En moins d’un an, ses médailles ont conquis nos boîtes à bijoux : Jessica Mulliez a créé Poinçon 22, une marque de petite joaillerie qui redonne un coup de jeune à un bijou très classique. Son style élégant et moderne, sa discrétion et le succès de sa jeune entreprise nous ont donné envie d’en savoir plus sur son parcours et son quotidien.
Je ne sais pas pourquoi je m’attendais à rencontrer une jeune femme expansive et très sûre d’elle, peut-être un peu impressionnée par le succès rapide de sa jeune entreprise… En quelques mois les médailles Poinçon 22 semblent avoir conquis Instagram et les influenceuses qui l’alimentent, et je trouve personnellement l’idée et sa réalisation superbes.
J’ai donc été surprise de rencontrer, autour d’un déjeuner, une personnalité discrète, simple et presque trop humble. Elle est originaire de Lille, comme moi, cela nous fait déjà un point commun et la discussion non professionnelle s’est vite engagée. Jusqu’à dévier sur les sujets de la plus stricte intimité, que Jessica m’a autorisé à dévoiler dans cet article. Je la remercie pour ses confidences et sa confiance, certaine que son témoignage résonnera pour quelques une de nos lectrices.
Avant de créer ta marque de bijoux, tu étais chef de produit joaillerie chez Boucheron. Tu m’as dit que tu aimais ton métier, mais tu as décidé de le quitter. Peux-tu nous raconter l’histoire de Poinçon 22 ?
C’est entre 2015 et 2017, pendant un long arrêt maladie pour soigner un cancer du sein qu’est née l’idée de Poinçon 22. Vers la fin, j’avais besoin de m’occuper l’esprit et j’ai commencé à réfléchir à une idée autour du bijou sans vraiment penser me lancer : je voulais juste dessiner et créer. J’aimais l’artisanat et l’univers de la joaillerie, que je connaissais bien grâce à mon expérience chez Boucheron depuis plus de cinq ans. Comme il existait déjà beaucoup de belles marques, je voulais un produit différent et original : j’ai pensé alors à la médaille, un bijou très classique, essentiellement cantonné à la cérémonie du baptême ou à la naissance, c’était intéressant d’essayer de le détourner et de le moderniser.
Comment as-tu sauté le pas pour créer la marque ?
Mon retour de congé maladie a été compliqué et j’avais l’impression de ne plus être en phase avec les attentes du monde de l’entreprise. De plus je souhaitais avoir un métier qui me permette d’être complètement libre et autonome, il fallait que je ne dépende de personne pour pouvoir me soigner et avancer à mon rythme. Et je pense que ma réflexion autour de la médaille était allée trop loin pour que je laisse ça de côté. J’ai donc quitté mon travail en mars 2017 pour me lancer seule dans cette nouvelle aventure.
Pourquoi ce nom « Poinçon 22 » ?
Le chiffre 22 est à la fois mon chiffre porte-bonheur mais aussi mon jour de naissance. Tout comme le poinçon du joaillier qui permettait de signer sa création, les médailles Poinçon 22 sont poinçonnées avec le logo P 22.
Comment se sont passés les premiers mois ? Comment as-tu démarré ?
J’ai commencé par dessiner des médailles de baptême en leur donnant un style nouveau (la forme octogonale est vite devenue la marque de fabrique de Poinçon 22, ndlr). Ensuite je me suis fait faire une médaille « Amore » pour mon mariage en y ajoutant un saphir bleu, pour respecter la fameuse tradition selon laquelle la mariée doit, entre autres, porter sur elle un accessoire bleu. Je l’ai personnalisée avec le nom de l’église et la date de notre mariage. Cette idée a plu et le bouche-à-oreille a très bien fonctionné : finalement il y a des tas d’occasions dans la vie d’une femme où l’on aime recevoir un bijou précieux et personnalisé : pour célébrer une naissance, un anniversaire, une maman…
Comment crées-tu de nouveaux modèles ?
J’ai plein d’idées qui me viennent régulièrement que je garde précieusement dans un carnet de dessin. Mes inspirations sont diverses, cela peut être une simple rencontre, l’art, les bijoux anciens, ou la nature… Je n’ai pas une source d’inspiration précise et assurée. En ce moment j’aime beaucoup mes bracelets « Forget me not » et « Éternité » que j’accumule sur mon poignet comme des grigris.
Qu’est-ce que tu as appris sur toi en devenant entrepreneur ?
Depuis que j’ai créé Poinçon 22, j’apprends beaucoup de choses, sur moi et l’entreprenariat de manière générale et c’est ce qui me plaît. J’apprends à surmonter certaines de mes faiblesses, qui font partie de ma personnalité, à avoir un peu plus confiance en moi et mes idées. J’ai surtout compris que cette aventure est devenue essentielle pour avancer et tourner une page.
Comment as-tu réorganisé ton quotidien ? Ta vie de couple a-t-elle été impactée par ton nouveau métier ?
Mon mari est aussi un chef d’entreprise, même si sa start-up (Artsper, marketplace d’art contemporain en ligne, ndlr) est bien plus avancée que la mienne ! De fait il m’a beaucoup aidée et conseillée, notamment pour tous les sujets « geek »… Comme je fais tout toute seule pour Poinçon 22, c’est assez précieux de pouvoir échanger avec lui. Au quotidien c’est vrai qu’on a pris l’habitude de travailler souvent le soir et les week-ends… J’étais déjà plutôt du genre rigoureuse et bosseuse, je le suis encore plus qu’avant !
Tu es en phase de rémission de cancer du sein. Est-ce que devenir entrepreneur t’as aidée à mieux vivre cette période de ta vie ?
Pendant les traitements j’étais en mode survie, on est en pleine tornade, on affronte et on va de front. Une fois les traitements terminés, c’était dur psychologiquement car j’ai commencé à réaliser ce qui c’était passé et les conséquences. Je pense que créer Poinçon 22 a pris tout son sens à ce moment-là, m’engager dans un projet, un challenge autre que guérir est devenu une échappatoire qui participe encore aujourd’hui à ma guérison psychologique.
Quel impact la maladie a-t-elle eu sur ta vie professionnelle ? Et sur ta vie de femme ?
Elle a remis en question mes attentes et m’a forcé à me recentrer sur ce qui était essentiel pour moi. Soit un travail sans pression hiérarchique, flexible (car je suis encore dans un process d’opérations) et qui me fait plaisir. Comme toutes les femmes passées par le cancer cela a eu des conséquences physiques et psychologiques. Dans mon cas cela a directement touché ma féminité et la maternité, à une période de la vie où j’avais d’autres attentes. Même si bien sûr, à aucun âge un cancer n’est le bienvenu. Aujourd’hui j’apprends encore à l’accepter.
Quel conseil donnerais-tu aux femmes qui vivent en ce moment la même chose que toi ?
On m’a souvent dit que j’allais devoir être patiente et penser à moi, aujourd’hui encore je pense que c’est important. Il faut savoir s’écouter et comprendre ses besoins. Quand j’ai des moments plus difficile, je me dis que nous avons chacun nos soucis, que c’est la vie et qu’il faut avancer avec son bagage plus ou moins lourd !
Quelles sont tes ambitions pour la suite de ton entreprise ?
Faire durer Poinçon 22 dans les années à venir, et pourquoi pas un jour ouvrir une boutique !
Suivez Jessica et Poinçon 22 sur Poinçon22.com et sur Instagram.
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