Depuis la première rencontre avec son bébé le jour de sa naissance jusqu’à ses premiers mots, le rôle de maman s’apprend tous les jours et sur le tas. Et puis un jour, on découvre qu’il a grandi, qu’il a toujours besoin de nous, voire davantage, mais d’une autre façon… Comment devient-on parent d’un « grand » quand s’achève l’âge tendre des couches et des biberons ? Comment entre-t-on dans ce nouveau rôle d’éducateur sans manuel ni tutoriel ? Nouveaux défis, nouvel équilibre et nouvelle relation avec son enfant : comment réinventer son rôle de maman quand notre bébé devient un « grand » ?
Dès le premier jour, nous apprenons à devenir mères, à nous adapter à notre enfant. Entre les grands moments d’euphorie, ceux où la responsabilité nous écrase un peu, les moments de joie intense et de doute affreux… « Comment vais-je prendre soin de ce bébé, puis de deux enfants, de trois ? ». Garantes du bien-être de tous, de la juste place de chacun, nos premières années en tant que maman sont intenses, denses, merveilleuses et nous amènent à nous poser mille questions.
La meilleure maman possible
Mais la vie va, tout passe et le rythme s’installe. La confiance en nos capacités de mère aussi. On a défini plus ou moins explicitement une ligne de conduite, un cadre éducatif. On a constaté qu’il fallait à nos enfants de l’amour à profusion pour grandir sereinement. Les premiers microbes, les premières dents, les premiers pas… Nous avons fait de notre mieux pour être la meilleure maman possible avec tout ce que nous sommes, avec notre caractère, notre boulot, notre fatigue, notre force physique. Nous sommes, face à nos jeunes enfants, les seules personnes de référence, l’accueil inconditionnel de tous leurs succès, de toutes leurs colères, de toutes les peines et des petits bobos. À nous l’exclusivité des premières années de nos tout-petits.
Faire le deuil de son bébé
Nous étions plongés dans les couches et la diversification. Nous nous sommes fait un sang d’encre face à leurs bronchiolites et à leurs petits microbes. Il y avait les histoires du soir, les « Petit ours brun » le dimanche après le bain, les dîner-goûters. La magie de Noël, les livres audio dans la voiture, les après-midis bricolage, les spectacles de l’école. Des câlins moelleux, des promenades (presque sans) râler et de longues après-midis sur la plage à construire des châteaux… À cet instant de vie, le cadre posé par l’adulte est accepté ou tout du moins supporté sans être trop remis en question.
Quand notre bébé devient un préado
Et puis un jour, ces tout-petits deviennent grands… On peut s’en apercevoir d’un coup, la chose nous tombe dessus sans crier gare. Le jour où nous nous rendons bien compte que nos bébés deviennent réellement grands et qu’ils chaussent du 36, cela peut faire l’effet d’une claque. Ils sont en train de devenir des préados, des ados… Nos enfants nous réclament plus d’autonomie, ils poussent comme des champignons, ont des avis bien arrêtés sur leurs looks, sur leurs playlists fétiches. Les amis deviennent les confidents des sentiments qui nous étaient jusqu’alors réservés. Ils commencent à évoluer en bande, à veiller un peu plus tard le soir, à souhaiter gagner 3 sous, à avoir des projets pour les vacances… Sans nous ! La chose nous échappe un moment. Ils ont grandi. Et quand il s’agit de nos aînés, comment s’en apercevoir et comment s’adapter ? Quelles réponses apporter à leurs envies de découverte et d’autonomie ?
