Colères spectaculaires, crises de larmes, chapelets de « NON ! » et petits poings serrés… Vers deux ans, nos enfants traversent souvent une période orageuse. Une étape normale et nécessaire à la construction de leur identité mais qui peut nous laisser démunies. Sophrologue à Paris, Émilie Berthet nous donne des clefs pour faire face aux fameuses crises du « terrible two ».
1/ Explorez à deux son ressenti
Dans un premier temps, accompagnez votre enfant pour qu’il découvre ce qu’il ressent. S’il ne sait pas encore s’exprimer, il peut comprendre ce que vous lui expliquez. Dites-lui par exemple : « Je te sens contrarié, en colère, frustré… ». Puis expliquez plus précisément ce que cela implique dans les ressentis : « Quand on ressent ça, on peut avoir des sensations dans le corps, par exemple de la chaleur dans le ventre, des frémissements dans les jambes, etc. ».
Puis, n’hésitez pas à vous exprimer sur vos propres ressentis, à lui expliquer ce que vous ressentez quand vous êtes en colère, frustrée etc. Cela lui permettra de comprendre que c’est un état normal pour vous comme pour lui.
Pour que l’enfant puisse bien comprendre, vous pouvez rendre ce moment plus ludique en passant par le jeu :
– choisissez un animal (peluche, sur image…) et imaginez-le en colère,
– faites parler l’animal à votre place : « quand je suis en colère je me sens vraiment mal, j’ai l’impression que je pourrais tout casser ». N’hésitez pas à détailler la raison de sa colère, à quel moment, pourquoi etc.,
– puis, faites revenir l’animal à un état plus calme en lui faisant dire : « Mais je sais que ça va passer, que c’est une émotion, que je peux me calmer. »
L’intérêt est de faire comprendre qu’une émotion est un état normal mais qu’elle ne doit pas prendre le dessus. Sinon, elle devient trop envahissante et peut même nous faire oublier qui l’on est vraiment.
2/ Bougez
La période du terrible two est source de grandes tensions pour votre enfant mais aussi pour vous. Il est important de savoir les libérer pour qu’elles ne s’accumulent pas. N’hésitez pas à vous accorder des temps de « mouvements », qui libèrent les tensions accumulées dans le corps. Ces temps peuvent être pris en prévention ou après une crise.
Voici une proposition :
– ensemble, dansez, sautez au rythme d’une chanson. Vous pouvez ajouter des phrases comme « Je me sens bien, je me libère, j’évacue » ou plus simplement faire des « AAAAAAAHHHHH » de soulagement,
– l’important est de bien définir avant ce que vous faites et pourquoi. Par exemple, vous pouvez lui expliquer comme ceci :
« Nous allons jouer ensemble. Pendant le temps de la chanson, nous allons nous libérer des tensions. Cette période est intense ça va nous faire du bien. »,
– attention, définissez bien les règles pour éviter que la situation ne dérape. C’est un jeu encadré : on ne frappe pas, on ne mord pas etc.,
– dans un dernier temps, expliquez-lui que quand la musique est terminée, on redevient plus calme.
3/ Pensez à vous
Le terrible two n’est pas une période agréable. La fatigue, les émotions qui s’accumulent peuvent vous faire oublier de penser à vous. En cas de crise de votre enfant, pensez à respirer. Si votre enfant fait une colère que vous n’arrivez pas à calmer, prenez un temps pour effectuer un exercice de respiration :
– debout, les bras tendus devant vous, inspirez,
– pendant la rétention de votre air, imaginez un tableau sur lequel vous allez écrire tout ce que vous ressentez « fatigue », « colère », etc.,
– puis, à l’expiration, faites un mouvement de va-et-vient avec vos mains comme pour effacer ce tableau et laissez partir ces sensations. Ramenez vos mains vers vous en effectuant le mouvement,
– enfin, relâchez les mains le long du corps et reprenez une respiration normale. Vous pouvez renouveler cet exercice trois fois.
Pensez à toujours laisser votre enfant en sécurité si vous vous isolez pour effectuer cet exercice, même si vous pouvez tout à fait le faire devant lui. Il sera sûrement curieux de comprendre ce que vous faites : une bonne occasion de lui montrer comment évacuer ses émotions !
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Crédit photo : Juan Domenech / Unsplash