Entamer une PMA, c’est jongler entre ses espoirs, ses angoisses, et parfois aussi le manque d’informations. Comment se faire aider pour appréhender au mieux cette période souvent difficile à vivre ? Comment mettre toutes ses chances de son côté ? Comment comprendre ce qui se passe dans notre corps ? Consultations avec une doula, travail thérapeutique, acupuncture, régime alimentaire adapté, fertility yoga… tour d’horizon des multiples accompagnements possibles.
1. Le soutien émotionnel d’une doula
Qu’on soit suivie dans une clinique privée ou à l’hôpital public, souvent le constat est le même : les médecins sont débordés, et n’ont que rarement le temps de répondre à nos questions. Après ces examens très protocolaires, éprouvants à la fois physiquement et psychiquement, on n’a parfois qu’une envie : que quelqu’un prenne soin de nous et nous écoute sans jugement.
Mais se confier à une amie ou à sa famille, c’est aussi prendre le risque de s’exposer à un silence gêné, ou à des remarques qui peuvent blesser. Or « l’écoute active, sans jugement, qui réconforte et soulage, c’est la promesse d’une doula ! s’exclame Leslie Lucien, doula à Paris. C’est « je vais prendre soin de toi ». Le sentiment d’injustice, la culpabilité, la colère, la jalousie face à des amies enceintes… On peut tout dire à sa doula. »
Une parenthèse de douceur, un cocon, qui peut être aussi le moment où l’on pose toutes les questions médicales que l’on n’a pas eu le temps de poser aux médecins. Certaines doulas, les « fertility doulas », spécialisées dans les parcours de PMA, sont particulièrement à même d’y répondre, et les autres en général ravies de chercher les réponses si elles ne les connaissent pas déjà.
Pour trouver une doula, vous pouvez bien sûr faire confiance au bouche-à-oreille, mais il existe aussi plusieurs annuaires. L’Annuaire des Doulas de France répertorie les doulas ayant suivi la formation élaborée par l’association. Le site internet et compte Instagram @annuairedoula répertorie quant à lui toutes les doulas ayant souhaité y figurer, aux formations très diverses. Surtout, faites confiance à votre ressenti après le premier contact téléphonique !
2. Un travail avec une psychothérapeute
« Beaucoup de choses ressortent et sont remises en jeu lors d’une PMA », analyse la psychologue Anna Soubigou. « Tout d’abord il faut gérer l’anxiété provoquée par l’attente, les déceptions, les baisses de moral, mais aussi faire le deuil d’une maternité spontanée, gérer la culpabilité en cas d’infertilité, les tensions qui peuvent naître avec son partenaire. Cela renvoie aussi à notre propre histoire, à celles de nos parents. Avons-nous été un enfant désiré ? Nos parents nous ont-ils eu facilement ? De quelle vision, de quelles ambivalences de la parentalité avons-nous hérité ? Nos parents nous ont-ils répété par exemple que notre naissance avait provoqué leur séparation ? » Des schémas inconscients et des nœuds émotionnels qui peuvent parfois empêcher la venue d’un enfant, selon la thérapeute : « Il faut apprendre à s’en détacher, différencier l’histoire de nos parents et la nôtre : cela nécessite un travail en profondeur. »
Le thérapeute va aussi aider la femme à s’écouter, à reprendre contact avec un corps souvent malmené par les rendez-vous à l’hôpital. Réapprendre à ne plus mettre sa vie en pause, en attente d’un enfant qui tarde à venir, à réinvestir les activités qu’elle et son partenaire aiment pratiquer. Indispensable aussi pour éviter un éventuel repli. Et quand l’enfant paraîtra, il sera toujours temps de mettre en pause les projets en cours…
3. Des séances d’acupuncture
Dans la médecine chinoise, un point d’acupuncture est répertorié pour traiter l’infertilité et les fausses couches : le point de l’accueil de l’invité. Et dans la culture chinoise, quand on reçoit un invité de marque, on fait tout pour qu’il se sente au mieux ! Situé sur la face interne des mollets, ce point améliore la vascularisation, harmonise la température de l’utérus, et permet ainsi que l’embryon arrive dans un corps tout à fait prêt à l’accueillir.
Autre bienfait : ce point permet aussi de redonner confiance aux patientes, qui souvent dans le cadre d’un parcours de PMA peuvent douter d’elle-même, de leur capacité à enfanter ou de leur couple… « Mais attention, précise Corinne Naudon, acupunctrice et sage-femme, seul, ce point ne donnera aucun résultat, il est à pratiquer dans le cadre d’un rééquilibrage général de l’organisme. »
Idéalement, quelques séances sont nécessaires, toutes les 6 à 8 semaines, dont la dernière 3 à 4 jours avant le transfert lors d’une FIV.
