La frontière entre nos vies personnelle et professionnelle n’a jamais été aussi floue que depuis les débuts de la crise sanitaire : télétravail, ordinateur du bureau installé dans un coin du salon, mails professionnels auxquels on jette un œil avant de passer à table, stress de devoir garder les enfants à la maison en cas de fermeture de classe… Comment ne pas se laisser déborder au quotidien quand le travail s’invite à la maison ? Maëlys Lelevreur, coach parentale, nous donne ses conseils.
Notre enfant comprend-il que nous ne sommes pas que des parents et que nous avons des obligations professionnelles ?
Pour votre enfant, votre rôle principal est celui de parent ! Difficile pour lui avant 4 ans de comprendre ce qui est décentré de lui et donc votre travail. Et il est encore plus difficile pour lui de comprendre que vous travaillez depuis la maison, que vous êtes en conférence téléphonique depuis votre salon et que vous ne pouvez donc pas lui donner son verre d’eau là, tout de suite, maintenant. Notre enfant a du mal à s’imaginer que nous avons un ailleurs, des activités, des préoccupations autres que lui. Il faut prendre le temps de lui raconter vos journées, votre travail, vos loisirs.
Nous avons par ailleurs de plus en plus de difficultés à séparer notre temps personnel de notre temps professionnel…
Avec le numérique, notre travail a envahi notre quotidien ; téléphones, tablettes, ordinateur portable… Près d’un tiers des français disposent d’un terminal numérique fourni par l’entreprise. Ces objets ne font que réduire la frontière entre nos vies pro et perso et nous rendent disponibles quasiment en permanence. Mon conseil pour réduire leur impact à la maison : s’imposer des horaires fixes, les éteindre en dehors des horaires de travail, et leur trouver une place bien à eux, loin de la salle à manger et de la salle de jeux.
On est confrontés à l’imprévu depuis les débuts de la crise sanitaire : incertitude du lendemain, classe fermée, cas contact à la crèche… Les parents jonglent entre leur vie de famille et leur job, en télé-travaillant souvent tout en gardant leurs enfants. Comment trouver l’équilibre dans ces conditions tout sauf idéales ?
Le mot clef est l’adaptation. Je propose plusieurs pistes à suivre selon les situations :
– Tout d’abord, vous ne serez pas aussi performant avec vos enfants dans les jambes que seul au bureau. C’est un fait et l’accepter c’est déjà beaucoup. Les jours où vous devez travailler de chez vous avec vos enfants, ajustez donc vos attentes (et celles de votre employeur) en faisant des tâches qui demanderont peut-être moins de concentration que de faire le bilan comptable de l’année.
– Soyez flexibles, envers vous et vos enfants. Normalement ils mangent équilibré le midi et ne regardent pas les écrans. Et bien exceptionnellement, ils mangeront des surgelés et regarderont une petite vidéo pendant votre réunion hebdomadaire avec votre patron. Je vous promets que votre énervement sera plus néfaste pour eux qu’une heure d’écran par jour.
– Travaillez dans un endroit séparé de la pièce de vie ou de la salle de jeux. L’enfant, surtout le tout-petit, si vous êtes là, aura du mal à comprendre que vous n’êtes pas disponible pour lui. S’il vous voit, il fera donc tout pour attirer votre attention : appels, pleurs, cris… Donc délimitez les espaces et, si le co-parent travaille aussi à la maison, organisez votre temps dans le bureau, chacun à votre tour.
– Définissez un planning pour la semaine (pour les plus grands) et pour la journée (pour les plus petits) et parlez-en au petit déjeuner. Les enfants ont besoin d’anticiper les choses et de garder une routine. Ils ont besoin que leurs journées soient structurées pour pouvoir les anticiper et ainsi mieux les vivre.
– Attention aux activités que vous allez proposer. Si vous proposez des choses trop compliquées (on oublie les puzzles de 1000 pièces), votre enfant aura besoin de vous. Privilégiez donc les jeux qui font appel à l’imaginaire (déguisements, spectacles…) qu’il sera content de préparer seul.
– Pour les plus petits, l’observation sera votre alliée. Où en est-il et qu’est-ce qu’il aime faire ? Votre enfant jouera beaucoup plus longtemps avec des boîtes, des bouchons et des pinces à linge qu’avec des jouets complexes. Et n’oubliez pas que l’enfant se construit par la répétition : donc, n’hésitez pas à lui proposer plusieurs jours de suite la même chose.
– Planifier aussi la semaine et les week-end visuellement (calendrier) pour lui expliquer quand vous serez plus disponible pour lui. Quand vous êtes en télétravail, vous n’êtes pas en week-end et votre temps avec lui est donc plus limité.
– Misez sur la routine. La routine, comme à l’école ou chez la nounou, va sécuriser l’enfant. Prévoyez les choses en amont et alternez les moments où il est seul et ceux où il joue avec vous. Par exemple au lever de sieste, prévoyez un temps avec lui de câlins ou de goûter.
– Quand vous êtes avec lui, soyez là à 100%. Pas de téléphone ou de power point à corriger. Plus vous serez avec lui, plus vous remplirez son réservoir d’ocytocine. Il aura plus de facilités ensuite à jouer seul.
– Si la journée a été dense et difficile, prenez le temps d’en parler en famille le soir lors d’un cercle de parole où chacun pourra exprimer ses difficultés ou ses émotions.
Évidemment, cette organisation sera différente selon l’âge de votre enfant, votre charge de travail, l’aide dont vous pouvez disposer… Organisez-vous avec le co-parent et planifiez les choses avec lui de façon claire : « demain, je te demande de prendre le relais à 18h car j’ai un point avec les RH ».
Voici quelques lectures pour aller plus loin :
Vie pro, vie perso. Enfin l’équilibre pour les parents, d’Estelle Dufetel
Quand maman travaille,Quand papa travaille de Anna Terreros-Martin
Vie perso, vie pro : Comment les (ré)concilier, de Brigitte Bélégo
*Maëlys Le Levreur accompagne les jeunes et futurs parents personnellement et lors de conférences ou de permanences parentalité au sein des entreprises. Plus d’infos sur son site My Little Coaching et sur son compte Instagram @mylittlecoaching.
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