Avoir un deuxième enfant, c’est retomber dans les couches et les nuits sans sommeil mais aussi vivre une seconde grossesse, agrandir la fratrie, voir son aîné devenir grand frère ou grande soeur… On finit forcément par y penser et cette question du deuxième soulève chez chacune autant de craintes que de belles espérances. Témoignages de lectrices qui nous ont confié leurs questionnements et leurs certitudes au moment de mettre en route le numéro 2.
« J’ai peur de rompre l’harmonie de notre vie àtrois », Mathilde, 34 ans, maman d’Anatole, 2 ans
« Mon premier fils Anatole a 2 ans et je suis enceinte de mon deuxième. Nous avions avec mon compagnon envie d’agrandir la famille, de créer une fratrie pour que l’aîné ne grandisse pas seul, et puis nous avons des fantasmes de voyages et de moments de complicité à quatre… Mais maintenant que ça devient concret, ça fait vraiment peur ! J’ai très peur de rompre l’harmonie de notre petite vie à trois. Je me dis aussi que si ce n’est finalement pas si dur de répondre aux besoins d’une personne étrangère à soi, il doit être très différent de répondre à ceux de deux enfants, qui auront des besoins différents à des moments différents. Je crains aussi de ne plus avoir un moment à moi, de ne pas être épanouie car débordée, d’être toujours dans la surveillance et pas dans la jouissance du moment… Après, je relativise et me rappelle que j’avais les mêmes inquiétudes avant l’arrivée d’Anatole. Chaque enfant est un tsunami, chacun doit retrouver sa place. Reste que ce que je sais inévitable et qui m’angoisse, c’est de nouveau la fatigue, les premiers mois de nuits pourries, d’impression d’être débordée sans avoir rien fait d’autre que donner le sein et changé des couches, la douche à 19h en 2 minutes ! Mais là encore je me rassure en me disant que je saurai sûrement aborder les choses plus sereinement et moins culpabiliser que la première fois… D’ailleurs, je vis ma seconde grossesse très bien, beaucoup plus sereinement que la première. »
« On ne peut pas tout contrôler », Clarisse, maman d’un petit garçon de 3 ans.
« Je suis enceinte de mon deuxième enfant alors que mon aîné a 3 ans. Ma grossesse est très différente de la première, je suis beaucoup plus fatiguée, sans doute avec l’aîné à gérer, mais je suis en revanche beaucoup moins stressée que la première fois. Je me suis sentie très culpabilisée pendant ma première grossesse : j’ai eu un (petit) diabète gestationnel, tout de suite les médecins ont sorti l’artillerie lourde, contrôles en tout genre et menaces de « gros bébé », à les entendre ça allait être un carnage. Ma belle-mère a commencé à se positionner sur le créneau « meilleure mère que toi » et à l’époque je n’osais encore trop rien dire. Je me collais beaucoup la pression toute seule, ne me sentant jamais à la hauteur. J’ai l’impression d’avoir été une mère super angoissée pour mon aîné et de ne pas avoir assez profité de ses premiers mois. Le début de ma deuxième grossesse a été nettement plus calme, notamment parce que j’essaie au maximum de m’épargner le stress ressenti lors de ma première grossesse : depuis un an je travaille de chez moi, j’ai du coup plus de temps pour mon aîné et je peux me reposer si besoin. J’avais déjà chargé mon mari de remettre sa mère en place, donc elle s’est calmée. Par contre j’avais toujours tendance à ne pas me sentir à la hauteur, mais lors de mon entretien prénatal, j’ai pu parler avec une sage-femme adorable qui a pris le temps de m’écouter et de me déculpabiliser. J’ai également pris rendez-vous avec la psychologue de la maternité, ça m’aide à comprendre certaines choses. Le plus utile, finalement, c’est la sage-femme qui me l’a dit : on ne peut pas tout contrôler. Ça m’a beaucoup détendue. »
« J’ai envie de fonder une fratrie », Marion, 34 ans, maman de Léonor, 2 ans
« Ma fille vient de fêter ses deux ans et nous pensons avec mon mari à agrandir la famille. Je le vois comme un cadeau pour Léonor : j’ai aimé avoir des frères, pouvoir me reposer sur eux, que l’on se serre les coudes et j’ai envie de lui offrir la même chance. Non pas que j’aie particulièrement envie d’être enceinte, mais j’ai envie de fonder une fratrie.
