Il était au creux de votre ventre, dans le noir, bercé par vos mouvements, sans faire d’effort ni pour respirer, ni pour manger. Et puis, il vint au monde, un immense chamboulement pour lui : qu’est-ce que cette lumière ? Et ces bruits ? Et cette sensation de faim ? Et ce vide autour de lui ? Alors que dans le ventre, votre bébé dormait entre 16 et 20h par jour, à la naissance il a besoin de votre accompagnement pour trouver, petit à petit, un rythme. Retrouvez les conseils de Maëlys Lelevreur*, coach parentale.
L’horloge biologique du bébé
L’horloge biologique du nouveau-né n’est pas réglée comme la nôtre car ses réserves énergétiques sont faibles. Il doit manger souvent. Il est primordial d’avoir cela en tête pour ne pas attendre d’un bébé ce qu’il ne peut pas physiologiquement faire. Pour pouvoir dormir de 5 à 6 h d’affilée, il faudra donc attendre que son estomac soit un peu plus grand, en général à partir de 3 mois. De plus, le fameux cycle circadien (alternance jour/nuit) n’est pas encore organisé chez lui. Il se mettra en place entre 4 et 6 mois.
Le sommeil de la naissance à 3 mois
Jusqu’à ses 3 mois, le nouveau-né dort entre 14 et 18h par jour. Ses phases d’éveil sont courtes et ses cycles de sommeil aussi.
Ne perdez pas de vue qu’un bébé qui vient au monde arrive en terre étrangère. Il a besoin de comprendre l’endroit, les personnes et le vide qui, tout à coup l’entourent. Pour cela, rien de mieux que les bras, les mots et la présence de gens aimants.
Alors, on oublie les « laisse-le pleurer » quand il n’a que 2 mois de vie. Il a besoin de savoir que vous êtes là pour lui. Et vous avez aussi besoin d’apprendre à reconnaître ses pleurs pour mieux répondre à ses besoins. Ce temps de « connexion » est essentiel pour son développement psychologique.
Pendant cette période, l’observation sera votre alliée. Quels sont ses signes de fatigue ? A-t-il besoin de succion pour dormir ? Dans quelle position se sent-il le plus à l’aise ? Son lit est-il adapté ? Prenez ce temps pour le comprendre. Les premiers mois, les bercements sont souvent nécessaires à l’endormissement, cela lui rappelle le ventre maternel.
Cette observation vous permettra aussi de le coucher au bon moment, c’est-à-dire quand les signes de fatigue apparaissent. Si vous attendez trop, votre bébé va s’exciter et produire de l’adrénaline, difficile alors pour lui de rejoindre les bras de Morphée.
Par ailleurs, n’oubliez pas que dans le ventre aussi il était entouré : privilégiez donc les couffins, les petits berceaux ou les écharpes de portage pour qu’il se sente sécurisé. Il a besoin de toucher quelque chose, d’être dans un contact rassurant, pour se laisser aller au sommeil.
Le rythme du bébé de 0 à 3 mois
Le bébé qui vient de naître est sur un rythme que l’on appelle ultradien et qui revient toutes les 3-4h.
On distingue plusieurs phases lors de ce rythme :
– Le sommeil agité : le bébé bouge beaucoup et semble rêver à plein de choses. Attention à bien le laisser dormir pendant cette phase et à ne pas le prendre.
– Le sommeil calme : cette phase suit celle du sommeil agité. Le bébé est calme et dort profondément.
– L’éveil calme : Le bébé est calme et attentif, il suit des yeux. Pas facile au début mais petit à petit, cette phase s’allonge.
– L’éveil agité, les battements de son cœur s’accélèrent, il gigote dans tous les sens.
Le sommeil entre 3 à 6 mois
Entre 3 et 6 mois, le bébé dort entre 12 à 16h par 24h. Votre bébé a grandi et son estomac aussi. Il peut patienter un peu plus entre ses repas, surtout la nuit. Il faut attendre que le bébé fasse au moins 6-7 kilos pour voir les temps de repos s’allonger. En général, aux alentours de 3-4 mois, le bébé peut passer 5 à 6h sans manger. Et oui, on dit alors qu’il fait ses nuits. Vous pensiez que « faire ses nuits » c’était 10h d’affilée ? Il va falloir attendre encore un peu !
Là encore, l’observation sera votre alliée. Vous commencez à mieux le connaître et à décoder ses signes de fatigue, ses pleurs, ses humeurs. Faites-vous confiance pour l’accompagner vers un sommeil de plus en plus autonome. Regardez votre bébé plutôt que l’horloge, il vous guidera.
Les odeurs, les sons et les lieux sont autant de repères pour lui. Vous pouvez, petit à petit, mettre un rituel d’endormissement en place. Il n’y a pas de rituel à suivre à la lettre, juste quelque chose qui vous plaise à vous (histoire, chanson, prière…) Le but de ce rituel étant d’aider votre enfant à faire baisser son rythme cardiaque pour passer d’un état de veille à un état de sommeil.