Des séances d’acupuncture qui peuvent aussi être très utiles quand selon la médecine occidentale « tout va bien » et que les causes de l’infertilité sont inexpliquées, ainsi que pour améliorer la fertilité du futur papa.
Comment trouver un bon acupuncteur ? Là encore, faites confiance à votre intuition tout en faisant attention à un point : en France, seuls les professionnels de santé, médecins et sages-femmes sont officiellement habilités à consulter, et doivent avoir un diplôme universitaire d’acupuncture. Vérifiez donc que c’est bien le cas du vôtre. Il peut aussi être intéressant de choisir une acupunctrice qui a une formation de sage-femme. Un annuaire existe, qui recense les sages-femmes certifiées acupunctrices : celui de l’afsa, association française des sages-femmes acupuncteurs.
4. Des conseils de naturopathie
Des changements dans l’alimentation peuvent-ils augmenter les chances de grossesse ? « Effectivement, explique la naturopathe spécialisée en périnatalité Clémence Fillot. Ce n’est pas le cas pour toutes les causes d’infertilité, mais quelques réglages alimentaires peuvent permettre à l’organisme de mieux réguler le système hormonal. »
Première chose à faire : augmenter sa consommation de protéines et de bons gras, essentielles à la fabrication des hormones. En consommant par exemple un ou deux œufs à la coque au petit-déjeuner, ou une boîte de sardines ou de maquereaux au déjeuner. Autre bonne idée : remplacer son huile habituelle d’assaisonnement par une huile riche en DHA et EPA, comme celle proposée pour les femmes enceintes que l’on peut trouver dans certains magasins bio.
Idéalement, il faut ensuite réduire voire éliminer sa consommation d’aliments inflammatoires comme les viandes rouges et les produits laitiers tout en augmentant ses apports en aliments complets et en légumes bio de saison. Objectifs : faire le plein de nutriments et éviter d’agresser inutilement son corps pour lui permettre de fonctionner d’une façon optimale. « Si l’organisme est trop occupé à gérer des micro-agressions, il est moins disponible pour s’occuper des hormones sexuelles et produire des ovules et des spermatozoïdes de bonne qualité » précise Clémence Fillot, « car la moindre perturbation, même infime, du système hormonal peut causer une infertilité. »
Des changements dont on commence à voir les bienfaits sur l’organisme au bout de trois mois, et qui, comme les spermatozoïdes se renouvellent tous les 72 jours, sont tout aussi valables pour les futurs pères.
Enfin, « attention au stress et aux perturbateurs endocriniens ! insiste la naturopathe. La gestion des émotions a un rôle très important dans la fertilité car les hormones sexuelles sont en compétition directe avec les hormones du stress. » Autrement dit : le stress perturbe le système hormonal, et peut donc entraîner une infertilité.
Quant aux perturbateurs endocriniens, comme leur nom l’indique – endocrinien signifie hormonal – il s’agit de perturbateurs hormonaux. Il faut donc les éviter au maximum. Pour cela, pensez par exemple à aérer les pièces régulièrement, à vérifier la composition de vos produits de beauté, et à ne surtout pas utiliser de plastique pour la cuisson de vos aliments !
En France, la FENA (Fédération française de naturopathie) reconnaît huit écoles de naturopathie. Vérifiez bien que le professionnel que vous souhaitez consulter est certifié par l’une d’entre elles, car en France pour l’instant cette profession n’est pas encore réglementée.
5. Des cours de fertility yoga
En cas d’infertilité idiopathique, c’est-à-dire inexpliquée, le fertility yoga aurait des effets spectaculaires. Selon plusieurs études, alliés à un mode de vie qui supprime les perturbateurs endocriniens et les substances toxiques, trois mois de pratique bi-hebdomadaire de fertility yoga avant une FIV augmenteraient les chances de grossesse d’au moins 30 %.
Popularisé en France par Charlotte Muller, le fertility yoga se compose de deux pratiques distinctes : en première partie de cycle, c’est à dire avant la phase d’ovulation, le fertility yoga est composé de postures plutôt dynamiques. Puis en phase lutéale, c’est-à-dire en seconde partie de cycle, les postures sont plus douces. Ce yoga améliore l’ouverture des hanches, la circulation sanguine vers le bas ventre et les ovaires, et travaille sur le système endocrinien en rendant notamment celle qui pratique plus résistante au stress. Un équilibre hormonal global favorisé aussi par des exercices de méditation qui stimulent l’énergie au niveau des ovaires et la production d’hormones.
Si des cours sont possibles en ligne, pratiquer en présentiel apporte une autre source de bien-être inattendue. Cela permet de rencontrer des femmes dans la même situation, de partager ses doutes, ses émotions, ses ressentis, ou encore d’échanger bons plans et contacts.
Souvent même, des amitiés se créent, bien agréables quand parler de ses FIV peut parfois être tabou.
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