Gérer les conflits plus sereinement, apprendre à son enfant à développer sa confiance en lui et à maîtriser ses émotions : telles sont les bases de l’éducation positive, le nouveau courant parental à la mode, qui prône bienveillance et empathie. Quelques astuces et un peu de bon sens : Charlotte Ducharme, fondatrice du bien-nommé blog « Cool Parents Make Happy Kids » nous donne ses clefs pour s’y essayer.
C’est la crise tous les soirs pour prendre le bain, il refuse de finir son assiette une fois sur deux et vous ne comptez plus les colères à l’heure de quitter le square… Et si tout ceci n’était pas une fatalité ? Charlotte, maman d’une petite fille de 3 ans et demi et d’un garçon de 18 mois distille depuis six mois ses conseils sur son blog Cool Parents Make Happy Kids pour éduquer ses enfants avec (un peu plus de) sérénité. Elle est l’une des premières blogueuses à parler tous les jours d’éducation positive, convaincue par les bienfaits de cette méthode inspirée de la psychologie positive. « Il n’y a pas de règle absolue, chacun met en avant les principes qui lui tiennent le plus à coeur », précise-t-elle. Sur son blog, elle met l’accent sur trois grands principes qu’elle applique avec ses enfants : « le premier est le fait de leur parler comme j’aimerais qu’ils me parlent. C’est du simple bon sens : on sait que l’une des bonnes façons d’apprendre est l’imitation. Si je m’adresse avec respect à mes enfants, j’ai toutes les chances pour qu’eux-mêmes me parlent bien à leur tour ». Deuxième principe : « ne pas chercher à dominer son enfant mais plutôt à l’influencer. C’est en l’encourageant, en ayant confiance en lui et en voyant les côtés positifs que l’enfant va être d’avantage motivé à progresser et à donner le meilleur de lui-même ». Enfin, Charlotte insiste sur l’importance de ne pas faire passer son propre épanouissement au second plan. « Si je suis bien dans ma peau, mes enfants en ressentiront forcément les bienfaits ! ».
Trois exemples pratiques d’éducation positive à mettre en oeuvre à la maison
Comment gérer une colère ?
« J’ai un très bon exemple qui m’est arrivé ce midi avec ma fille. Nous déjeunons souvent dans une brasserie, où le serveur aime lui offrir des oursons au chocolat après le repas. Cette fois-ci, il ne lui en a offert qu’un seul, et j’ai eu droit à une colère, ma fille insistait pour en avoir deux, elle ne comprenait pas. Au lieu de m’énerver, je lui ai dit que je comprenais qu’elle soit déçue, que moi aussi j’aurais aimé avoir plein d’oursons en chocolat, et j’ai ajouté : “tu imagines, si on pouvait avec une maison remplie de bonbons en chocolat, est-ce que tu crois que l’on arriverait à tous les manger ?” avant de passer à autre chose. Quand un enfant n’est pas content, qu’une colère s’annonce, on peut désamorcer la colère simplement en lui parlant et en lui faisant comprendre qu’on le comprend : en lui disant « je comprends que tu sois très en colère, parce que tu voulais plusieurs oursons et que tu n’en as eu qu’un seul », on reflète ses sentiments, cela permet de baisser la pression, de lui montrer qu’il est entendu. L’enfant a du mal à contrôler ses émotions : pour l’aider à se maîtriser, il faut l’aider à comprendre les émotions qui le traversent, à voir d’où elles viennent, et cela lui permettra à terme de mieux les maîtriser ».
Ne jamais crier, être toujours calme ?
« Je ne dis pas qu’un parent ne peut pas être à bout, une colère peut être impossible à maîtriser, un enfant peut ne rien vouloir entendre, évidemment ! Mais ce qui est important dans ce cas là, c’est d’exprimer ses sentiments. Au lieu d’enfoncer son enfant en lui disant « tu es méchant, j’en ai marre de toi, c’est toujours comme ça avec toi… », il est préférable de lui expliquer ce que l’on ressent. « Je suis déçue que tes dents ne soient toujours pas lavées, pourtant j’ai eu confiance en toi quand tu m’as dit que tu le ferais, maintenant je suis en colère parce qu’il est tard et que tu n’es toujours pas couchée, et je ne peux pas vaquer à mes occupations ». Le fait d’exprimer ses sentiments évite de le rabaisser ou de l’humilier : on lui explique que ce qu’il a fait n’est pas bien, mais on lui assure qu’il est malgré tout une bonne personne et que l’on sait qu’il peut s’améliorer. Et après une dispute, il ne faut surtout pas hésiter à demander pardon à son enfant : cela lui apprendra à lui aussi s’excuser. »
Prévenir son enfant pour le responsabiliser
« L’enfant est complètement dans le présent, c’est souvent quelque chose que les adultes ont du mal à comprendre. Quand il est dans son bain et qu’on l’en sort pour aller dîner, ou bien quand il est en train de jouer au parc et qu’on le prend pour l’installer dans sa poussette pour rentrer à la maison, il ne comprend pas. Imaginez que vous soyez en plein film ou en plein milieu d’un match de tennis et qu’un géant vous arrache à votre activité sans prévenir ! C’est certainement ce qu’il ressent. Donc, en l’ avertissant, on lui donne le temps de se projeter, de se préparer et de comprendre que nos décisions ne sont pas totalement arbitraires. Le mieux étant de réussir à le responsabiliser : « le plus tôt on sera parti de la maison, le plus vite nous serons arrivés au parc. Donc si tu veux faire plus d’un tour de manège, tu as tout intérêt à mettre ton manteau rapidement : libre à toi… ». « Tu sais, si on arrive en retard à l’école, c’est la directrice qui t’accompagnera jusqu’à la classe, alors que si tu te dépêches, c’est maman qui le fera. Après, c’est toi qui choisis… ». On lui montre que la décision peut aussi venir de lui, qu’il fait un choix.
M.R.
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