Si j’ai des peurs ? Oui, j’appréhende tout ! Que l’on soit encore plus débordés, que les journées soient encore plus courtes qu’aujourd’hui… Ma plus grosse inquiétude porte sur le travail, étant donné que je suis freelance, je sais que mon congé maternité sera encore une fois de courte durée. Je pense que je devrais apprendre à déléguer, à me faire aider, à débloquer par exemple un budget baby sitter que je ne me suis pas octroyé jusque-là… Et puis avec mon mari nous avons décidé de quitter Paris pour la Province et je pense que ce grand changement dans notre vie, et notamment le fait d’avoir plus d’espace, facilitera le quotidien avec l’arrivée d’un deuxième enfant. Quant à la question de la fatigue, de retrouver des nuits sans sommeil, cela ne m’inquiète pas vraiment : j’ai un mari sur lequel je me suis beaucoup reposée pour ma fille et je sais que je pourrai compter sur lui de la même façon pour le deuxième ! »
« Profiter de ces derniers mois àtrois, avant de passer àtoute une nouvelle vie àquatre », Bertille, 31 ans, maman de Lucrèce, 2 ans, et Aurèle, 5 mois
« Nous avons voulu un deuxième enfant très vite. Notre fille aînée avait tout juste 10 mois quand j’ai été à nouveau enceinte. Je pense que cette envie a été portée par Lucrèce qui était tellement mignonne et facile que nous avons tout de suite voulu multiplier ce bonheur. Ma deuxième grossesse a été différente de la première. J’ai eu des nausées, alors que je n’avais pas connu ça avec Lucrèce, et la fatigue n’a jamais vraiment disparu, même après le premier trimestre. Il y avait aussi le sentiment que le temps ne m’appartenait pas : j’étais tellement occupée avec Lucrèce qui faisait ses premiers pas, articulait ses premiers mots, que je ne voyais pas les mois passer. Je me souviens que pour Lucrèce nous étions toujours pile dans les temps pour les échographies, alors que pour le deuxième je me disais « mince ! Il faut que je prenne rendez-vous ». Parfois je m’en voulais, je pensais ne pas faire assez attention au bébé qui grandissait en moi. Mais en fait, ça m’a permis d’être beaucoup plus sereine pour ma deuxième grossesse, tout en étant très épanouie. Et surtout profiter de ces derniers mois à trois, avant de passer à toute une nouvelle vie à quatre. Quand Aurèle est né j’ai été bouleversée de joie, dès la première seconde c’était mon fils et je l’aimais comme s’il avait toujours été là. Alors qu’une de mes angoisses était de ne pas pouvoir aimer autant mon deuxième enfant. Une semaine avant son arrivée je me souviens avoir pleuré dans les bras de mon mari parce que je m’en voulais d’ôter à Lucrèce mon indivisible attention et amour… Mais j’avais mal analysé la situation, et au contraire on offrait une immense joie à notre famille.
Concernant le nouveau quotidien avec deux enfants, les premières semaines, j’ai jonglé ! Aurèle au sein et Lucrèce qui réclamait mon attention : on était « dans le tunnel » comme disait mon mari. J’avais l’impression de ne faire que ça : m’occuper de mes enfants. Adieu les amis ! Mais avec de la patience et du temps, tout a évolué. On m’a demandé récemment si je me sentais plus maman depuis qu’Aurèle est là. Je dirais que je me sentais déjà pleinement maman avec Lucrèce, mais qu’avec l’arrivée d’Aurèle mon amour et mon bonheur sont décuplés. »
M.R.
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