Vous êtes enceinte de jumeaux (ou de triplés) et le retour de la maternité vous donne déjà le vertige ? Inutile de mentir, ça va être un peu sportif… Mais avec un peu de méthode, assure Muriel Herbert, maman de trois enfants dont deux fillettes dizygotes, et auteure de « Jumeaux, le grand livre », vous mettrez toutes les chances de votre côté. Organisation, équipement, distribution de l’affection : cette spécialiste de la question partage quelques astuces pour gérer au mieux cette période.
Huit ans après, quel regard portez-vous sur votre retour à la maison suite à la naissance de vos jumelles ?
On savait que ça allait être difficile, on s’y était préparés. Et effectivement, ça a été du sport ! Un véritable tsunami… Mais finalement, ça n’a pas été l’enfer auquel je m’attendais. On avait organisé les choses de façon très militaire. Pour les courses, par exemple, tout était millimétré : je préparais la liste, la poussette double, je m’arrangeais pour partir entre deux selles pour être sûre d’avoir une heure devant moi… En rentrant, je les changeais, je rangeais les courses… C’était au cordeau, un peu étrange. Mais, finalement, j’y suis arrivée et j’en ai retiré une certaine fierté. Aux futures mamans, je dis donc : vous allez y arriver, mais il va falloir vous faire aider, et pas seulement par le papa, mais aussi par tous les proches car vous ne pourrez pas tout gérer seule.
Côté rythmes des repas et de sommeil, comment avez-vous procédé ou quels conseils donnez-vous aux parents de jumeaux ?
Au départ, je les ai laissées manger et dormir à leur rythme mais je me suis vite aperçu que ce n’était pas gérable. J’ai donc décidé assez rapidement de les caler : quand l’une réclamait à manger, même si l’autre n’avait pas très faim, je lui proposais son biberon. Rapidement, elles ont pris le même rythme et c’est devenu beaucoup plus vivable pour moi. C’est grâce à cela que j’ai réussi à tenir sans tomber en burn out.
Pour les nuits, on s’était équipés de deux caméras et en les observant, on s’est aperçus que l’une s’endormait très facilement tandis que l’autre avait plus de mal. Puis que l’autre avait un sommeil plus agité et gênait l’une. On a donc décidé de les mettre dans deux chambres séparées. Elles ont retrouvé des nuits plus apaisées. Et nous aussi ! Sans cela, je n’aurais pas aussi bien vécu cette première année.
Côté équipement, quels conseils donnez-vous aux futurs parents de jumeaux ?
Bien s’équiper est vraiment important. La priorité absolue, à mon avis, c’est la poussette double (personnellement, j’ai préféré la disposition « en ligne » : un bébé derrière l’autre) et aussi les transats, qu’il faut choisir avec soin. Nous les avions choisis évolutifs et c’était un bon choix car nous nous en sommes servi très longtemps. Pour alléger le budget, on peut se tourner vers le marché de l’occasion. Du côté des accessoires que j’avais trouvé inutiles : les chauffe-biberons et la machine à biberon-expresso. Ce sont, à mon sens, des gadgets dont on se sert très peu de temps.
Comment gérer la distribution de l’attention ?
C’est une question que je me posais souvent, notamment le matin, en entrant dans leur chambre : « Laquelle je regarde en premier ? ». J’avais vraiment peur d’en faire davantage pour l’une que pour l’autre. Mais finalement, naturellement, je sais que j’ai donné autant d’amour à l’une qu’à l’autre. Mais je me souviens que pendant une période, chacune des filles était attachée à un parent différent. C’était rassurant pour elles, je pense, d’avoir un parent référent. Nous n’avions pas de chouchou mais elles nous avaient choisis. Quand elles ont marché, nous avons commencé à passer des petits moments avec l’une puis avec l’autre, juste le temps d’un petit tour du pâté de maisons par exemple. Ces tête-à-tête étaient des moments privilégiés et, même s’ils étaient très courts, j’avais le sentiment de redécouvrir mon enfant, de le réapprendre.
Quel conseil souhaitez-vous donner à une future ou à une jeune maman de jumeaux ?
Je lui dirais que le plus important dans cette période, c’est de s’exprimer. C’est ça qui va permettre de faire redescendre le stress, que l’on sait être l’ennemi numéro 1 de la grossesse. Dire ce qui va bien mais aussi ce qui va mal, cela permet au papa de s’apercevoir de plein de choses. Sans oublier que le fait de dire les choses permet déjà de se soulager d’un poids.
Merci à Muriel Herbert, auteure, avec Alix Lefief-Delcourt, de Jumeaux, le Grand livre, aux éditions Leduc.
Crédit photo : Dobrila Vignjevic / iStock