Une fois ce rituel terminé, essayez de le poser dans son lit avant qu’il ne soit endormi. Cet endormissement autonome facilitera aussi les autres endormissements de la nuit. En effet, comme nous, les bébés ont des cycles de sommeil et se réveillent entre 4 à 6 fois par nuit, à la fin de ces cycles. Si l’endormissement est autonome, ils arriveront plus facilement à se rendormir seuls, sans vous appeler.
Entre 4 et 6 mois, on va voir une maturation de son horloge biologique pour petit à petit, arriver au rythme circadien.
À partir de quel âge doit-on les caler ? (et d’ailleurs qu’est-ce que ça veut dire ?)
Je ne suis pas pour ce principe de « caler un bébé », même s’il y a des gens spécialisés dans ce domaine, que l’on appelle d’ailleurs « les régleuses de bébés ». Je tiens à rappeler qu’un nouveau-né qui fait ses nuits est une EXCEPTION.
Pour moi caler un bébé voudrait dire qu’il est un mini-adulte, qu’il est identique à nous, que son corps est prêt à cela : or c’est loin d’être le cas. Il est un adulte en devenir, avec son propre rythme, ses besoins spécifiques, son tempérament, son histoire de vie, son développement et son fort besoin d’attachement.
En revanche, on peut tout à fait aider l’enfant de moins de 6 mois à aller vers un rythme circadien ou l’aider à avoir un endormissement de plus en plus autonome.
Comment aider son bébé à trouver son rythme ?
Voici quelques petites choses à mettre en place pour l’aider à comprendre la différence entre le jour et la nuit :
– Dès la fin du premier mois, mettez-lui des vêtements différents le jour et la nuit.
– Faites du bruit pendant la journée ! Ne mettez pas votre portable sur silencieux dès qu’il ferme les yeux et vivez normalement même quand il dort.
– Ne le mettez pas dans le noir pour les siestes de la journée. Vous pouvez tamiser un peu la lumière ou ne fermer qu’un volet, mais pas de noir complet.
– Quand vous le nourrissez la nuit, soyez différent. Moins bavard, moins vif dans vos gestes, ayez moins d’interactionS que pendant les repas de la journée. Il est important que votre bébé sente la différence dans votre posture entre le jour et la nuit.
Et si mon bébé a des « rechutes » ?
La première année de vie est celle où le bébé grandit le plus, cerveau, taille, poids, jamais cela ne se reproduira par la suite. Il a donc ce que l’on appelle des poussées de croissance, souvent aux alentours de 15 jours, puis de 1,5 mois, 3 mois, et 6 mois : il aura besoin de plus d’énergie et donc de manger plus, cela peut perturber à nouveau son rythme.
Comme pour les adultes, les changements du quotidien peuvent impacter la qualité de ses nuits : arrivée dans une nouvelle maison, les vacances, un nouveau lit, une angoisse de séparation… Dans ces cas-là, rien de mieux que les bras et un doudou pour se rassurer et retrouver Morphée.
Des conseils ?
Attention à ne pas toujours endormir votre bébé au sein ou au biberon. Essayez plutôt de le coucher après une période d’éveil, et non directement après la tétée. Votre bébé arrivera ainsi à être plus autonome dans son endormissement et ne fera pas un amalgame dans ses besoins : « Je suis fatigué, il faut que je mange ».
Le besoin de succion du nouveau-né est très important car ce geste l’apaise. Le petit doigt du co-parent ou une tétine peuvent aussi l’aider à trouver le sommeil.
N’hésitez pas, quand votre bébé arrive à attraper les objets seul, à mettre quelques tétines autour de lui sur son tapis d’éveil. Il pourra ainsi les attraper et, qui sait, faire de même la nuit…
Et pour finir, la base de la base : ne comparez pas le sommeil de votre bébé avec celui de la cousine du même âge et n’écoutez pas trop les conseils des uns et des autres. Si besoin d’aide, appelez votre pédiatre, allez à la PMI ou faites appel à un professionnel diplômé de la petite enfance.
La conclusion de Maëlys
La capacité de l’enfant à « faire ses nuits » est comme celle de marcher ou de se retourner : elle dépend de chaque enfant. Pas d’âge ou de comparaisons possibles avec le bébé du voisin. Il y a trop de variables : le tempérament, le poids, s’il est allaité ou non, votre histoire….
Et n’oubliez pas que même si ses horaires de sommeil ne correspondent pas aux vôtres, une chose est sûre, l’évolution vers un sommeil nocturne est naturelle chez l’être humain. Soyez rassuré, il va y arriver !
*Maëlys Le Levreur accompagne les jeunes et futurs parents personnellement et lors de conférences ou de permanences parentalité au sein des entreprises. Plus d’infos sur son site My Little Coaching et sur son compte Instagram @mylittlecoaching.
Crédit photo : BellyBalloonPhotography