Découvrir les problèmes de « grands »
Arrivent alors des problèmes de grands. Un rapport sain à mettre en place vis-à-vis des écrans, du travail, des sorties entre amis, de la relation à l’autre aussi. Un juste équilibre entre ouverture au monde et préservation de ses tourments. « Oui, tu verras, mais pas tout de suite. » Et pour les mères que nous sommes, ils ne sont jamais assez préservés, jamais assez encadrés, entourés… Difficile parfois de lâcher prise. Ces périodes de la vie sont à la fois des petits deuils à faire et des moments privilégiés où peut s’instaurer une relation complice et belle avec nos enfants. Après tout, n’est-ce pas là l’essence de notre job de parents que d’élever nos enfants au sens propre du terme… Les guider vers l’âge adulte, les accompagner pour mieux les aider à nous quitter.
Éduquer, conseiller, négocier : nos nouvelles missions de parent
C’est un vrai défi que ce nouveau cap, pour nous comme pour eux. S’adapter, trouver le juste milieu, l’équilibre, la relation saine, en confiance. À mesure que nos enfants grandissent, notre rôle d’éducateur se complète d’un rôle de conseiller particulier (et pourvu qu’ils nous écoutent !) et c’est le moment idéal pour devenir des as de la négociation (les enfants sont eux parfois de redoutables négociateurs dès le plus jeune âge). Il y a, à ce sujet, un livre très intéressant écrit par Laurent Combalbert, ancien négociateur du Raid et père de quatre enfants :Devenez meilleur négociateur que vos enfants! – Comment améliorer ses relations avec sa progéniture. La lecture de cet ouvrage peut faire évoluer notre vision de la négociation. Ce qui nous semble tellement agaçant et fatigant à gérer à la maison au quotidien est, selon l’auteur, un bon exercice d’affirmation de soi, de structuration de la pensée, de confrontation à l’autre. Il s’agirait d’un rapport naturel, ni insolent, ni malappris et qui ne remettrait pas en cause notre autorité parentale.
Tips et solutions pour apprendre à devenir parent de grands :
On peut commencer par se réjouir de toutes les choses positives à développer au sein de la famille avec des enfants plus grands : l’entraide, le partage des tâches, les discussions constructives. On envisage également avec bonheur les nuits complètes, la réappropriation de la maison qui ne sera plus une salle de jeu géante ni une annexe d’un magasin de puériculture, l’économie de nombreuses soirées de babysitting… Laisser ses petits grandir présente in fine des avantages non négligeables.
Avoir une vraie discussion avec nos enfants pour poser ensemble les règles de vie de la famille, qui avec le temps, ont certainement évolué. Ce que nous n’avions peut-être pas vu jusqu’alors. Le respect de l’intimité de chacun, de la parole donnée, des nouveaux horaires, l’aide que l’on peut attendre d’eux sont autant de choses à définir.
Comprendre et accepter que négocier avec son enfant, ce n’est pas partir perdant, ce n’est pas un aveu de faiblesse mais une manière d’établir un contrat gagnant/gagnant entre ce que l’on peut accepter et ce qu’il désire.
Petits enfants, petits soucis
L’adage « petits enfants, petits soucis, grands enfants, grands soucis » de nos grand-mères est donc bien vrai. À certaines périodes charnières, il nous faut nous adapter, remettre en question notre rôle de parent et notre manière de l’exercer pour accompagner au mieux nos enfants. Pour qu’ils soient à même, à terme, de prendre les bonnes décisions pour eux-mêmes. On peut aussi avouer que de temps en temps, nous hésitons et qu’il nous faut demander conseil. Aucun manuel n’apprend à devenir parents, nous sommes tous autodidactes, libres de nous informer, de nous documenter, de consulter un spécialiste ou de faire une formation pour trouver son approche, la meilleure qui soit pour nos enfants. Il semble également important de reconnaître, auprès de nos aînés, que nous apprenons avec eux à poser ce cadre et de nous excuser parfois de nos maladresses. Tout est possible, l’avenir s’offre à eux dans tout ce qu’il a de grand, soyons de bons et justes guides. Et enfin, réjouissons-nous de mener à bien cette mission de parents et d’éducateur qui nous est confiée. N’est-ce-pas la plus belle ?
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