre conscience qu’il ne fait plus un avec sa mère. Cette découverte est un grand chamboulement : avec la prise de conscience de son propre corps, du corps de l’autre et avec, par la même occasion, l’éloignement possible de cet autre, apparaît l’angoisse. L’angoisse de l’éloignement des parents et du vide. Cette étape, essentielle pour la construction de l’enfant, arrive vers l’âge de 8 mois. C’est à ce moment-là qu’apparaît le doudou, aussi appelé par le Dr Winnicott « objet transitionnel ».
Qu’est-ce que c’est que cet objet transitionnel ?
Le Dr Winnicott fut le premier, dans les années 1950 à utiliser ce terme. Pour lui cet objet transitionnel, qui peut être utilisé par l’enfant à partir de 4 mois, serait comme une représentation d’une personne rassurante : quand son parent s’éloigne, cet objet de substitution permet à l’enfant de gérer le manque et la séparation. Tout petit, le bébé pense qu’il ne fait qu’un avec le corps de sa mère et se sent impuissant lorsqu’elle s’éloigne. C’est à ce moment là que le doudou intervient, pour combler ce vide créé par l’absence de son parent.
Il faut en effet ne pas oublier que le cerveau du tout-petit est immature : le bébé vit dans l’instant présent. Il ne sait pas que, quand il ne voit plus ses parents, ils n’ont pas disparu pour autant : lors de leurs absences, il a besoin de se rassurer et le doudou est là pour ça. L’enfant va l’investir et, petit à petit mieux maîtriser cette séparation et surmonter ses angoisses. Plus tard, ce doudou permettra à l’enfant, symboliquement, de recréer la présence de la personne aimée quand il sera loin d’elle. Petit à petit, quand il comprendra qu’elle revient toujours, il arrivera à s’en détacher pour s’ouvrir de plus en plus vers l’extérieur.
Pourquoi en a-t-il plus besoin à la crèche ou chez la nounou ?
C’est l’absence du parent qui crée ce besoin. À partir de 6 mois, l’enfant va se sécuriser avec les personnes qui l’entourent : « OK pour que Papa et Maman me prennent quand ils veulent, Mamie, je la vois souvent aussi et, Aurélie de la crèche, tout pareil. En revanche, cette nouvelle personne à la crèche, je ne la connais pas encore bien ». Les personnes inconnues pour lui (oui, même le pédiatre qu’il voit une fois par mois), ne font pas partie de son monde : il est difficile pour lui de savoir qui elles sont et d’accepter d’être pris dans les bras. Il a besoin de se sécuriser, ce qui peut passer par la présence du doudou. Ce doudou fait le lien entre le connu et l’inconnu. La nuit aussi, il en aura plus besoin car, sauf cododo, vous n’êtes pas là.
Par ailleurs, loin de vous, les journées sont parfois longues, et chez la nounou ou à la crèche, on doit souvent tout partager (les jouets, le toboggan, les bras des adultes) : le doudou n’appartient qu’à votre enfant, et lui permet de prendre une bouffée de réconfort.
À noter : beaucoup de parents veulent que l’enfant donne tétine et doudou au moment de la séparation du matin mais c’est justement lors de ce moment de transition, difficile, que l’enfant en a le plus besoin. On pense donc à les lui laisser !
Comment choisir le doudou de son bébé ?
Si c’est souvent l’enfant qui choisit son doudou, rien ne vous empêche d’enlever de son environnement ceux que vous n’aimez pas, ou qui sont trop encombrants : il sera ainsi un peu aiguillé dans son choix. Ce doudou peut-être un simple lange ou une peluche. Évitez néanmoins les peluches trop grosses pour une question de sécurité dans le lit et de praticité au quotidien. Préférez les doudous avec des extrémités faciles à attraper pour votre enfant (oreilles, queue, bonnet…).
Quel qu’il soit, un doudou ça se respecte. Qu’il soit beau, qu’il soit vieux, qu’il soit râpeux, qu’il n’ait qu’une oreille, qu’il sente fort, c’est l’objet qui va permettre à votre enfant de faire le pont entre vous et le monde extérieur. Son odeur est importante, car elle lui rappelle de bons moments passés dans un environnement sécurisant.
Dès que vous voyez que votre bébé a adopté un doudou, essayez d’en trouver un deuxième exemplaire et prenez l’habitude de les intervertir régulièrement, afin d’avoir un doudou de rechange.
Le doudou, jusqu’à quel âge et comment l’aider à le laisser ?
Avant toute chose, pour que votre enfant n’y soit pas trop accro, veillez à ce que son doudou ne remplace pas le réconfort de l’adulte : rien de mieux que les bras et les mots pour répondre aux besoins de votre enfant. S’il exprime un malaise, on essaye d’en trouver la cause et on met des mots dessus, c’est important pour qu’il puisse faire la différence dans ses ressentis : est-ce la faim ? La tristesse ? La peur ?
Le doudou ne doit pas devenir une réponse à tous les maux : son rôle est avant tout de rassurer l’enfant en votre absence. Vers ses 2-3 ans, l’enfant comprend le concept de permanence de l’objet, c’est-à-dire le fait que les objets ou les personnes existent même s’il ne les voit pas. Il aura donc moins besoin du doudou pour faire le lien et l’oubliera de plus en plus. À partir de 3 ans en général, il est plus facile pour l’enfant de laisser son doudou : si ce n’est pas le cas, on peut lui proposer de ne le prendre qu’à certains moments, comme pour la sieste et la nuit. Lors des temps de jeu, on peut imaginer une boîte à doudou où il sera posé, bien en vue mais pas dans les bras de l’enfant.
N’oubliez pas, le doudou est là pour sécuriser l’enfant et lui permettre d’aller explorer petit à petit le monde sans vous. Il le fera sans vous, puis sans lui. Laissez-lui le temps.
Pour aller plus loin :
« Le doudou de Lolotte » de Clothilde Delacroix
« Le mange-doudous » de Julien Béziat
« Le doudou fou » de Kimiko
« Les objets transitionnels » de Donald W. Winnicott
*Maelys Le Levreur accompagne les jeunes et futurs parents personnellement et lors de conférences ou de permanences parentalité au sein des entreprises. Plus d’infos sur son site et son compte Instagram @mylittlecoaching.
Crédit photo : BellyBalloonPhotography